Intro, extra ou ambiverti… : faites le test pour découvrir si vous ne faites pas partie du 3e type de personnalité récemment identifié par la science

Si vos collègues pensent que vous êtes calme, alors que vos amis vous trouvent fêtard, vous faites sûrement partie des personnes ambiverties. Selon les scientifiques, les ambivertis seraient beaucoup plus nombreux que ce que nous croyons. Si ce terme est peu connu, il concerne pourtant deux tiers des personnes. L'autre tiers de la population se partagerait entre extravertis et introvertis.

Des recherches menées par le psychologue Adam Grant, dont les résultats ont été publiés en 2013 dans le journal Psychological Science, ont permis d'observer les traits de personnalité et les résultats commerciaux de 340 salariés d’un centre d’appel. Selon les analyses de Grant et de son équipe, les ambivertis auraient les meilleures performances. Et, surprise, il semblerait que les extravertis et introvertis affichent des performances similaires. Ceci peut paraître étonnant, car du fait de leur aisance pour les relations sociales, nous pourrions penser que les extravertis sont de meilleurs vendeurs. Cette recherche suggère que l’ambiversion peut être un atout sérieux dans la vie quotidienne : les ambivertis pourraient facilement s’adapter à leur interlocuteur, ce qui est un avantage pour les métiers commerciaux, pour les relations sociales, et même pour les relations amoureuses.

Le site du quotidien britannique The Daily Mail, qui relaye les résultats de cette étude, proposé également aux internautes de répondre à un questionnaire rapide qui leur permettra de savoir s'ils sont ambivertis. 

Selon Pascal Neveu, interrogé par Atlantico, "La catégorie d’ambiverti  est née face à l’opposition aux deux seules catégories classiques d’introverti et extraverti. Il restait donc un « vide comportemental » à combler, ce qu’on fait certains chercheurs et auteurs de livres. Face à ces deux extrêmes, finalement une majorité de personnes s’y retrouvent." Et le psychologue de s'expliquer : " Or nous ne sommes pas des individus à cataloguer dans des cases aussi fixistes. Face à différentes situations nous pouvons tantôt être introvertis ou extravertis. Tout dépend de notre socle environnemental, de notre éducation. Un enfant qui s’est développé au sein d’une famille très sociale avec des valeurs morales strictes pourra parfaitement vivre une vie mondaine, avec de nombreuses relations et  beaucoup d’amis, mais se refuser à être commercial. Tout comme un super vendeur, empochant toutes les primes, ne sera en fait qu’un célibataire sans vie sociale ou affective."

Si les ambivertis semblent avoir les qualités des deux types de personnalité, ils ont tout de même des défauts. Ainsi, ils peuvent avoir des difficultés à savoir ce qui leur plaît : la foule ou la solitude, sortir ou rester chez soir, au calme. Ils auraient ainsi du mal à se décider dans la vie en général sur ce qui leur convient. Les personnes extraverties savent qu’elles vont trouver un épanouissement auprès des autres, en participant à des rencontres, en allant à des soirées… De la même manière, les personnes introverties se rendent compte qu’elles trouvent leur plaisir plutôt dans la solitude, dans l’introspection.

Même si, selon les chercheurs, les ambivertis s'adaptent aux situations et aux personnes qu'ils rencontrent, le revers de ce type de personnalité réside dans le fait que les individus qui en sont dotés ont parfois des difficultés à déterminer avec quelle face de leur caractère ils doivent aborder une situation. Ils peuvent parfois se retrouver coincés entre les deux facettes de leur tempérament et ne pas trouver la bonne motivation, au contraire des extravertis et introvertis qui font un choix sans hésitation. Alors, bipolaires les ambivertis ?

Pascal Neveu apporte ses lumières pour comprendre la différence entre ces divers termes : La bipolarité, terme à la mode, n’est que ce que nous appelons depuis des décennies la maniaco-dépression, et qui repose sur des symptômes bien précis : alternance de phases maniaques et de phases dépressives massives. Il n’y a donc aucun lien entre être ambiverti et cette psychopathologie bien définie." Et de préciser : "L’ambiversion n’est pas une pathologie. Au contraire, j’aurais tendance à dire que c’est une capacité, une faculté d’adaptation acquise. Preuve en est que l’étude repose sur un panel de salariés d’un centre d’appel. Donc non représentatif de la société, mais au contraire des salariés qui appartiennent au même habitus, comme le nommait Bourdieu. Donc des mêmes codes et comportements acquis, avec une finalité de service commune. Dans toute équipe, les leaders découverts portent les mêmes caractéristiques. Acquises ou innées ? Personne ne peut le dire. Prenez l’exemple d’un harem : toutes les femmes étaient calées sur le même cycle menstruel, à la fois par jeu de lumière mais aussi parce qu’il fallait rester « concurrentielle » face aux autres amantes du sultan. Autrement dit, ne sous-estimons pas notre capacité d’adaptation  en fonction du contexte."

D'après l'étude de Grant, les ambivertis sont capables d'utiliser un modèle souple de langage et d'écoute, ce qui leur permet de mettre en œuvre suffisamment d'affirmation de soi et d'enthousiasme pour réaliser une vente et leur donne également l'envie d'écouter les consommateurs tout en étant moins confrontés au risque d'avoir une confiance en soi exagérée. De plus, ils seraient plus stablesémotionnellement. Si les extravertis ne se laissent pas facilement influencer par des facteurs extérieurs, les introvertis sont eux hypersensibles. Ainsi, les ambivertis ont des caractéristiques typiques des deux types de personnalité. La stabilité mentale est leur secret. Ils représentent le juste milieu adéquat entre l’extraversion et l’introversion. Les ambivertis font preuve d’une grande stabilité et peuvent s'intégrer autant dans le milieu calme de l'introverti que dans le monde exubérant de l'extraverti. Ils évitent les défauts de chacun : le manque de sensibilité de l'extraverti et l'hypersensibilité de l'introverti.

En outre, les ambivertis sont intuitifs. Ils savent lorsqu’ils doivent prendre la parole ou se taire, interroger ou répondre, persévérer ou se retenir. Enfin, les ambivertis sont les plus influents. Lors de ses expériences, Grant a constaté que les ambivertis touchent un salaire plus important. Ce revenu est 24% plus élevé que le salaire moyen des extravertis. Les individus à chaque extrémité de l’échelle "introverti-extraverti" ont obtenu les moins bons résultats de ventes. Au milieu de l'échelle, là où se situent les ambivertis, le salaire horaire moyen s'élève à 208 dollars.

Au final, "les études ne montrent pas de différence significative entre hommes et femmes, précise Pascal Neveu. Certaines caractéristiques ressortent qui montrent que les ambivertis sont des personnalités ouvertes au monde mais qui sont surtout en interaction avec ce monde. Ce qui peut expliquer cette propension à mieux communiquer avec l’autre, à plus facilement échanger avec l’autre et donc éventuellement « vendre » un produit, voire se vendre affectivement." Et de conclure : "Cela ne signifie pas qu’il y a mensonge, mais au contraire un intérêt réciproque et sincère dans le lien à l’autre. L’ambiverti a besoin d’amour, tout comme il a soin d’apporter à l’autre ce qu’il souhaite. L’ambiverti m’apparaît comme une personne qui est la plus proche du contact avec lui-même et son monde. C’est un humain qui ne subit pas l’emprisonnement de l’introversion ou de l’extraversion. Il est lui-même et recherche à rester en contact avec ce qu’il est, ce qui peut encore évoluer en lui."