Les trois raisons pour lesquelles la crise chinoise va pourrir l'été des Occidentaux<!-- --> | Atlantico.fr
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La bourse de Shanghai a chuté de 10% en deux jours.
La bourse de Shanghai a chuté de 10% en deux jours.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Le début de semaine a été un désastre pour l’économie chinoise. La bourse de Shanghai a chuté de 10% en deux jours entrainant à la baisse tous les marchés financiers du monde. Plus grave, les remèdes de Pékin se révèlent inopérants.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette fois, les milieux financiers internationaux prennent la crise chinoise au sérieux. L’effondrement de la bourse de Shanghai est observé à la loupe. A New-York, à Paris comme à Londres, on considère que les difficultés de l’économie chinoise aura des effets contaminant mécaniques et pourraient perturber le mouvement  de reprise mondiale.  

La bourse de Shanghai s’est effondrée parce que les Chinois sont des joueurs incorrigibles, qu’ils se sont beaucoup endettés pour acheter des actions en bourse et que ces bulles successives se sont mises à gonfler puis à éclater. Le résultat de cette spéculation, c’est que l’équilibre du modèle chinois se retrouve fortement perturbé. La croissance est tombé aux alentours de 7%. Pour un européen, 7% c’est considérable. Pour le gouvernement chinois et pour les hommes d’affaires mondiaux c’est très dangereux.

Précisément, ils redoutent trois effets pervers capables de stopper l’évolution de l’économie mondiale.

1ère raison, l’effondrement de la bourse de Shanghai est un marqueur fort de défiance dans la capacité du modèle chinois à assurer l’équilibre de la société. Et surtout, à intégrer la démographie des campagnes. Il faut savoir que 80% des Chinois qui habitent les grandes villes possèdent des actions. Parfois dans des proportions importantes. C’est leur seul bas de laine. Ils n’ont ni retraite, ni immobiliers. Ils ont des actions.  Ils se sont endettés pour les acheter et ils jouent comme des laquais sur un champ de course. Résultats : quand les cours montent, ils ont le sentiment d’être riches, ils font des projets, ils consomment et la machine tourne à plein régime. Quand les cours baissent, ils s'appauvrissent puis se paniquent parce qu'ils ont des dettes à rembourser. L’effet « subprime ».

C’est exactement ce qui se passe depuis six mois. Les autorités chinoises ont tenté de calmer et de refroidir leur économie, ils ont raté leur atterrissage en douceur. Ce qui perturbe beaucoup les investisseurs et les entrepreneurs étrangers. Tout ce qui a été fait depuis n'a pas rétabli la confiance. Il faudrait baisser rapidement les taux d’intérêts et libérer les banques et le crédit bancaire. Mais, « libérer » n’est pas un mot qui se traduit en chinois. En attendant, la croissance pique du nez et si la croissance tombe, les populations ont moins de travail d’où les risques de désordres sociaux.

2e raison de méfiance, le flux d’investissement risque de se tarir. Le recyclage des excédents chinois est un élément clés de l’équilibre occidental. L’occident est très endetté, il a besoin des pétrodollars et des excédents asiatiques. Si l’économie chinoise tourne moins vite, les capitaux seront moins nombreux à s’investir.  

3e raison, le ralentissement brutal de la croissance chinoise va aussi bouleverser le développement de beaucoup d’entreprises. Actuellement l’industrie des semi-conducteurs, l’automobile et tous les équipementiers automobiles sont obligés de réviser leur prévisions. Prévisions de ventes, de profit et d’investissement. Heureusement pour le secteur, ils espèrent que l’Europe va démarrer ; en attendant les Valeo, Faurecia et autres Michelin qui travaillent dans le sillage des grands constructeurs automobiles  ont adopté des braquets plus petits.

Les constructeurs automobiles eux-mêmes ont évidemment intégré la perspective de baisse  du marché chinois. Lequel avait quand même progressé de 25% entre 2000 et 2010 ce qui est considérable. L’année 2015 terminera à moins de 2,5% une misère. Une catastrophe pour les Chinois. Tous les constructeurs européens seront frappés, les Allemands vont le plus souffrir et notamment BMW ou Volkswagen, la Chine représente encore 40 % de leurs volumes. En France, Renault sera épargné parce que Renault n’est pas beaucoup installé en Chine.

Derniers secteurs très affectés ; le secteur pétrolier et l’industrie chimique. Compte tenu de la baisse de croissance, le baril devrait tomber durablement aux alentours de 50 dollars. Une situation qui n’effraie pas les grandes compagnies parce qu’elles sont déjà préparées à de grands bouleversements.

Passées les premières secousses de la baisse de croissance assez violente, les pays occidentaux auront tendance à retrouver des investissements chez eux et à relocaliser certaines de leur fabrication.

La Chine, qui a beaucoup bouleversé l’économie mondiale au cours des dix dernières années, pourrait renouer le balancier dans l’autre sens et permettre aux occidentaux de respirer un peu. Enfin ceux qui n’auront pas été asphyxiés ! L’Europe a sans doute une carte à jouer mais elle ne le sait pas encore.

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