Sarkozy face à la tentation de l’enterrement de la primaire des Républicains : pourrait-elle encore être annulée ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président des Républicains serait tenté d'annuler les primaires.
Le président des Républicains serait tenté d'annuler les primaires.
©Reuters

Retour de flamme

Le président des Républicains devrait annoncer ce mardi 9 juin la composition du comité d’organisation des primaires. Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet devraient en faire partie. L’ancien Chef de l’Etat cherche pourtant, plus que jamais, à éviter d’avoir à consulter les électeurs de droite.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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On l’imagine en train de compter et de recompter les sièges vides. De calculer le nombre de militants manquant à l’appel. Depuis le congrès fondateur des Républicains qui n’a pas fait salle comble et plus encore après avoir découvert les mauvais chiffres d’audience de son 20 heures, Nicolas Sarkozy s’inquiète, rumine et fait les cents pas dans son bureau de tout nouveau président des Républicains -« Les Rep » comme le disent quelques âmes facétieuses dans l’entourage de certains concurrents. Il réfléchit à ces fichues primaires et sans doute peste-t-il contre Jean-François Copé et François Fillon qui en ont validé le principe lors de la signature de leur traité de paix en mai 2013. L’envie de les rayer, purement et simplement, de son calendrier l’a repris, plus violente que jamais, depuis qu’il a constaté que les militants, ses militants, ceux à qui, le soir de sa défaite, il lançait : « je vous aime », prennent leur distance. Il comptait sur eux pourtant, sur leur fougue,sur leur ferveur, pour écraser Juppé et tous les autres. Las, ils se déballonnent. Un autre signe l’inquiète, le nombre d’adhérents. Il espérait le voir bondir sous l’effet de son retour mais rien ne s’est produit. La poisse. Et de refaire ses calculs, encore et encore…. Des calculs qui le rapprochent toujours plus de son concurrent bordelais.

Or l’idée que la victoire ne soit pas assurée le ronge. Pas question de remettre en question son statut de leader, il répète donc, à tous ceux qui entrent dans son bureau depuis des semaines : « les primaires n’auront pas lieu. Je ferai tout pour les éviter. Elles vont diviser durablement notre famille ». Et de tenter d’en repousser la mise en place aux calendes grecques au prétexte qu’on ne peut pas prendre le risque de voir débuter les hostilités avant les régionales.

C’est Jean-Pierre Raffarin qui a été le premier à relayer l’idée dans le Figaro le 27 mai dernier: «Je vais être franc avec vous, étant donné la campagne de Hollande et la dureté du FN, peut-être que dans les mois qui viennent les militants des Républicains vont dire qu'ils ne veulent plus de primaire! Parce qu'ils ne veulent plus prendre le risque de la division publique!». Et le sénateur d'insister: «Même le bureau politique qui s'est prononcé pour, pourrait revenir sur cette stratégie si les circonstances et l'état du pays l'exigent".

Laurent Wauquiez, lors du congrès, est ensuite monté au créneau : « Je ne veux pas entendre parler des primaires pour la présidentielle de 2017 avant l'été 2016 ». Des propos proches de ceux qu'aurait tenu Nicolas Sarkozy lui-même devant les députés, lors de la réunion de groupe mardi 2 à l'Assemblée nationale. Le week-end dernier, c’était au tour de Nadine Morano de relayer ses doutes dans Atlantico : « Notre famille politique à peine rebaptisée les velléités pour les primaires sont reparties. Elles sont inévitablement facteurs de division » et d’ajouter « le vainqueur des primaires du PS nous a démontré qu’elles n’apportaient pas le meilleur des Présidents... »

L’entourage de l’ancien chef de l’Etat en veut pour preuve les sifflets qui ont accueilli le discours d’Alain Juppé le 30 mai Porte de la villette et explique que "la primaire comporte un risque de division énorme dans un parti où on a la culture du chef et moins celle de se compter". Pour les proches de l’ex président « lorsqu’on entrera réellement en campagne et qu’il s’agira alors d’attaquer les arguments de l’autre ce sera encore plus sanglant ».

Une petite musique qui n’a pas tardé à revenir aux oreilles des équipes de certains futurs candidats, d'où l'initiative prise par Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand d’envoyer à Nicolas Sarkozy une sorte d’ultimatum lui demandant de mettre en place dès le bureau politique d’aujourd’hui le comité d’organisation de la primaire.

Nicolas Sarkozy n’a pas tenté, cette fois, de contourner la demande. Le président des Républicains devrait donc annoncer la reconduction du bureau actuel composé de Thierry Solère, Edouard Philippe, Damien Meslot, Brice Hortefeux, Anne Levade, Antoine Rufenacht. Il sera complété par les présidents des groupes parlementaires du Sénat et de l’Assemblée. Gérard Larché devrait aussi être de la partie ainsi que Laurent Wauquiez et  Nathalie Kosciusko-Morizet. Ces deux derniers noms ont fait tousser, dit-on, chez Juppé et Fillon qui voient d’un mauvais œil deux potentiels candidats participer à l’organisation du vote. L’enjeu n’est pas sans importance car il s’agit notamment de mettre en place les bureaux de vote or les équipes de Juppé, notamment, veulent éviter que le scrutin ne se déroule dans les permanences UMP ce qui ferait fuir les électeurs non encartés.

La nomination du comité d’organisation n’engage cependant pas définitivement le président des Républicains qui imagine désormais consulter les militants qui ont gardé de très mauvais souvenirs de la guerre Copé Fillon et pourraient rejeter l’idée d’une primaire. Et au cas où la manœuvre échouerait : « Nicolas va aussi tenter de débrancher Jean-Christophe Lagarde en lui promettant plusieurs têtes de listes aux régionales, explique un cadre de l'UMP. S’il n’est pas candidat à la primaire, aucun centriste ne sera représenté ce qui devrait décourager les électeurs non UMP ».

Même s’il donne des gages de bonne volonté, Nicolas Sarkozy est donc toujours bien décidé à éviter d’affronter son ancien ministre des affaires étrangères et tous les autres quitte à faire un beau cadeau à François Hollande qui ne rêve que du combat retour. Ça tombe bien, Nicolas Sarkozy en rêve aussi.

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