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Pourquoi l’or n’a pas été le placement du siècle
©Reuters

Il est l'or...

Au plus bas depuis 6 ans, la demande mondiale pour l'or est victime d'une succession de facteurs économiques et monétaires qui viennent influer son cours. Souvent présenté comme une valeur refuge, le cours de l'or dépend d'une multitude de facteurs et surtout de la volonté des différentes banques centrales.

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez, 33 ans, diplômé de l'ESCE (Paris/La Défense) en 2003 a d'abord évolué plusieurs années chez BNPPARIBAS puis la Banque ROBECO en gestion privée avant de rejoindre SAXO BANQUE en 2009 en tant que Sales Trader. Son expérience des marchés financiers et plus particulièrement du marché des devises lui confère rapidement le rôle d’Analyste Marchés. Interlocuteur privilégié des médias français, il délivre quotidiennement des analyses sur les marchés financiers, tendances, risques macro-économiques et participe régulièrement à des conférences dédiées aux investisseurs. En novembre 2013, il rejoint le groupe IG, leader mondial des CFD, côté à Londres au FTSE 250, en tant que Chief Market Analyst.

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Atlantico : Mi-2015, la demande pour l'or a atteint son plus bas en 6 ans, notamment en ce qui concerne la Chine et l'Inde. Cette situation suffit-elle à expliquer la baisse des cours de l'or de ces dernières années ?

Alexandre Baradez : En partie oui, et en partie non. En fait, les leviers qui dirigent les cours de l'or sont des leviers qui sont liés à l'action des banques centrales. Pas en termes d'achat d'or physique. Mais la politique monétaire des banques centrales, comme la banque centrale américaine, va avoir une influence sur les cours de l'or.  Quand vous regardez un graphique de l'évolution de l'or, vous avez une grosse phase d'accélération au début des années 2010. Cela a commencé à nettement s'accélérer à la hausse à partir de 2009, jusqu'à 2011. C'est également la période où la banque centrale américaine a annoncé ses différents plans d'assouplissement monétaire. C'est également une période de gros risques,  c'est un risque qui a traversé les frontières et est arrivé en Europe, déclenchant la crise de la dette, notamment de la dette grecque. Face à ça et face aux risques d'explosion de la zone euro à l'époque, l'actif refuge qui était l'or a été très fortement utilisé. Donc là on avait deux éléments. L'or qui venait jouer son rôle de valeur refuge, et le fait que la mise en place des programmes de solutions monétaires par les banques centrales, dont la FED principalement, pouvait laisser craindre de l'inflationnisme. Or on sait que l'or est un actif qui peut jouer le rôle de couverture contre l'inflation. Donc si une banque centrale fait marcher la planche à billets, elle aura tendance à aller chercher de l'or parce que les actifs concernés se déprécient, cela fait baisser le dollar, donc on cherche des actifs qui sont fortement valorisés. Voilà pour la phase de hausse. Ensuite la phase de baisse, que l'on a constatée plus récemment, avec l'or qui se tasse à court terme, il y a eu une grosse phase de détente entre 2012 et 2014, qui correspondait à la détente économique en zone euro. 2012 cela a été le début des premières interventions marquées de Mario Draghi, avec moins d'appétit pour les actifs risqué. Ce qui est venu générer cette baisse des courbes de l'or. Un autre élément, c'est la question de l'inflation en baisse également. L'inflation et les prix à l'échelle mondiale n'ont pas progressé. S'il y a moins de craintes d'inflation, on achètera moins d'or pour se prémunir contre l'inflation. En 2011, l'organisme d'échange Chicago Market Exchange a augmenté ses marges. Cela génère souvent des restrictions de position pour respecter la marge requise, cela a pu également avoir comme conséquence cette baisse de l'or.  

Durant la crise, de nombreux analystes ont soutenu que les cours de l'or s'envoleraient à des niveaux pouvant aller jusqu'à 6000 dollars (Société générale), notamment en raison du comportement des banques centrales, jugées "laxistes". Comment expliquer un résultat qui semble être l'inverse de ces prévisions ?

Aujourd'hui, la question qui prédomine, c'est la question durelèvement de taux de la part de la FED. Tout le monde se demande si la FED a la capacité face au premier relèvement de taux en septembre, ou si elle va prolonger ça et reporter à plus loin. Cela entretient depuis plusieurs mois une forte appréciation du dollar. Ce facteur pèse vraiment à court terme, et tant que ces problématiques seront en place, sur le premier relèvement et ensuite sur le rythme des relèvements, le dollar risque d'être encore fort pendant plusieurs mois. Cela risque de maintenir les cours de l'or relativement bas. C'est ce qui est complexe avec l'or : il y a plusieurs facteurs. Il y a la demande physique, il y a le dollar, les questions d'inflation, de perception du risque également, et puis les questions de politique de banque centrale dont celle de la FED actuellement. Les gens savent que si la Fed remonte les taux, c'est bon pour les actifs US et donc cela vient renforcer le dollar, en faisant baisser l'or.

Le rôle de "valeur refuge" de l'or est-il aujourd'hui survendu?

C'est une question qui n'est pas évidente… Est-ce qu'il est survendu ? Je dirai que non. Quand on regarde le cours de l'or aujourd'hui, on est à 1117 dollars..0n était en 2000-2001 dans des zones de 250 à 300 dollars l'once. On est monté de 200 à 300 dollars, à plus de  1900 dollars l'once en 2011, et on retombe dans des zones de 1100 dollars. Donc on est quand même très loin des épisodes qu'on a connu en 2000-2001, et on est assez loin des sommets aussi, mais vous voyez qu'on n'est pas retombé complètement. Il y a un statut de valeur refuge qui reste présent, parce qu'il y a une certitude politique. Cela vient empêcher l'or de tomber très bas, cela ne l'empêche pas de reculer régulièrement, mais cela l'empêche de revenir sur des niveaux qu'il avait connu entre 2000 et 2005 par exemple, quand il était largement sous les 500 dollars. La réponse c'est qu'on est un petit peu entre deux zones. On est pas vraiment surévalué, mais pas vraiment sousévalué non plus. C'est une valeur refuge qui prédomine, mais qui est tout de même moins importante que lors de la crise américaine et de la crise des subprimes, quand il y avait un risque majeur systémique qui prédominait. Je pense également qu'à court terme, la question chinoise va venir se poser. Si la Chine continue à dévaluer, cela va baisser la valeur des actifs chinois, donc les investisseurs chinois vont se rabattre sur l'or. Plus la Chine continue sa dévaluation, plus l'or risque de repartir à la hausse. 

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