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"La Terre commerce avec les extraterrestres" ironise The Economist.
"La Terre commerce avec les extraterrestres" ironise The Economist.
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Le rapport annuel du FMI, publié mardi, pointe un déséquilibre de la balance commerciale mondiale au profit des exportations. Sauf à ce qu’une autre planète achète des biens sur Terre, ces chiffres révèlent des erreurs statistiques.

En 2010, les pays du monde ont exporté 331 milliards de dollars des biens et services de plus qu’ils n’en ont importé. Or, les importations d’un pays sont les exportations d’un autre, chacun vendant et achetant différents produits aux uns et aux autres. En toute logique, la soustraction entre les exportations et les importations (incluant les biens et les services, les revenus nets d’investissements, les envois d’argent des travailleurs et autres transferts) devrait donc être égale à zéro.

Le surplus laisse donc entendre que "la Terre commerce avec les extraterrestres", ironise The Economist. Evidemment, il existe une explication plus terre-à-terre à ce phénomène : le surplus reflète des erreurs statistiques. Le déficit américain pourrait ainsi être sous-estimé, ou inversement, l’excédent commercial chinois surévalué.

En 2009, le FMI pointait ainsi la mauvaise mesure des services, dont l’estimation des coûts est complexe. C’est particulièrement le cas du commerce international des services financiers et légaux, ainsi que des services d’assurance, pour lesquels les exportateurs sont plus faciles à identifier que les importateurs.

Des raisons de calendrier entrent également en compte : par exemple, des bien en transit en décembre peuvent être comptés comme des exportations par la Chine mais ne sont pas comptabilisés comme des importations par les Etats-Unis par exemple, avant le mois de janvier – ils entrent donc dans les comptes de l’année suivante. Ce phénomène participe du décalage, mais il ne suffit pas à l’expliquer.

Commerce intra-entreprise

Une autre explication souvent avancée par des économistes est que le déséquilibre en faveur des exportations coïncide avec l’explosion du business verticalement intégré, c’est-à-dire qu’une entreprise fait fabriquer différentes parties d’un produit dans différentes succursales réparties dans plusieurs pays, en fonction des avantages qu’elle peut trouver dans chacun. En somme, des produits en cours de fabrication traversent les frontières et comptent dans les transactions entre pays. En 2009, ce commerce intra-entreprise correspondait ainsi à la moitié des importations des Etats-Unis.

Il semble en outre, selon The Economist, que des erreurs singulières sont commises dans les reports statistiques des pays en développement, où le système de collecte de données est moins développé que dans les pays riches. Ce qui signifie que ceux de ces pays qui dégagent un surplus peuvent le surestimer. Selon Zhiwei Zhang, économiste à Nomura, ce genre d’erreurs pourrait avoir amené l’excédent commercial à avoir été estimé surestimé de 3 à 4 points de pourcentage, alors qu’il représentait 5% du PIB du pays en 2009

Le déséquilibre du commerce mondial est d’autant plus compliqué à comprendre qu’il n’est pas nouveau, mais il a changé de côté : jusqu’en 2005, les importations ont dépassé pendant près de trois décennies les exportations. Le déficit global mesuré dans les années 1980 et 1990 s’expliquait largement par le report sous-estimé des revenus de l’investissement étranger des pays riches et l’enregistrement à la baisse des recettes de fret.  Aujourd’hui, le FMI estime que l’excédent d’exportations pourrait avoir plus que doublé à l’horizon 2014 (700 milliards de dollars).

Reste que les explications que récapitule The Economist ne permettent pas pour autant de corriger les erreurs. Et que les erreurs de chiffres, persistantes depuis des décennies, soit en faveur des exportations soit en faveur des importations, influent sur les choix politiques. En période de crise, mieux vaudrait que ceux-ci soient faits en connaissance de la réalité économique mondiale.

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