Venir à bout de terreurs nocturnes grâce à la musique<!-- --> | Atlantico.fr
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La musique agit sur le cerveau humain.
La musique agit sur le cerveau humain.
©Reuters

"Une chanson douce..."

La musique agit sur le cerveau humain et permet de calmer plusieurs pathologies, notamment celles en lien avec l'anxiété, tels que le stress ou la peur.

Philippe Vernier

Philippe Vernier

Philippe Vernier est Directeur de Recherche au Centre national de la recherche scientifique, et est le directeur de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay (CNRS Université Paris Sud).
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Atlantico : En Angleterre, une mère de famille a fait état des troubles du sommeil de son enfant : la petite fille souffre de terreurs nocturnes et  réveille ses parents plusieurs fois par nuit.  La musique l'aide néanmoins à passer des nuits plus reposantes : elle l'apaise. Comment l'expliquer ? Quels sont les mécanismes cérébraux qui se mettent en œuvre quand on écoute de la musique ?

Philippe Vernier : Ecouter de la musique, c’est d’abord percevoir des sons, des ondes sonores que notre oreille interne (la cochlée) transforme en activité électrique véhiculée jusque dans les régions auditives de notre cortex, dans le cerveau. C’est là que les sons prennent un sens, celui d’une mélodie, d’un air, d’une chanson, que l’on apprend à reconnaître. Cette musique, comme toute autre forme de représentation du monde, visuelle, tactile, olfactive… prend un sens selon qu’elle est agréable ou pas, selon qu’elle procure du plaisir ou pas.  Cette sensation agréable, prend corps dans notre cerveau quand d’autres systèmes de neurones sont mis en jeu, dans les régions profondes de notre cerveau qui gouvernent les émotions. Ce plaisir musical peut être intense, et la musique est capable de transmettre des émotions très fortes. Dans le cas de cette petite fille, la musique est donc capable de bloquer les processus de peurs, de frayeurs anormales qui sont générés dans des régions particulières du cerveau qui sont mises en jeu dans les émotions négatives comme la peur (l’amygdale cérébrale en particulier).

Quelles sont les causes des terreurs nocturnes ? S'observent-elles uniquement chez les enfants ?

Les terreurs nocturnes, similaires à des attaques de paniques qui surviennent pendant le sommeil, touchent 4 à 5% les enfants entre 4 et 12 ans (Au moins 1/3 des enfants). Elles se révèlent par des cris et des pleurs qui réveillent les enfants et leurs parents. Mais ces terreurs ne sont que rarement associées à des troubles psychologiques ou des maladies. Ces terreurs nocturnes se rapprochent d’autres anomalies du sommeil et de l’éveil comme le somnambulisme ou le fait de parler en dormant. En revanche, ces terreurs -différentes des cauchemars, beaucoup plus fréquents - sont en général signes de troubles plus graves chez les adultes, comme les dépressions, l’utilisation de drogues d’abus, l’alcool en particulier, ou les troubles respiratoires du sommeil (apnées du sommeil, ronflements pathologiques) et même certaines formes d’asthme.

Quid des personnes adultes qui font régulièrement des cauchemars, ou qui se réveillent souvent la nuit ?

Les cauchemars sont différents des terreurs nocturnes. Ce sont des rêves avec un contenu effrayant, et l’on évalue à 5 à 6 % les adultes qui font régulièrement des cauchemars.  Ces adultes ont souvent des personnalités très créatives, souvent instables aussi, enclins à la dépression ou à la dépréciation d’eux même. Mais les cauchemars peuvent aussi accompagner des pathologies plus graves. C’est en particulier le cas comme le stress post-traumatique qui survient chez des personnes qui ont vécus des événements très graves et traumatisants comme les guerres ou les catastrophes, naturelles ou non. Le contenu des cauchemars est souvent relié directement aux évènements vécus, comme la peur du feu ou les angoisses de

Peut-on imaginer que les effets de la musique puissent servir à d'autres troubles que ceux du sommeil ?

Oui, bien sûr, ce que l’on appelle depuis les années 1950  « musicothérapie » s’applique à de nombreuses pathologies ou situations reliées à l’anxiété, puisque les effets apaisants de la musique ont été observés depuis longtemps (« la musique adoucit les mœurs »). Mais, l’écoute ou le pratique musicale a parfois des effets bénéfiques pour des maladies neuropsychiatriques graves, en particulier la schizophrénie, mais aussi les démences comme la Maladie d’Alzheimer. Mais la musique n’est qu’un adjuvant, une aide un moyen simple et dénué d’effets secondaires, dans un arsenal psychothérapeutique plus large et diversifié (traitements médicamenteux, psychothérapies, kinésithérapie, ergothérapie etc…

Plus globalement, d'autres types d'art pourraient-ils également être utilisés en médecine curative ? Lesquels ?

Les activités artistiques comme la peinture, la sculpture ou tous les arts plastiques, mais aussi toute forme d’activité créative peut aider à la guérison ou à l’amélioration de ceux qui ont des troubles psychiatriques ou psychologiques. Ces activités permettent de trouver dans la réalisation d’œuvres et d’objets une satisfaction et un plaisir qui aident les patients à reprendre confiance en eux, et facilite le travail psychothérapeutique. Mais, encore une fois, ce ne sont que des compléments, parfois très efficaces, dans une prise en charge médicale et psychologique complète. 

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