Présidentielle 2017 : et si Nicolas Sarkozy devenait le Premier ministre de François Hollande ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Nicolas Sarkozy et François Hollande.
©Reuters

Duo de choc

Dix-sept. Nous sommes à dix-sept mois de l’élection présidentielle de 2017 et le scrutin est déjà dans toutes les têtes. Fortement distancé dans les sondages, l’actuel locataire de l’Élysée semble d’ores et déjà disqualifié pour le second tour au profit d’un duel quasi joué d’avance opposant Les Républicains au Front national. Et si pourtant la droite ne gagnait que les législatives, tandis que François Hollande remportait quant à lui la présidentielle ? Une nouvelle cohabitation en perspective qui n’a rien d’un scénario improbable. Explications.

Anthony Escurat

Anthony Escurat

Anthony Escurat est directeur des études de Nouveau Cap (think tank du MEDEF). Il est l'auteur de « Fiscalité locale des entreprises : un échec français » pour Nouveau Cap (mars 2019, 156 pages) et de « Le lobbying : outil démocratique » pour la Fondation pour l’innovation politique (février 2016, 48 pages).

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Les élections présidentielles se suivent et ne se ressemblent pas. Par-delà cette lapalissade, il convient toutefois de tirer quelques enseignements du passé. En regardant dans le rétroviseur de la Vème République, la défaite de François Hollande en 2017 – déjà proclamée, voire célébrée, dans les chorus politique et médiatique, à gauche comme à droite – perd en substance et en crédibilité. Plus encore, dans une élection où le Front national et l’abstention risquent de constituer les deux principales variables d’ajustement, le spectre du 21 avril 2002 ressurgit avec acuité au profit, cette fois-ci, du Parti socialiste.

Nicolas Sarkozy : le meilleur candidat de la droite en 2007, le pire en 2017 

Avec plus de 53% des suffrages exprimés au second tour, Nicolas Sarkozy est en 2007 l’un des candidats les mieux "élus" de la droite sous la Vème République. Un succès dont l’actuel président des Républicains et la droite en général semblent aujourd’hui avoir oublié la recette et les principaux ingrédients. Car si Nicolas Sarkozy n’était pas le candidat sortant en 2007, le ministre de l’Intérieur de l’époque appartenait pourtant à la majorité en place. Martelant à l’envi ses désirs de "rupture", le président de l’UMP est parvenu alors – de manière habile – à se créer une image décalée, tirant à boulets rouges sur le "chiraquisme" sans pour autant renier sa famille politique, apparaissant comme un homme d’expérience tout en incarnant la nouveauté, et ce au grand dam de Ségolène Royal qui tenta – en vain – de s’en arroger les attributs. 

Pour ce faire, le président de l’UMP a, de façon inédite, opéré une synthèse savamment orchestrée entre la droite classique dont il était le candidat et les deux camps qui la bordaient. En convoquant dans ses discours Jaurès et Blum – deux figures tutélaires de la gauche – tout en proposant, parfois dans la même allocution, de créer un ministère de l’Immigration, de restaurer l’autorité de l’État et d’engager un débat sur l’identité nationale, le futur président de la République est parvenu à agréger autour d’un même bulletin de vote une partie des électeurs du Front national ainsi que des populations jusqu’alors traditionnellement dévolues à la gauche. C’est ainsi qu’à la surprise générale Nicolas Sarkozy a devancé Ségolène Royal à la fois chez les ouvriers (+1 point) et les employés (+8 points). En parallèle, se targuant d’aller "chercher un à un" les électeurs du FN, le candidat de la droite a réussi le pari osé de "siphonner" – selon l’expression consacrée – l’électorat frontiste. En effet, selon le Cevipof, 26% des électeurs ayant voté Jean-Marie Le Pen en 2002 se sont ralliés dès le premier tour au candidat de la droite ; expliquant en creux la forte contraction du score du président du FN passé de 11,7% des voix en 2002 à seulement 8,6% en 2007. Autrement dit, c’est en rassemblant son camp puis en "mordant" sur les deux côtés qui l’entoure que Nicolas Sarkozy a été élu de manière éclatante en 2007.

Deux quinquennats plus tard, la donne a changé et le divorce entre les Français et l’ancien chef de l’État est largement consommé. Bien qu’auréolé du titre envié de "personnalité politique préférée des Français", Alain Juppé ne dispose pas en "interne" du soutien dont jouit Nicolas Sarkozy et, malgré des sondages les plaçant généralement au coude à coude, tout porte à croire que le président des Républicains est aujourd’hui le mieux placé pour remporter les primaires de novembre prochain. Une funeste erreur pour la droite car s’il bénéfice toujours d’un fort plébiscite auprès de sa base, le désamour est profond avec l’ensemble des Français. En témoignent les enquêtes d’opinion successives qui révèlent qu’en moyenne seul un quart des sondés porte un regard positif sur l’actuel chef de l’opposition, soit deux fois moins que le score enregistré par le maire de Bordeaux.

De surcroît, les premières déclarations du nouveau président des Républicains à l’orée de son élection ont donné le ton de la candidature Sarkozy pour 2017 : clairement positionnée à droite, à la remorque du FN et dans le droit fil de la campagne de 2012, faisant ainsi abstraction de la recette payante de 2007, à savoir conquérir la France à la fois par sa droite et par sa gauche. Dès lors, n’en déplaise à ses thuriféraires, honni par une grande partie des Français, mis face au bilan de son quinquennat et sous le couperet d’une éventuelle candidature centriste, l’ancien chef de l’État – s’il est investi par Les Républicains – pourrait bien être l’artisan malgré lui de la défaite de la droite au premier tour de l’élection présidentielle.

François Hollande : le succès d’un échec

S’il y avait un doute, il est levé depuis janvier 2015. Malgré un quinquennat jugé même à gauche des plus décevants, François Hollande sera bien candidat à sa succession et le chef de l’État – multipliant visites de terrain, interviews fleuves, confessions et mea culpa, etc. – est aujourd’hui clairement en campagne. Et, pour ce faire, force est de constater qu’il bénéficie depuis plusieurs mois d’un alignement des planètes inattendu. Tandis que la bataille engagée par les "frondeurs" – orphelins de Martine Aubry, leur "leader from behind" finalement rallié à la motion du gouvernement – s’est soldée par la victoire par KO du duo exécutif lors du dernier congrès socialiste, les Verts ont littéralement implosé à l’été sur l’autel des querelles intestines. Bien que Cécile Duflot ait confié en septembre à Libération se préparer à la prochaine échéance présidentielle, son isolement suite à la défection des principaux poids lourds écologistes ne lui laisse que peu d’espoirs de dépasser la barre des 5%. En parallèle, également brouillés, il y a fort à parier que Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ne parviendront pas à refaire cause commune en 2017. Les chiffons rouges et verts ne devraient donc pas s’agiter bien fort sous les lambris de la rue de Solferino et du Palais de l’Élysée.

Dans ce maelström et face à cette "gauche plurielle" mue aujourd’hui en "gauche plus rien", François Hollande voit s’éloigner le spectre des primaires – ainsi qu’une éventuelle candidature de Manuel Valls – que d’aucuns dans son camp réclamaient à hue et à dia. Mieux encore, alors qu’il avait dès 2013 lié sa candidature à la baisse du chômage, le président de la République a certainement dû accueillir avec délectation les chiffres du mois de septembre (-23 800 demandeurs d’emploi) ainsi que l’accalmie anticipée par l’UNEDIC pour 2016. Une conjugaison de signaux positifs inespérée qui – sans trouver encore de véritable traduction dans l’opinion – accrédite l’idée d’une possible victoire du président sortant en 2017.

Une victoire favorisée par la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Catalysée par la frénésie sondagière (31% des Français se déclarant prêts à voter pour la candidate frontiste lors d’un récent sondage IFOP), confirmée par ses succès électoraux, la présence au second tour du FN apparaît aujourd’hui comme une évidence. Dans cette configuration et face à l’étiolement de la gauche de la gauche, à l’atonie du centre ainsi qu’à la détestation que suscite Nicolas Sarkozy dans l’opinion, François Hollande dispose d’un boulevard pour prolonger son bail à l’Élysée.

En revanche, à la lumière des dernières élections européennes, municipales et départementales, et compte tenu du fait que le chef de l’État ne devrait pas modifier le mode de scrutin d’ici 2017 (pour réintroduire une dose de proportionnelle comme avait pu le faire François Mitterrand en 1986), les prochaines élections législatives s’annoncent périlleuses pour le Parti socialiste, même en cas de victoire à la présidentielle. À cette aune, ouvrant la voie à une nette victoire de la droite, elles pourraient déboucher sur une nouvelle cohabitation. Or, comme le veut la tradition inaugurée il y a bientôt trente ans, le président de la République a coutume de nommer à Matignon le chef de l’opposition. Pas certain que Nicolas Sarkozy accepte alors la proposition de François Hollande…

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