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François de Rugy : “nous pensons que nous ne pouvons pas faire de l’écologie tout seuls dans notre coin lorsqu'on ne fait que 10% des voix aux élections”
©DR

Union des Démocrates et des Ecologistes

Deux mois après la scission d'Europe Ecologie Les Vert, le parti écologiste rassemblant Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy et Jean-Vincent Placé se concrétise. L'Union des démocrates et des écologistes (UDE) tient son congrès fondateur samedi 17 octobre à la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette à Paris.

François de Rugy

François de Rugy

François de Rugy est député de Loire-Atlantique, président du Parti Ecologiste et vice-président de l'Assemblée nationale.

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Depuis que vous avez quitté les écologistes, la critique de vouloir à travers, cette structure, faire parti d’un gouvernement peut facilement vous être faîte... Que souhaitez-vous répondre à cette attaque ?

François de Rugy : Que voulez-vous que je réponde ? C’est amusant, nous ne disons pas aux socialistes « vous êtes au Parti socialiste parce vous voulez gouverner », nous ne disons pas non plus « vous êtes chez les Républicains parce que vous voulez gouverner », il en est autant pour l’UDI, qui est un allié des Républicains « vous êtes à l’UDI parce que vous voulez gouverner ». Il n’y a qu’aux écologistes que l’on pose cette question. C’est assez incroyable ! Je sais cependant pourquoi. Il y a des écologistes, malheureusement, qui considèrent qu’ils n’ont pas vocation à gouverner, ou en tout cas qui mettent tellement de conditions pour que cela soit envisageable que finalement cela ne se fait jamais, ou bien, cela ne dure que 22 mois. Et encore, ils trouvent que 22 mois est une période trop longue et qu’ils auraient dû y mettre fin plus tôt.

Nous avons une position de fond. Il y a 24 ans, je me suis engagé en politique pour l’écologie et j’ai choisi une écologie qui agit et qui veut assumer des responsabilités. A l’époque il s’agissait de génération écologie face aux Verts. Ensuite j’ai rejoint les Verts en 1997 lorsqu’ils ont fait le choix de l’alliance qui permettait des responsabilités. Ensuite, nous avons fait Europe Ecologie les Verts pour participer à l’alternance en 2012. J’ai été élu et réélu dans ce cadre-là à l’Assemblé Nationale. Je continue donc sur cette ligne. Maintenant, vous le savez comme moi, ce n’est pas nous qui composons le gouvernement, c’est marqué dans la Constitution, et cela se passe ainsi depuis 1958 : le président de la République nomme le gouvernement. Si vous voulez savoir s’il y aura des écologistes au gouvernement en 2017, il faut poser la question au président de la République.

De toute façon, quoi que nous fassions en politique, et chez les écologistes en particulier, on vous soupçonne toujours de le faire par opportunisme et carriérisme. J’aurais beau vous démontrer par  A+B que ce n’est pas le cas, que vous continuerez à le dire et à le penser. Je demande simplement aux Français de me juger sur mes actes réalisés depuis ces 24 dernières années où je suis engagé, depuis 14 ans que je suis élu, et depuis 8 ans que je suis élu à l’Assemblé Nationale. Ensuite, ils me jugeront sur le futur. Cela tombe bien, il y aura des élections législatives en 2017, je me représenterai, et je me soumettrai aux jugements des électeurs. C’est la seule chose qui compte pour moi en démocratie.

Ce que je constate en revanche, c’est que les électeurs écologistes, lorsqu’on les interroge disent à 90% qu’il faut que des écologistes soient au gouvernement. Je préfère des responsables écologistes qui ressemblent aux électeurs écologistes et à ce qu’ils veulent. Après pour les critiques, il suffit de s’abonner à twitter, il y a 80% des tweets qui disent cela et ça ne m’intéresse pas beaucoup. Cela ne m’empêche pas d’avancer. Je citerai cette formule populaire « se taire et laisser braire ».

Justement, quelle vision écologiste différente souhaitez-vous apporter ?

Nous sommes pour l’écologie pragmatique et responsable. Nous sommes pour l’écologie qui agit. Vous savez ce que nous constatons, par exemple à EEVL, c’est qu’il y a toujours une tendance – malheureusement, aujourd’hui elle est très majoritaire à EEVL et c’est pour cela que j’ai quitté le parti – qui d’une part est dans des positions de plus en plus radicales, contestataires, protestataires,  ou qui sont en opposition à des projets, alors qu’ils seraient sensés faire un projet. S’opposer ne fait pas un projet ! En revanche, il faut proposer, et lorsqu’on fait des propositions, il faut qu’il soit possible de les mettre en œuvre, lorsque nous sommes dans un poste à responsabilité, même quand nous n’y sommes pas. Cela a toujours été ma ligne, même lorsque j’étais député d’opposition. 

Sur le point de vue stratégique, nous pensons que nous ne pouvons pas faire de l’écologie tout seul dans son coin lorsque nous faisons 10% des voix aux élections – surtout que je ne suis pas certain aujourd’hui que les écologistes fassent 10% des voix aux élections – sinon, c’est de ne pas être démocrate. Nous sommes à la fois écologique, et à la fois démocrate et nous voulons faire des compromis avec d’autres pour avancer et pour que cela soit majoritaire.

A ce jour, que proposez-vous ?

Nos principaux axes programmatiques sont les suivants :

1 – La priorité écologiste. Nous ne voulons pas d’un mouvement écologiste qui finit par parler de tout sauf d’écologie. Par exemple, monsieur Bayou, porte-parole d’EELV faisait un référendum pour savoir si le gouvernement adoptait une politique assez à gauche. Je pensais qu’il ferait un référendum pour savoir s’il faisait une politique assez écologiste ! Mais non ! Notre raison d’être est de remettre l’écologie sur le dessus de la piste.

2- Une écologie pragmatique, responsable, qui agit. Nous voulons une écologie qui marche main dans la main avec l’économie. Jusqu’à présent, écologie et économie ont été trop longtemps opposés.

3- Nous sommes des pro-européens. Nous assumons pleinement, même si en France ce n’est pas toujours à la mode. Nous pensons que nous ne pouvons pas faire de l’écologie sans l’Europe.

4- Nous sommes des démocrates. Nous voulons faire de l’écologie avec les Français, et pas en leurs faisant la leçon, en leur disant ce qui est bien ou pas.

Qu’attendez-vous du congrès qui se tiendra aujourd’hui? Que représente-t-il ?

Il s’agit d’une étape. Nous avons engagé un processus de clarification en quittant EELV, en disant tout haut ce qui n’allait pas. Avant nous les disions en interne et ce n’était pas entendu. Aujourd'hui nous avons donc décidé de le dire publiquement : d’être à la fois clair et cohérent. Ensuite, nous avons engagé un processus de refondation de l’écologie politique en France. Maintenant, nous posons pierre après pierre. La première, était de quitter EEVL. Nous avons fait une première rencontre le 3 octobre, aujourd’hui il s’agit d’une deuxième rencontre d’élargissement. L’écologie peut servir de pont vis à vis du centre gauche et plus largement du centre. Nous pensons que des électeurs se sont un jour reconnus dans la démarche de François Bayrou en 2007, dans la démarche de Dany Cohn Bendit en 2009 et qui, aujourd’hui, sont orphelins et ne trouvent plus de forces politiques qui répondent à leurs attentes

Nous pensons qu’au sein de la majorité en 2012, parmi les 51,5% de Français qui ont voté pour François Hollande il n’y avait pas que des écologistes de gauche, mais aussi des centristes. Nous désirons que ces personnes puissent être entendues au sein de la majorité.

Comment préparez-vous les élections régionales ?

Nous avons déjà commencé un travail région par région.  Nous sommes démocrates, il est évident que nous allons participer aux élections. Elles sont des RDV incontournables. Nous sommes en discussion. Dans certaines régions nous avons d’ores et déjà réussi à trouver des accords de rassemblement. Nous voyons que l’extrême droite fait la course en tête dans beaucoup de régions, elle n’a jamais été aussi forte dans notre pays - plus de 25% des voix aux dernières élections- la droite et l’UDI font des listes ensemble, et nous avons face à cela une gauche qui se divise. Nous ne voulons pas ajouter de la division à la division, au contraire, nous voulons rassembler. Nous avons déjà réussi à faire un accord dans la région Pays de la Loire, Alsace Champagne Ardenne Lorraine, Provence Alpes Côtes d’Azur. Nous sommes en pleines négociations avancées en Auvergne, en Ile de France et Nord pas de Calais Picardie.

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