François Kalfon : "Pourquoi le sondage donnant Valérie Pécresse en tête au 1er tour est en fait une excellente nouvelle pour Claude Bartolone"<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Pécresse devancerait Claude Bartolone de 4 points au premier tour des élections régionales.
Valérie Pécresse devancerait Claude Bartolone de 4 points au premier tour des élections régionales.
©Reuters

Régionales Ile-de-France

Selon un sondage Ifop pour Valeurs actuelles, Valérie Pécresse devancerait Claude Bartolone de 4 points au premier tour des élections régionales. François Kalfon, ancien délégué national du Parti socialiste aux études d'opinion et soutien du président de l'Assemblée nationale, revient sur cette enquête.

François Kalfon

François Kalfon

Francois KALFON est conseiller régional d'Ile-de-France et membre de la direction collégiale du PS

Il a publié avec Laurent Baumel un Plaidoyer pour une gauche populaire : La gauche face à ses électeurs, Editions Le Bord de l'eau (novembre 2011).

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Atlantico : La région est ancrée à gauche depuis de nombreuses années, or un sondage Ifop pour Valeurs acutuelles révèle que le combat entre Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et Valérie Pécresse va être rude. Comment l’expliquez-vous ?

François Kalfon : Ce sondage est une excellente nouvelle. Au regard du contexte national et alors que Claude Bartolone démarre à peine sa campagne, il fait jeu égal avec une Valérie Pécresse en campagne depuis toujours. C’est donc bien meilleur que la dernière jauge qu’étaient les élections départementales.

41 à 41 au second tour ? C’est une performance qui s’explique aussi par le désamour profond et persistant entre les Franciliens et Mme Pécresse. Comme nous l’indiquait le sondage BVA d’avril, 6 Franciliens sur 10 ont une mauvaise opinion de celle qui aspire demain à les représenter.

En outre, Claude Bartolone, quatrième personnage de l’Etat et récemment victorieux dans son département, incarne assurément la gauche qui gagne en Île-de-France.

Faut-il y voir un désaveu de la politique qu'a menée Jean-Paul Huchon et son équipe de laquelle vous faites partie ? Le peu de popularité de la politique menée par le gouvernement joue-t-elle aussi ? Cela présage-t-il d’un mauvais score pour toutes les régions ?

Qu’il y ait un contexte national, cela n’a échappé à personne. Et c’est ce qui explique le fait que nous démarrions au coude-à-coude. Mais, précisément, c’est le bilan très positif de la majorité régionale sortante qui agit comme un véritable paratonnerre et qui permet que la gauche aborde cette élection avec des chances très raisonnables de l’emporter.

La question de la nationalisation du scrutin est effectivement à manier avec précaution. Qui a le plus à y perdre ? Mme Pécresse n’est-elle pas la représentante de M. Sarkozy dans notre région ? Vu la hauteur des défis qui sont devant nous, les Franciliens attendent que les candidats s’y consacrent pleinement. La région capitale mérite un grand débat.

Les Franciliens souhaitent-ils un accès au logement plus équitable ? Cela tombe bien car nous voulons une réelle mixité sociale à l’inverse des 17 Maires hors la loi SRU qui soutiennent Mme Pécresse. Les Franciliens souhaitent-ils des transports plus abordables ? A partir de septembre, le Pass navigo à tarif unique offrira 500 euros de pouvoir d’achat supplémentaire aux habitants de grande couronne.

Dans cette région marquée par de fortes disparités sociales et territoriales, il y a lieu de proposer des solutions qui unissent les Franciliens et réparent les fractures.

Et puis il existe un autre enjeu qui surplombe tout le reste : transformer la croissance et l’attractivité régionale en emploi pour chacun. Cela suppose la mise en œuvre de vrais outils de correction des inégalités : lutte contre les discriminations à l’embauche, mobilisation de l’appareil de formation et véritable plan emploi pour les 200 000 emplois du Grand Paris.

Franchement, cela n’aurait aucun sens de réduire de tels enjeux à un sondage pré-présidentiel pour 2017.

Ce sondage accorde 24% des voix à Claude Bartolone au premier tour et 28% à Valérie Pécresse. En 2010, au premier tour, Valérie Pécresse avait obtenu 27% et Huchon 25 mais il avait été finalement élu avec 67% des voix. Le sondage de valeurs actuelles laisse présager un tout autre scénario en matière de report de voix... 

Regardons attentivement les tendances qui se dégagent. Avant même de se déclarer candidat, Claude Bartolone était crédité de 21% des suffrages. En six semaines, son score progresse de 3 points et celui du rassemblement de la gauche au second tour de 2 points. Dans le même temps, Valérie Pécresse réalise au second tour un score médiocre.

En outre, à l’issue du premier tour, Valérie Pécresse ne dispose de quasiment aucune réserve de voix, à la différence de Claude Bartolone qui peut compter sur près de 20 points de report issus de la gauche. Et on sait bien que face à la buissonisation de Mme Pécresse, une part importante de l’électorat centriste, imprégné de valeurs humanistes, se reportera finalement sur Claude Bartolone au second tour.

D’autre part, on peut quand même s’interroger sur la fiabilité de la mesure du Front National sachant qu’elle est traditionnellement sous-cotée à cause de la sous-déclaration des répondants.

Le score du FN explose alors que l’Ile-de-France était jusqu’ici préservée (moins de 10 % en 2010). A quoi l’attribuez-vous ?

L’Île-de-France est un territoire vaste, marqué certes par son centre aggloméré, où le FN sous-performe, mais aussi par ses franges urbaines avec des habitants qui se sentent abandonnés. C’est dans ces zones rurbaines, de frottement entre la ville métropolisée et des territoires ruraux comportant des villes moyennes, que le Front National réalise ses meilleurs scores.

Dès 2011, dans mon département de Seine-et-Marne, le Front National réalisait par endroits des scores au-delà des 20% sans que le candidat n’ait jugé bon de faire campagne. Et cela n’a fait malheureusement que se confirmer lors des élections départementales où dans 19 cantons sur 23 le Front National s’est qualifié au second tour.

Il faut donc un plan de rattrapage massif pour la grande couronne car les ravages de la désindustrialisation, de l’isolement et la perte de repère appellent des réponses très fortes. 

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