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Les chiens peuvent-ils détecter le cancer ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Ce que votre chien veut que vous sachiez : Stanley Coren apporte ici des réponses concrètes, utiles et passionnantes, nourries à une pratique canine de plus de cinquante ans et vérifiées par les expériences scientifiques les plus récentes. Extrait de "Secrets de chien", publié chez La Petite Bibliothèque Payot (1/2).

Stanley Coren

Stanley Coren

Stanley Coren, professeur à l'université de British Columbia (Canada) et dresseur réputé, est spécialiste de psychologie canine.

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De nombreux rapports anecdotiques ont été publiés sur des chiens capables de détecter le cancer. Je pense par exemple à Arlene Goldberg, de Chicago, qui doit la vie à Duffy, son cocker spaniel qui avait pris la désagréable habitude de lui sauter dessus pour renifler et mordiller un grain de beauté qu’elle avait sur l’omoplate, près de la nuque. Duffy était si insistant qu’Arlene finit par en parler à son médecin, qui a enlevé le grain de beauté et l’a fait analyser. Quelques jours plus tard, Arlene était de retour à l’hôpital pour faire retirer la peau qui entourait le bouton, car celui-ci était porteur d’une forme virulente de mélanome, qui lui aurait été fatale s’il s’était métastasé. Les premières études de cas comme celui d’Arlene ont tout d’abord été publiées en 1989 dans Lancet, une revue scientifique médicale renommée. Depuis, un certain nombre d’études expérimentales ont été menées dans le but de confirmer que les chiens détectent le cancer aussi bien, voire mieux, que les techniques traditionnelles.

les chiens détectent le cancer aussi bien, voire mieux, que les techniques traditionnelles. cinq, selon la façon dont on lit les résultats) sur sept. Des résultats intéressants mais loin d’être concluants, requérant la conduite d’autres études plus contrôlées.

Avec ses associés, Carolyn Willis (de l’Amersham Hospital, en Angleterre) a mené une étude randomisée en double aveugle méticuleusement contrôlée, démontrant que les chiens pouvaient être dressés pour déceler le cancer de la vessie. Son équipe a utilisé six échantillons d’urine de patients en bonne santé ou atteints d’une maladie, dont certains du cancer de la vessie. Ni les chercheurs ni les chiens tests ne savaient quels échantillons étaient cancéreux avant que ces derniers aient fait leur choix.

Extrait de "Secrets de chien - Ce que votre chien veut que vous sachiez", de Stanley Coren, publié chez Payot, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Lors d’un des tests, les chiens sélectionnaient systématiquement un échantillon qui avait été déclaré non cancéreux par les médecins. Selon le Docteur Willis, « il était impossible de poursuivre le test quand cet échantillon en faisait partie. Les chercheurs commençaient à se demander si toutes ces études mèneraient à quelque chose. Comme les chiens s’arrêtaient à chaque fois sur cet échantillon en particulier, nous l’avons fait réexaminer par un spécialiste ».

Andy Cook, l’un des dresseurs, explique ainsi ce qui est arrivé ensuite : « Les médecins de l’hôpital avaient suivi l’évolution du travail de nos chiens. Ils leur faisaient confiance et ont donc soumis l’échantillon à de nouveaux examens. Quand il est revenu du laboratoire, ils n’en revenaient pas : le patient avait non seulement un cancer du foie, mais aussi un cancer de la vessie. »

Certains chiens semblent pouvoir détecter un cancer spontanément, mais des recherches récentes montrent à quelle vitesse et avec quelle efficacité ils peuvent être dressés pour déceler cette tumeur maligne. Il n’a pas fallu plus de trois semaines à Michael McCulloch et ses collègues de la Pine Street Foundation (San Anselmo, Californie) pour apprendre à cinq chiens domestiques à déceler le cancer du sein ou des poumons rien qu’en reniflant l’haleine des participants. L’essai portait sur quatre-vingt-six patients malades (cinquante-cinq avaient un cancer des poumons, trente et un, un cancer du sein) et un groupe de quatre-vingt-trois patients sains. Lors du test, les chiens ont reniflé des échantillons d’haleine conservés dans des tubes spéciaux. On leur avait appris à s’asseoir ou à s’allonger devant le tube contenant un échantillon cancéreux. Les résultats furent spectaculaires, prouvant que les chiens peuvent déceler le cancer du sein et des poumons avec plus de 90%d’exactitude.

Dans une nouvelle étude, Hideto Sonodo (université de Kyushu, Japon) a collecté des échantillons de selles et d’haleine chez des patients atteints du cancer du côlon, également connu sous le nom de cancer colorectal. Les chercheurs ont placé un échantillon cancéreux et quatre échantillons sains dans des récipients, puis ont demandé à un labrador de les renifler pour repérer le récipient contenant l’échantillon cancéreux. Parmi les échantillons d’haleine, le chien en a repéré trente-trois sur trente-six, et trente-sept sur trente-huit parmi les échantillons de selles.

Le taux de réussite est quasiment aussi bon qu’avec une coloscopie. De plus, dans certains cas, les échantillons provenaient de patients atteints d’un cancer aux premiers stades de son développement, donc particulièrement difficile à déceler.

Un chien dressé peut potentiellement vérifier la présence d’un cancer sur plus de douze mille personnes dans sa vie. Investir du temps pour dresser des chiens à la détection du cancer est donc bénéfique, aussi bien financièrement que pour l’amélioration de la médecine. Peut-être qu’un jour, lorsque vous vous rendrez dans un laboratoire pour un dépistage, vous serez examiné, ou plutôt reniflé, par un labrador dressé pour cela.

Extrait de "Secrets de chien-Ce que votre chien veut que vous sachiez", de Stanley Coren,
publié chez La Petite Bibliothèque Payot, ©Editions Payot & Rivages, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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