Clichy-la-Garenne, cas d’école des ravages de 30 ans de socialisme municipal à la sauce clientéliste <!-- --> | Atlantico.fr
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Terre socialiste pendant 68 ans, la ville de Clichy-la-Garenne ne le sera plus le 21 juin.
Terre socialiste pendant 68 ans, la ville de Clichy-la-Garenne ne le sera plus le 21 juin.
©Reuters

Mairie passée à droite

Dimanche prochain 21 juin, Rémi Muzeau, militant gaulliste, succèdera au "monarque" socialiste Gilles Catoire, maire depuis 30 ans du dernier bastion PS des Hauts-de-Seine. Le nouvel édile en était à sa cinquième tentative.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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C’est un évènement : après avoir été une terre socialiste pendant 68 ans, la ville de Clichy-la-Garenne ne le sera plus le 21 juin, au soir du deuxième tour des élections municipales. Tout comme la commune ne sera plus la seule municipalité PS des Hauts-de-Seine. Le nouvel édile s’appellera Rémi Muzeau. Cet ancien chef d’entreprise, 68 ans, a recueilli dès le premier tour, le 14 juin, à la tête d’une liste Les Républicains, UDI et Modem, près de 49% des suffrages. Contre 31,5% au candidat PS, allié au PC et au PRG, Julien Perez, ex-directeur du cabinet du maire sortant Gilles Catoire, 66 ans, alias le "Monarque", à la tête de la municipalité depuis 30 ans.

Aujourd’hui, une page est définitivement tournée. Celle où Catoire, successeur en 1985 de Jacques Delors guère passionné par la gestion municipale, nourri au lait du mitterrandisme, équilibriste de talent, réussissait  toujours à se rétablir et à l’emporter. Il a fallu l’annulation des élections municipales de l’année dernière, où Catoire avait eu très chaud –  réélu avec seulement 272 voix d’avance sur Muzeau- pour que l’inamovible maire se décide à jeter l’éponge et laisser la place à un jeune candidat, son clone… A telle enseigne qu’à Clichy, il se voyait affubler du sobriquet de Julien Catoire ! L’usure du pouvoir a eu raison de l’agrégé de sciences économiques, qui n’a jamais réussi à se faire élire député- et qui avait coutume de dire, -reprenant une maxime que lui avait enseigné François Mitterrand- "une bonne campagne se fait avec le Capital de Karl Marx dans la main gauche, Les Mémoires de Saint-Simon dans la main droite." Ca a marché pendant 30 ans… Sauf que Catoire a fini par lasser. Jusqu’à ses propres électeurs. Un clientélisme bien ancré. Des logements sociaux attribués aux militants. Des investissements médiocres. Des dépenses de communication qui coûtaient fort cher au budget municipal. Une gestion autoritaire. Voilà, en gros, les raisons principales d’une défaite annoncée. Si l’on y ajoute au niveau national, un PS qui zigzague sur le plan économique, ne parvient pas à endiguer le chômage, qui accumule défaite sur défaite lors des scrutins locaux, on comprend pourquoi Clichy vient de basculer à droite, avec une extrême droite – cela mérite d’être souligné- peu présente, puisque le candidat du Front national a réalisé à peine 5 % lors du premier tour, ce 14 juin. Le successeur de Catoire sera donc Rémi Muzeau. Un symbole de constance, aux origines populaires souvent rencontrées dans le mouvement gaulliste. A Clichy, commune de tradition ouvrière, le profil de Muzeau a réussi –enfin- à convaincre. A sa cinquième candidature. Sans succès depuis 20 ans. Se contentant de siéger dans l’opposition municipale. Mais ce bourguignon, issu d’une famille de résistants, aujourd’hui membre des Républicains- tendance Bruno Lemaire- a toujours cru en sa bonne étoile. Il en a eu le sentiment lorsqu’aux dernières élections départementales, il a bouté hors du canton Gilles Catoire. Au cours de la campagne des municipales, la venue de Valérie Pécresse, candidate à la succession de Jean-Paul Huchon au conseil régional de l’Ile-de-France, de Bruno Lemaire et de Marielle de Sarnez, députée européenne et vice-présidente du Modem a montré qu’à Clichy, l’union autour d’une droite modérée pouvait être une solution de remplacement au système Catoire. D’ores et déjà, Muzeau se sent prêt pour assumer ses nouvelles fonctions. « Vous savez-dit-il, je connais la ville comme ma poche. Les directeurs d’école. Les associations de parents d’élèves. Les chefs d’entreprises etc… Tout le monde m’arrête dans la rue. " Et quand je me suis installé à Clichy, il y a quarante ans, je vivais dans un logement social "…

Reste le plus gros : l’application de son programme. Et Rémi Muzeau de pointer du doigt l’installation pour deux semaines à chaque Noël d’une patinoire qui coûte 200 000 euros au budget de la ville. «  C’est absurde, alors qu’à une station de métro à Asnières, existe une patinoire  olympique. J’espère bien qu’avec mon futur collègue Eric Aeschlimann- qui devrait être lui aussi réélu le 21 juin- nous pourrons faire profiter les Clichois de cette patinoire ". Et puis, il y a les emprunts toxiques souscrits avec Dexia, déplore Rémi Muzeau. "Cela nous coûte trop cher. Nous devons vite trouver une solution."  Que dire aussi des dépenses de fonctionnement de la commune qui atteignent 140 millions d’euros alors que les investissements n’atteignent que 40 millions ! Une chose semble certaine en tout cas : le successeur de Catoire, en raison de son âge, ne devrait pas être obsédé par la perspective d’un second mandat ou céder aux sirènes de la démagogie. Libre, il le sera assurément. Mais il devra répondre à une autre exigence : la compétence.

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