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Le socialisme aveugle les Français
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Oligarchie

Dans son ouvrage "La France aveuglée par le socialisme", Philippe Nemo a rassemblé plusieurs articles consacrés à l'emprise du socialisme sur la gestion du pays. Selon lui, quand le pays aura trop souffert, il se réveillera du socialisme comme d'un mauvais rêve. Extraits (1/2).

Philippe Nemo

Philippe Nemo

Philippe Nemo est spécialiste de philosophie politique et sociale et historien.

 

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La France n’est plus une démocratie, comme on l’enseigne dans les écoles, comme on le répète tous les jours dans les médias et comme beaucoup d’honnêtes gens – honnêtes, mais paresseux d’esprit – le croient encore. Si l’on s’en réfère aux typologies classiques des régimes politiques, il faut dire, en toute rigueur, qu’elle est une oligarchie, ou plus exactement une double oligarchie. Le pouvoir souverain, en effet, n’y appartient pas au peuple, mais à la haute fonction publique et aux syndicats. Ce sont ces deux pouvoirs qui prennent de facto les décisions. Le peuple que l’on dit « souverain » est hors-jeu. On achève de le faire taire en disqualifiant comme « populistes » ceux qui essaient de relayer ses problèmes et ses vœux.

Je crois que c’est ce grave déficit démocratique qui est responsable de l’incontestable déclin actuel du pays. Certes, il est douteux qu’une refonte des institutions puisse résoudre, à elle seule et directement, les problèmes « lourds » – idéologiques, économique sociaux, géopolitiques, démographiques… – dont il souffre. Mais il faut comprendre que, même indirect, le rôle des institutions est essentiel. Car c’est elles qui déterminent la manière dont sont posés et traités, ou non, dans un pays donné, les problèmes sociétaux.

Des institutions réellement démocratiques maximisent les chances que toutes les questions importantes seront posées. Inversement, l’absence d’une vraie démocratie permet que des groupes dirigeants échappent aux critiques et aux risques d’être déstabilisés et, par suite, que des mythes ou des délires collectifs s’installent et s’indurent.

Nous en sommes là aujourd’hui en France. La double oligarchie qui gouverne le pays a posé sur lui une chape de plomb qui détermine l’inaction, la paralysie et la résignation. Elle lui a imposé une « pensée unique », fait idéologique et sociologique sans précédent dans un pays qui avait pratiqué plus que tout autre, dans un passé encore proche, la liberté de penser et de s’exprimer. Le résultat est que le « pays légal» se refuse depuis des lustres à traiter, voire à évoquer sérieusement et à discuter rationnellement, certains problèmes fondamentaux dont souffre le « pays réel», comme l’immigration, l’insécurité, la ruine de l’éducation et de la recherche, les dangers bureaucratiques de l’Europe, l’asthénie économique, l’absurdité d’une bonne partie du Code du travail, le chômage, le poids inconsidéré, dans l’économie, de la fonction publique, de la dépense publique et de la dette.

Je crois que cette régression de la démocratie est le résultat tardif des institutions mises en place en 1958. Il n’est pas fréquent aujourd’hui de remettre en cause ces institutions qui jouissent d’un niveau élevé de confiance tant parmi les professeurs de droit constitutionnel que dans les classes politique et médiatique.

On leur sait gré en effet d’avoir mis fin à la crise politique dont souffrait la France de la IVe République et donné une sorte de preuve de leur bien-fondé durant un demi-siècle sans blocages ou autres problèmes graves. Mais la stabilité n’est pas nécessairement un bien en soi. Les grabataires aussi ne bougent pas. Ce qu’il faut considérer, c’est ce que les institutions de la Ve République ont fait du pays dans les dernières décennies. À bien des égards, leur bilan est négatif.

Il faut se souvenir que la Constitution de 1958 a rompu avec presque un siècle de tradition républicaine. Elle ne s’est pas contentée de remédier à l’instabilité des exécutifs, ce qui était le seul mandat que de Gaulle, appelé pour résoudre la crise algérienne, eût clairement reçu de la nation. Les circonstances tragiques dans lesquelles elle a vu le jour ont permis au Général d’aller plus loin et de mettre en œuvre des réformes institutionnelles profondes qu’il avait eues en vue dès avant-guerre, qu’il avait longuement méditées pendant la guerre et au-delà – celles qui sont énoncées dans le fameux discours-programme de Bayeux de juin 1946 – et dont l’esprit césariste-bonapartiste différait radicalement de celui de la démocratie libérale tel qu’il s’était incarné dans les IIIe et IVe

Républiques. Ce sont ces nouvelles structures qui ont engendré, à la faveur d’une cascade d’effets pervers non prévus ni voulus, l’actuelle oligarchisation du pouvoir.

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Extraits de La France aveuglée par le socialisme (Bourin éditeur, 2011).

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