Qui sont les soutiens et les détracteurs de Manuel Valls au sein de la majorité ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls n'a pas que des amis dans la majorité socialiste.
Manuel Valls n'a pas que des amis dans la majorité socialiste.
©Reuters

Bonnes feuilles

Une lutte semblable oppose aujourd’hui François Hollande (« le boa »), qui peine à convaincre l’opinion publique, à un Manuel Valls (« le naja ») bénéficiant d’une popularité acquise au ministère de l’Intérieur. Extrait de "Le boa et le naja", de Patrick Girard, publié aux éditions l'Archipel (2/2).

Patrick  Girard

Patrick Girard

Né en 1950, Patrick Girard, docteur en Histoire, ancien chercheur au CNRS et rédacteur en chef adjoint de Jeune Afrique, a longtemps collaboré à Globe et à Marianne. Il est l’auteur de biographies politiques (Philippe Séguin (Ramsay, 1999), De Gaulle : le mystère de Dakar (Calmann-Lévy, 2010), Chirac, les combats d’une vie (L’Archipel, 2011) et de plusieurs essais, dont Ces Don Juan qui nous gouvernent (Edition 1, 1999), Sexe, Mensonges et politique, La République des coups bas (J.-C. Gawsewitch, 2011 et 2012).

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Bon nombre d’opposants à la ligne Valls se recrutent chez les élus appartenant au courant « Un monde d’avance », dirigé par Benoît Hamon, le nouveau ministre de l’Éducation nationale (Emmanuel Maurel, Pascal Cherki, Jérôme Guedj, Marianne Louis et Marie- Noëlle Lienemann), d’autres sont proches d’Arnaud Montebourg et certains ne sont pas éloignés de la frange la plus radicale du PS, animée par Gérard Filoche, un ancien de la LCR connu pour son action en tant qu’inspecteur du travail et la régularité avec laquelle il écrit des pamphlets rageurs pour dénoncer les dérives droitières de la gauche respectueuse.

À côté de ces tenants, très minoritaires, d’une gauche néandertalienne, les opposants à Manuel Valls se recrutent aussi chez certains proches de Martine Aubry, tel Jean-Marie Germain, époux à la ville d’Anne Hidalgo, ulcérés par le limogeage à leurs yeux injustifié du ministre de la Ville, François Lamy, et chez certains nostalgiques de l’époque mitterrandienne (Christian Paul) ou jospiniste (Pierre-Alain Muet), ce à quoi il faut ajouter l’axe constitué autour de Valérie Rabault, la nouvelle rapporteure générale de la commission des Finances, et de la députée Karine Berger, favorables à la mise en oeuvre de « scenarii alternatif » pour éviter le gel des prestations sociales et du point d’indice de la fonction publique.

Ces dissidents socialistes ne sont pas les seuls à menacer la majorité parlementaire de Manuel Valls. Les écologistes ont refusé de participer à son gouvernement en dépit des concessions qu’il était disposé à leur faire, et les Verts ne cachent pas leur hostilité à son plan de rigueur. Il a su assez habilement se ménager les sympathies des opposants à la ligne dure incarnée par Cécile Duflot, en particulier le sénateur Jean-Vincent Placé ou le président du groupe parlementaire Vert au Palais-Bourbon, François de Rugy.

Matignon est convaincu qu’une cinquantaine de députés pourraient, le 29 avril, lorsque le parlement examinera son plan de rigueur, soit pour la plupart s’abstenir, soit pour une infime minorité voter contre, et qu’une cinquantaine d’autres hésitent encore sur la conduite à tenir. Dans les deux cas, le résultat aurait valeur de désaveu de l’action du gouvernement par les frondeurs. C’est donc en leur direction que Manuel Valls déploie un étonnant activisme, s’appuyant sur Jean-Marie Le Guen et sur Bruno Le Roux, le président du groupe parlementaire PS. Il reçoit rue de Varenne des délégations socialistes, radicales de gauche et écologistes, pour leur expliquer inlassablement qu’il est prêt au dialogue, à condition qu’on ne touche pas aux grands équilibres sur lesquels repose la stratégie de redressement des finances publiques. Ses explications ne convainquent qu’à moitié les élus socialistes qui, le 23 avril, lors d’une réunion extraordinaire de leur groupe, étalent au grand jour leurs doutes et leurs incertitudes après la présentation définitive du programme de stabilité.

Extrait de "Le boa et le naja", de Patrick Girard, publié aux éditions l'Archipel, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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