Droit du sol ou droit du sang ? Un débat explosif mais légitime<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy a évoqué le sujet du "Droit du sol ou droit du sang".
Nicolas Sarkozy a évoqué le sujet du "Droit du sol ou droit du sang".
©Reuters

Attention danger !

Nicolas Sarkozy a évoqué le sujet. Prudemment, il est vrai.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La France vit depuis 1889 sous le régime du droit du sol s'agissant de la citoyenneté. Ce droit est généreux. Il prévoit l'acquisition automatique de la qualité de Français pour tout enfant né sur le sol français de parents étrangers. De ce droit je ne peux parler à la légère : j'en ai été moi-même bénéficiaire comme des centaines de milliers de petits Juifs, petits Espagnols, petits Portugais, petits Italiens, petits Polonais…

Heureusement, il n'est pas dans mes attributions politiques de trancher entre le droit du sol et celui, bien plus restrictif, du sang. C'est bon pour des candidats à la présidence de la République, des chefs de partis, des élus, des journalistes flairant la bonne polémique. Et si, par hypothèse, il y avait un référendum sur la question, je ne sais encore de quel côté pencherait mon cœur. Difficile en effet de refuser à d'autres un privilège dont on a soi-même profité.

Mais la raison, et ce n'est pas sûr qu'elle triomphe, me dit aussi autre chose. Est-ce que ce qui a été vrai et bon pour les centaines de milliers enfants dont j'ai parlé l'est toujours aujourd'hui ? Si la géographie telle qu'elle définit les frontières de la France est intangible, la démographie, elle, est sujette à d'importantes variations. Supposons que la France compte, par je ne sais quel sortilège ou miracle (au choix selon vos passions), 6 millions de Juifs! Tous parlant yiddish (mes excuses aux sépharades), tous vivant dans des cités juives, tous pratiquant les mêmes codes langagiers et vestimentaires, tous réclamant de plus en plus de synagogues.

La France alors, ne serait plus tout à fait la même. Et des questions qui ne se posaient pas naguère deviendraient légitimes. Le droit du sol est certes inscrit dans la loi. Mais la loi n'est pas les Tables de la Loi. Des évolutions, des ajustements, des modifications peuvent être envisagées sans que pour autant on crie au retour de Vichy.

Mais pourquoi le ferait-on? Parce que nous approchons de ce que, dans la terminologie nucléaire, on appelle "la masse critique". L'addition de matières fissiles en quantité suffisante pour déclencher une déflagration atomique. Quand Zemmour annonce une possible guerre civile, il exagère évidemment : le propre du pamphlétaire est toujours de forcer le trait. Mais il y a du vraisemblable dans ce qu'il dit.

Le rejet, et parfois la haine des "sales céfrans", des "faces de craies" et des "sales Juifs" (pour eux le taux de haine est plus élevé que pour les autres car on les tue) nourrit en retour des sentiments de craintes et de colère. Si la revendication du droit du sang n'a pour seul but que de faire changer la peur de camp elle n'est peut être pas inutile.

Si un jour – mais je n'y crois guère – on devait passer d'un droit à l'autre, du sol au sang, alors nous devrions tous revendiquer une exception. Que les chrétiens d'Orient bénéficient automatiquement de la citoyenneté française s'ils le désirent : ils meurent pour nous. Que les Kurdes d'Irak et de Syrie aient le même privilège : ils se battent pour nous. Pour être clair, il faut dire que tous, chrétiens d'Orient et Kurdes qui se font trouer la peau pour nous, sont bien plus français que ceux nés français qui partent faire le djihad.

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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