Les Français de l’étranger ont peur de rentrer en France<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les Français de l’étranger ont peur de rentrer en France
©

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Plus de la moitié des Français expatriés ne cherchera pas à rentrer en France, selon un sondage. L'Hexagone ne leur manque pas et, plus grave, un retour en métropole inquièterait ces derniers plus qu’autre chose. Il faut dire que l'Etat ne fait rien pour les encourager à revenir.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

Le sondage réalisé par Ipsos pour le compte de la Banque Transatlantique est plutôt positif. Il montre que les Français expatriés sont porteurs d’un dynamisme fort et qu’ils assument très bien leur éloignement. Ce qui est plus gênant dans ce sondage, c’est qu'il dessine une image de l’hexagone peu valorisante dans la mesure où la majorité des Français de l’étranger ne comptent pas revenir en France en raison des difficultés de réintégration qu'ils imaginent trouver.

Le paradoxe est total : la France regrette que les Français quittent le pays. Mais cette France-là, ne fait aucun effort pour examiner les raisons pour lesquelles les Français s’en vont et éventuellement pour corriger ces facteurs afin de freiner le flux de départ et encourager les retours.

Actuellement, il y aurait 2,5 millions de Français expatriés et déclarés comme résidents étrangers dans les différentes ambassades. Ces 2,5 millions de Français sont ceux qui sont inscrits sur les listes électorales. Ces Français sont à 75% des actifs de 30 à 60 ans qui travaillent dans des entreprises françaises, des institutions ou plus souvent dans des entreprises étrangères. 15% sont en Amérique du Nord, 16% en Afrique, 6% sont en Asie  et près de 50% en Europe.

Ajoutons à ces actifs 3% d'étudiants et 15% de retraités plutôt modestes, principalement dans les pays de soleil comme Maroc, la Tunisie, le Portugal... Le solde, 9% environ sont de purs exilés fiscaux principalement en Suisse et en Belgique. D'autant qu'à ce contingent de 2,5 millions, il faudrait ajouter ceux qui ne se sont pas déclarés et que l'on estime à 500.000 environs. Dont 100.000 jeunes à Londres qui travaillent dans des petits boulots.

Ce nombre d’expatriés, toutes catégories confondues, a augmenté de 30 % depuis dix ans et s’accroit désormais de 3% par an. Il y a donc entre 20 et 25.000 Français qui partent à l’étranger depuis 4 ans et ce rythme a tendance à s’accroitre.

Ce qui est très intéressant à analyser, ce sont d’abord les raisons du départ. 75% des expatriés partent pour des raisons économiques. Ils vont chercher de meilleures conditions de vie ou de travail, une aventure que leur pays ne leur permet pas de vivre. Pour 55% d’entre eux, la France ne leur manque pas. On peut  considérer que la moitié des expatriés sont installés dans le pays d’accueil, ils y ont leur famille et ne reviendront pas, même s’ils déclarent vouloir rester Français et continuer de se tenir au courant de l’actualité.

Les nouvelles qu'ils reçoivent sont, pour eux, décourageantes car en décalage total par rapport à ce qu’ils sont venus chercher à l’étranger. Ils ont du travail et pensent qu'ils n’en auraient pas en France. Ils ont monté une entreprise après avoir essayé en France, ils ont désormais un pouvoir d’achat et un style de vie qu‘ils estiment plus intéressant.

L’image qu’ils se font de la France est celle d'un pays endormi dans ses habitudes, ses petits privilèges et encombré par des faux débats de société ou des idéologies dépassées qui les éloignent de la réalité du monde tel qu'il est.

La majorité assume donc totalement l’expatriation et s’inquiéterait de rentrer avant que ce pays soit sorti de  cette sorte d’enfermement dans des structures d’organisations traditionnelles et conservatrices.

Ce qui est intéressant aussi, c’est le contrechamp de cette situation. L’opinion communément partagée dans l’hexagone revient à fustiger les expatriés en les considérant comme des exilés fiscaux. En réalité, la part des exilés fiscaux est très faible. La majorité des expatriés sont plutôt des actifs CSP+. Des titulaires de Bac+3 à Bac +5.

Tant que les responsables politiques n’auront pas compris les vraies raisons de ces départs, et surtout de leur non-retour, le pays laissera fuir de la valeur ajoutée, faute de savoir l’utiliser. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !