Pour les créanciers d'Athènes, Alexis Tsipras prépare la Grèce à la sortie de la zone euro<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Claude Junker a baissé les bras, découragé par l’obstination de son "ami" Alexis Tsipras.
Jean-Claude Junker a baissé les bras, découragé par l’obstination de son "ami" Alexis Tsipras.
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Grèce vs Europe : le week-end dernier a préparé la rupture. Le FMI, la BCE et la Commission européenne ont constaté un nouvel échec des négociations avec Athènes. Les créanciers sont désormais convaincus qu'Alexis Tsipras est complètement piégé par un projet purement idéologique de ses amis politiques.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les représentants du FMI ont quitté la table des négociations complètement excédés. De leur côté, les fonctionnaires de la BCE ne comptent plus se rendre à Athènes et à la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Junker, qui avait essayé de jouer le bon Samaritain, a baissé les bras découragé par l’obstination de son "ami" Alexis Tsipras. Ce dernier semble complètement paralysé par ses contradictions. Pour tous ceux qui connaissent un peu le dossier et la situation en Grèce, le gouvernement apparait de plus en plus comme l’instrument d’une idéologie anti-européenne. 

Résultat, dans moins de deux semaines, la Grèce sera sans doute mise en défaut de paiement puisqu‘elle n’aura aucun moyen d’honorer ses engagements et, du coup, aucun moyen pour faire tourner son administration.

Les représentants du FMI qui ont quitté Athènes ont expliqué qu'ils étaient allés aussi loin qu'ils le pouvaient dans leur proposition de concessions. Les créanciers ne peuvent pas annuler l’ensemble de la dette, sinon ils se retrouveraient avec une multitude de requêtes identiques venant du monde entier. 

Il peuvent accepter tous les allongements de maturité possibles et assouplir les conditions de l’aide. Mais ils veulent aussi un engagement de réformes budgétaires et fiscales. Le FMI, la BCE et surtout la Commission de Bruxelles ne peuvent pas s’engager à couvrir une politique économique décidée par un Etat membre sans que cette politique soit financée. Sinon, c’est la porte ouverte à toutes les démagogies possibles. Une décision démocratique ne peut pas s’exonérer de responsabilité. La solidarité européenne a des limites. 

Or, le gouvernement grec ne réussit pas à répondre à cette requête pour signer un compromis. Quand il est à Berlin ou à Bruxelles, Alexis Tsipras promet d’avancer dans la négociation et ses conseillers techniques reconnaissent qu'il y a désormais des issues. Il suffirait qu'il lance une réforme fiscale et retarde les embauches promises dans la fonction publique. Il promet d’envoyer une liste des engagements qu'il est prêt à prendre.

Mais une fois rentré à Athènes, il fait machine arrière. Il n’envoie pas de programmes et multiplie les déclarations pour dire qu’il ne peut pas céder. Ses militants sont galvanisés, mais le dossier n’avance pas et la Grèce se rapproche de plus en plus de la cessation de paiement. Les créanciers, qui essaient de négocier, arrivent à la conviction qu’Alexis Tsipras est complètement prisonnier de sa majorité radicale. Laquelle avait le projet politique de faire éclater la zone euro, et rejoindre ainsi tous les mouvements extrémistes en Europe du Sud qui prônent la même rupture. 

Alexis Tsipras a été élu sur un scénario de rupture avec la politique imposée par les pays de la zone. Il a donc construit un programme politique qui tourne le dos à tous les engagement de redressement, l'application de ce programme entrainait, de fait, une sortie de la Grèce de la zone euro.

Alexis Tsipras a certes renoncé à sortir de l’euro. Mais tout se passe comme si son entourage politique faisait tout pour empêcher un accord avec les Européens et créer ainsi les conditions du défaut de paiement. La politique du pire.

Du coup, la Grèce sortirait de l’euro, ce qui semble être le véritable projet idéologique du parti radical de gauche. Ce dernier espère que, dans la foulée, l’effet systémique provoquera une révision totale du fonctionnement de l’Europe. Les Grecs qui militent ainsi pour une crise élargie à l’Europe toute entière auraient pu avoir raison en 2010 ou en 2011. Mais aujourd'hui, les coupe-feu ont été placés un peu partout pour éviter la contagion.

Quand la Californie s’est déclarée en cessation de paiement, ce n'est pas pour autant que les Etats-Unis d’Amérique ont été menacés d’implosion. 

La situation est donc bloquée. La seule solution pour sortir de ce piège ne peut être que politique. D’où l’idée qui commence à germer à Bruxelles de demander à Alexis Tsipras d’organiser un référendum en Grèce ou des élections générales anticipées. Les créanciers de la Grèce, le FMI, la BCE et l’Union Européenne pourraient même conditionner un accord accordant de nouveaux délais de paiement à la promesse de nouvelles élections.

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