Comment en Arabie saoudite des donateurs franchissent le pas en minimisant le caractère jihadiste de groupes comme Jabhat al-Nosra<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Comment en Arabie saoudite des donateurs franchissent le pas en minimisant le caractère jihadiste de groupes comme Jabhat al-Nosra
©Reuters

Bonnes feuilles

L'ouvrage suit les méandres de le phénomène de radicalisation, en se concentrant sur l'islam radical, tout en soulignant que ce n'est pas le seul registre qui combine l'action violente et une vision idéologique extrémiste. Farhad Khosrokhavar propose une interprétation des phénomènes de radicalisation jihadiste en Europe et dans le monde arabe et se conclut sur une analyse d'un nouveau type de radicalisation, celui qui résulte de l'afflux des jeunes Européens vers la Syrie.Extraits de "Radicalisation" de Farhad Khosrokhavar, aux éditions de la maison des sciences de l'homme (2/2).

La radicalisation a une dimension subjective et inter-subjective, mais aussi économique et financière, dans la mesure où l’action menée sans l’aide financière de certains groupes ou États doit se cantonner à des niveaux plus ou moins faibles, l’argent permettant d’acquérir des armes plus meurtrières, donc de développer des opérations beaucoup plus étendues et plus violentes. Nous nous contenterons d’évoquer ici les finances jihadistes en raison de l’importance du mouvement, étant entendu que le même type de problèmes se pose dans les différents groupes d’extrême droite ou d’extrême gauche qui s’autofinancent souvent par le trafic de drogue, la prise d’otages ou encore le piratage.

On connaît le rôle des institutions de bienfaisance et des associations caritatives dans le financement d’al-Qaida ou d’autres groupes jihadistes, que ce soit en Occident ou dans des pays musulmans. L’une des tâches des services de renseignement a consisté à débusquer ces aides aux extrémistes déguisées en collectes de fonds charitables, une tâche que la guerre civile en Syrie a rendue encore plus complexe. La Syrie étant dirigée par une dictature alaouite, de nombreux sunnites, même s’ils n’appartiennent ni à al-Qaida ni à d’autres groupes islamistes radicaux, se sentent religieusement tenus d’aider ceux qui luttent contre le régime en place, lequel tue et bombarde de manière indiscriminée des civils, dans leur écrasante majorité sunnites. Or, dans la guerre contre le régime d’Assad, les laïques marquent le pas et ce sont de plus en plus les combattants islamistes radicaux qui prennent le dessus.

Des groupes jihadistes comme Jabhat al-Nosra et quelques autres ont le vent en poupe, une dizaine de milliers d’étrangers luttant aux côtés des membres autochtones pour renverser le régime chiite déviant et lui substituer un régime islamique sunnite conforme à la vision jihadiste du néo-califat. En Arabie saoudite tout comme dans les Émirats, des donateurs franchissent le pas ; pour venir en aide à leurs frères sunnites exposés à la mort et à la torture, ils minimisent le caractère jihadiste de ces groupes et envoient leur contribution financière à des associations caritatives douteuses, dénoncées comme pro-jihadistes par les États-Unis. Deux personnalités du Qatar sont ainsi accusées par les services américains de lever des fonds pour les groupes jihadistes en Syrie : Nu’aymi, professeur d’université, ex-président de l’Association de football du Qatar, membre fondateur d’une importante association caritative et membre de la fondation Alkarama, et un autre membre de cette fondation, Humayqani, fondateur du parti Rashad Union et promoteur de la Conférence du dialogue national, la dernière organisation bénéficiant de l’assistance financière du gouvernement américain. Nu’aymi affirme que, cette accusation est une riposte à ses critiques contre la politique américaine dans la région.

Des associations comme Madid Ahl al-Sham, qui collecte de l’aide pour la Syrie, ont été citées par les groupes jihadistes syriens comme dignes de leur confiance pour la collecte des fonds à leur destination.

Extraits de "Radicalisation" de Farhad Khosrokhavar, aux éditions de la maison des sciences de l'homme, 2015. Pour acheter ce livre, cliquezici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !