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La scarification de Nicolas Sarkozy
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Tatouage politique

Au fil de son mandat, Nicolas Sarkozy semble avoir réussi à s'immiscer dans l'esprit des Français, en modifiant son discours et ses actes.

 MRY

MRY

MRY est blogueur sur "Choses Vues".

Il est consultant en communication et expert en stratégie digitale.

 

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La scarification est une incision peu profonde de l'épiderme. Cela reste, comme un tatouage. Quatre ans et demi. Cela fait quatre ans et demi que Nicolas Sarkozy est notre président de la République. Il a été élu par une majorité de Français. Il s'est passé beaucoup de choses en quatre ans et demi. Beaucoup de chemin a été parcouru, de grands événements ont changé nos approches de la vie. Par exemple, la crise mondiale qui pose question sur le capitalisme financier, ou encore Fukushima qui a laissé son empreinte dans notre réflexion sur le nucléaire. De même, la guerre contre la Libye a démontré que le monde pouvait virer les dictateurs quand il y avait une volonté commune. Enfin, comme pour Ben Laden, le temps est du côté des gentils, les méchants sont toujours capturés et éliminés. Tout cela change nos vies à plus ou moins grande échelle.

Ce qui est intéressant est que Nicolas Sarkozy a réussi à être présent dans tous ces moments d'importance. Et plus que là, puisque ses adversaires reconnaissent que sans son énergie cela n'aurait certainement pas eu lieu rapidement, que sans son énergie la France n'aurait pas été au cœur des discussions. Un peu - toute proportion gardée - ce que de Gaulle fit pour faire reconnaître la France comme pays vainqueur de la seconde guerre mondiale.

Sarkozy a incisé ce qu'il faut pour entrer dans la peau des français alors que ce n'était pas gagné. Souvenez-vous de ses premiers mois de présidence où nous étions en plein bling-bling. C'était un rejet féroce parce qu'il incarnait un espoir, une modernité, une nouvelle façon d'être président que personne ne voyait arriver. La phase suivante a été l'hyper président annihilant les corps intermédiaires comme le Premier ministre. Et la dernière phase, la phase actuelle, il s'occupe de ce qui était de son niveau, président. S'occuper de la défense de la France dans l'économie mondiale, redorer l'honneur de la France en s'attaquant à celui qui l'avait humilié quelques années plutôt (Libye) et poser des voies pour l'avenir, ont été les actions de Nicolas Sarkozy dans ces derniers dix-huit mois. Tout cela marque et laisse des empreintes.

Comment se manifeste cette scarification ?

Par exemple : la gestion de sa nouvelle paternité. Le congé de maternité de Rachida Dati a choqué les français. Trop rapide, trop indécent, un premier enfant, trop de com'. Elle a médiatisé et joué le mystère. En voulant - sans doute - se préserver, elle a attisé les questions, son côté animal médiatique qu'elle s'est construit s'est retourné contre elle.

Nicolas Sarkozy a géré la grossesse de sa femme comme un acte naturel et simple qui concerne l'intimité d'une famille, certes présidentielle. En agissant ainsi, avec toute la discrétion possible, il a montré autre chose que le côté bling-bling ou l'hyper activité. Cette séquence de vie a eu l'effet de démontrer par les actes que Nicolas Sarkozy avait du bon sens. Le bon sens est un marqueur que les récepteurs de l'information - en l'espèce les français - accueillent avec simplicité. De même dans son attaque en règle contre le capitalisme financier, de même pour sa défense de l'Europe, de même pour sa posture internationale (Libye, conflit israëlo-palestinien, ...).  Tout cela marque les gens.

La scarification de Nicolas Sarkozy dans l'opinion commence à porter ses fruits car il y a six mois dans les enquêtes d'opinion, il ne se qualifiait même pas pour le second tour de l'élection présidentielle. Aujourd'hui, il est le seul à progresser.

La scarification est un phénomène indélébile. La marque est portée. La question est de savoir comment va-t-on l'interpréter : une cicatrice honteuse que l'on cache avec soin sous une manche ou une marque de fierté qu'on exhibe à nouveau quand le printemps revient ? Le vote des Français nous renseignera bientôt sur la nature de cette scarification.

Pour qu'on ne cache pas cette scarification, Nicolas Sarkozy doit démontrer qu'il a changé. En janvier 2007, lors du discours de la porte de Versailles, il disait qu'il avait changé. Il ne peut donc plus le répéter, il doit le prouver. La scarification de son action dans la pensée des Français existe. Alors qu'il avait réussi à décomplexer les gens de droite de dire qu'ils étaient de droite en 2007, il doit trouver le ton, la proximité pour faire dire à une majorité de Français qu'elle le soutient. Cela passera - indubitablement - par la dimension humaine et de proximité qu'il donnera au travail de scarification de ces deux dernières années de présidence.

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