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Quand une élue propose une parité intégrale lors des élections, au risque de se mettre à dos ses collègues masculins
©Reuters

Discrimination positive

L’ex-sénatrice Catherine Dumas, actuelle conseillère de Paris (Les Républicains), propose une authentique et intégrale application de la parité au sein des exécutifs locaux et régionaux. Voilà qui risque de faire grincer des dents ses collègues masculins à quelques mois des régionales.

Catherine Dumas

Catherine Dumas

Catherine Dumas a été sénatrice de 2007 à 2011. Elle est conseillère de Paris et membre du parti Les Républicains. 

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Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Gilles Gaetner : Le think tank que vous animez, "Femmes de droite et du centre" (FDS), a récemment organisé au Sénat un colloque sur le thème "éthique et politique". Pour quelles raisons ? La politique serait-elle si dépourvue de référence à la déontologie ?

Catherine Dumas : Effectivement, il suffit de jeter un coup d’œil sur les affaires qui secouent depuis plusieurs années la classe politique. On a l’impression qu’on n’en sortira jamais. On oublie trop que la morale républicaine et la vertu civique sont des principes structurels d’un Etat républicain. Or, c’est du respect de ces valeurs par les responsables politiques que dépend la confiance sur laquelle repose tout contrat social, ne l’oublions pas …

Un constat : dans toutes les affaires politico-financières qui défraient l’actualité, pratiquement aucune femme ne se trouve épinglée… les femmes seraient-elles plus vertueuses que les hommes ?

La réponse se situe dans votre question. Sans doute les femmes font-elles preuve d’un plus grand sens des responsabilités, du devoir, que les hommes. En disant cela, je ne vais pas me faire que des amis chez mes collègues masculins, mais j’assume, car les faits, comme vous le rappelez, parlent d’eux-mêmes. Je me réfère aussi à une étude publiée en 2013 par deux chercheurs en sciences politiques de l'université  Rice de Houston (Texas) qui écrivaient : "Les femmes tolèrent moins la corruption et ont donc moins de chances d’être corrompues que les hommes".

Justement, puisque les femmes semblent avoir un plus grand sens de l’éthique que les hommes, ne faudrait-il pas accélérer la parité hommes-femmes ?

Vous avez tout à fait raison. Pourtant, la loi du 6 juin 2000 impose aux partis politiques de présenter, en nombre équivalent, des hommes et des femmes lors des scrutins de liste, c’est-à-dire aux élections municipales, régionales et européennes. Le Haut conseil de l’égalité l’a rappelé au début de cette année. Les faits sont têtus : 70 ans après que le droit de vote ait été reconnu pour les femmes, la parité politique semble un objectif lointain. Certes, la parité est garantie au sein du gouvernement depuis 2012, certes encore il y a eu des avancées notables… Mais sur le plan national et local, l’hégémonie masculine ne semble pas prête de reculer. Pour preuve, l’Assemblée nationale ne compte que 27% de femmes alors que ce pourcentage atteint 43% au Parlement suédois. Je vous rappelle aussi qu’une seule femme préside un conseil régional sur les 22 que compte le pays et que 16% seulement des maires sont des femmes…

Comment mettre fin à cette hégémonie masculine ?

Nous avons besoin d’une loi qui empêche les partis de se soustraire de manière légale à la parité en payant une amende. Mettons en place une disposition qui mette fin au système des amendes. Votons une loi selon laquelle chaque parti doit présenter au moins 288 femmes dans les 577 circonscriptions, ou à défaut des femmes dans 50% des circonscriptions dans lesquelles le dit parti présente un candidat. Si ce plancher de 50% de femmes n’est pas atteint, aucune candidature du parti ne peut être validée dans aucune circonscription de l’hexagone. Le parti est tenu alors de présenter à nouveau l’ensemble de ses candidatures dans le respect de ce principe.

Voilà qui est sacrément contraignant…

Peut-être. Mais, c’est selon moi le prix à payer pour l’instauration d’une authentique parité. Ce n’est pas fini ! Je propose également une loi  destinée à faire entrer la parité au cœur des territoires. Je m’explique : il faut imposer une nouvelle réglementation pour les exécutifs des organes politiques locaux (régions, conseils départementaux et communautés d’agglomération).  En clair, une fois élus, les représentants devront choisir un exécutif – un(e) président(e) et indirectement des vice-président(e)s- qui devront compter au moins 50% de femmes.  Si le pourcentage de 50% ne parvient pas à être atteint, l’exécutif ne pourra être considéré comme opérationnel et légitime. Il ne pourra donc en aucun cas commencer à gérer la collectivité. Les élus devront alors procéder au choix d’un nouveau président, à charge pour lui d’organiser une répartition des postes… fondée uniquement sur la parité.

Un mot encore de l’Exposition universelle de Milan  qui s’achève à l’automne et pour laquelle vous vous êtes beaucoup investi.  Son impact en France ne semble pas voir été celui escompté. Qu’en pensez-vous ?

Je vous trouve un peu sévère. Cela dit, même si la communication n’a pas été suffisante autour de cette Exposition universelle qui a démarré le 1er mai et qui se termine le 1er octobre, des millions de visiteurs s’y sont rendus. Je peux vous dire que le pavillon français, à l’architecture tout à fait originale, a connu un immense succès. "Nourrir la planète, énergie pour la vie", tel était le thème de l’Exposition. Avec un message clair : assurer à l’ensemble de la planète d’ici 2050 - 10 milliards d’habitants -, une alimentation suffisante, de qualité, saine et durable. Je crois que ce massage a été fort bien reçu et entendu. En tout cas, en ce qui concerne la France, nous avons parfaitement réussi à valoriser notre patrimoine et notre territoire. C’est bien pour cette raison qu’en tant qu’élue je milite pour que la France organise l'Exposition universelle  de 2025.

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