Christophe Caresche : "Il est désolant de voir une gauche suicidaire qui passe son temps à faire le procès de la politique d'un gouvernement socialiste'<!-- --> | Atlantico.fr
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Christophe Caresche aux côtés du président du parti socialiste.
Christophe Caresche aux côtés du président du parti socialiste.
©Reuters

Contre-productif

Président le plus impopulaire de la Vème République, François Hollande ne lésine pas sur la communication, au point d'agacer au PS. Mais plus que tout, ce qui ennuie Christophe Caresche (député PS de Paris), c'est l'incapacité de la gauche à s'unir et son obsession à s'en prendre à la politique d'un gouvernement de gauche.

Christophe Caresche

Christophe Caresche

Christophe Caresche est député de Paris du 18e arrondissement, membre du Parti socialiste.

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Atlantico : Vous avez vivement critiqué, dans Le Figaro du lundi 2 novembre 2015, l’hyper communication de François Hollande. Vous l’accusez de mettre en scène son impopularité. Cela vous parait-il dangereux à quelques semaines des régionales ?

Christophe Caresche : Non ça n’est pas le problème. Je considère que cet activisme communicationnel a des aspects contre productifs. Je pense qu’il faut d’abord redonner de la consistance politique, une orientation politique, avant de faire de la com. Je suis de ceux qui pensent que c’est par la politique que l’on pourra retrouver une audience et restaurer la confiance. Je pense que c’est aussi l’avis du Président de la République. Il s’est souvent exprimé sur ces questions, prenant une certaine distance sur ces stratégies de communication. Je crois que le Président de la République essaie, à travers cette stratégie, de retrouver un certain lien avec les Français, qu’il essaie de retrouver une forme de proximité qu’il avait durant la campagne de 2012. Ses intentions sont louables mais il faut que cette stratégie soit plus consistante sur le plan politique.

Vous dites qu’il faut redonner de la consistance politique, cette stratégie de communication masque-t-elle un certain vide politique ?

Le Président de la République a une grande constance et une grande cohérence sur le plan de l’orientation politique notamment avec le pacte de responsabilité, il n’a jamais vraiment dévié de son orientation, même lorsqu’un certain nombre de ses amis le lui demandaient donc  je lui reconnais une cohérence, une persévérance, et je pense comme lui que c’est ce qui fera la différence. Mais c’est vrai que l’on est à la recherche de résultats car cette stratégie, pour qu’elle soit crédible, a besoin de résultats et c’est ce qui nous manque aujourd’hui. Que faire, je ne sais pas mais je pense qu’une trop grande dispersion ne répond pas au problème même si je comprends la volonté de répondre à un certain nombre d’angoisses et de peurs.

Selon vous, la seconde phase du quinquennat, le temps de la redistribution, théorisée par François Hollande, n’est pas arrivée ?

Cette théorie était plausible mais si la France est sur la bonne voie, elle sort de la crise par à-coup, ça reste peu perceptible et l’on est toujours dans la phase de redressement. Je ne pense donc pas que ce soit par un coup de barre à gauche, en distribuant de l’argent que l’on n’a pas, en satisfaisant un certain nombre de revendications catégorielles, qu’on sortira de la difficulté. Je crois qu’à partir du moment où les résultats s’affirmeront un peu plus, le regard des Français changera. Mais c’est un pari. C’est le pari qu’a pu faire Schroeder en Allemagne et il a perdu les élections. On peut faire ce pari et perdre les élections, il faut l’assumer.

Les élections de 2017 semblent assez compliquées pour François Hollande, qu'en pense votre camp ?

La situation politique en France est de toute façon compliquée. Elle est compliquée puisqu'il y a un climat politique assez délétère avec une forte mise en cause des responsables politiques et une perte de confiance des Français dans la Politique. Les partis politiques comme le Parti Socialiste devraient être poussés en conséquence à s'unir. Or, c'est le contraire qui arrive en ce moment avec une gauche qui se divise et une majorité souvent éclatée avec des tendances d'opposition. Ce contexte est donc très inquiétant. Après les élections régionales, s'il doit y avoir un rassemblement de la gauche et même au-delà. Je pense notamment à tous les démocrates et les républicains en France. Une partie de la gauche, quant à elle, parie sur l'échec du Parti Socialiste il faut être clair là-dessus. François Hollande a peut-être sa part de responsabilité mais elle pèse sur tous les hommes politiques de façon générale. 2017 n'est pas encore joué et les responsables qu'ils soient de gauche ou de droite auront une responsabilité. Pour l'instant il semble plus probable que nous nous dirigions vers une défaite. Il est désolant de voir une gauche suicidaire qui passe son temps à faire le procès de la politique d'un gouvernement de gauche. Même si elle est difficile je ne pense pas qu'il y ait d'autre alternative.

Vous annoncez un colloque sur l'Europe pour le 17 novembre. Sur ces questions-là le PS doit encore panser les plaies du référendum de 2005 sur la Constitution pour l'Union européenne. Ne seriez-vous pas plus proche d'un François Bayrou ou d'un Alain Juppé sur ces thémathiques ? Est-ce que l'on ne se redirige pas vers une recomposition du paysage politique français sur ces sujets ?

C'est une véritable difficulté pour la gauche et pour la droite lorsqu'ils gouvernent. Il y a toujours des difficultés à trouver une majorité. La droite était prise en otage par ces "ultras" de la même façon que la gauche dite modérée – terme absolument pas péjoratif – prise en otage par ses propres radicaux. Longtemps la culture de la différence entre la droite et la gauche était prioritaire mais aujourd'hui c'est l'une des causes de l'impuissance de la droite ou la gauche au pouvoir. Il devient très difficile de mener une politique de réforme. Les pays qui ont réussi à faire des réformes dans le Nord de l'Europe ont obtenu un consensus dans la durée : arrivée au pouvoir, ni la droite, ni la gauche n'ont remis en cause ce qu'ont fait leur prédécesseur dans un grand nombre de domaines. Le consensus pouvait également être simultané avec l'exemple de l'Allemagne avec la grande coalition qui a permis d'avoir un accord de la gauche et de la droite. Cette manière de faire donne évidemment des résultats et permet d'avancer. Les institutions françaises ne sont pas très favorables à ce type d'accord même si l'on peut évidemment en discuter. Je ne crois pas à des modifications profondes de celles-ci. Les responsables politiques devront trouver des réponses dans le cadre des institutions actuelles. En ce qui concerne François Hollande, s'il était candidat, il ne l'a pas annoncé mais c'est très probable, il devra répondre à cette question compte tenu de la politique qu'il a mené. De toute évidence la majorité actuelle n'a pas toujours été capable de suivre son orientation. Hubert Védrine par exemple disait qu'il fallait des coalitions pour la réforme, elles sont effectivement nécessaires pour pouvoir avancer.

Au sein des réformateurs en discutez-vous actuellement avec d'autres responsables de partis ?

Du côté de la droite la primaire absorbe toute l'énergie des candidats. Et puis aujourd'hui il serait mal vu à droite de se présenter comme quelqu'un qui pourrait avoir la volonté de travailler avec certains socialistes. Après les primaires de la droite les choses changeront peut être.

Tout dépendra du vainqueur ?

Effectivement je pense qu'à droite comme à gauche il y a la même tentation de la radicalité. A droite elle vient évidemment de la pression très forte venant du FN. La gauche radicale quant à elle refuse carrément le pouvoir. Ces extrêmes des deux côtés rendent difficile de trouver des accords au centre. Ils restent souhaitables d'autant plus que cela n'a pas toujours été ma position. C'est mon expérience qui me fait dire ça.

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