Paranoïa ou coups bas ? Bienvenue dans le monde des guerres invisibles que redoute Poutine (...et les autres)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les stratégies d'influence des États ne datent pas d'hier.
Les stratégies d'influence des États ne datent pas d'hier.
©Reuters

Soft power

Dernier scandale politique et sportif, l'affaire de la FIFA a poussé Vladimir Poutine à pointer du doigt les Etats-Unis, persuadé qu'il s'agissait d'un complot. Si ces propos ne sont à l'heure actuelle qu'une hypothèse, les stratégies d'influence des États ne datent pas d'hier. Acteurs ou spectateurs, cette activité concerne l'ensemble de la scène internationale.

Olivier Guilmain

Olivier Guilmain

Olivier Guilmain est un politologue belge. Diplômé de l’Université libre de Bruxelles (ULB), de l’Université de Paris 2 Panthéon-Assas et d’IRIS SUP (Paris), il est actuellement chercheur associé auprès du Centre Français de Recherche sur le Renseignement   (CF2R). Ses dernières études publiées sont « Quelle société civile dans l’espace arabe ? », rapport de recherche(Observatoire des mutations politiques dans le monde arabe) (IRIS), Paris, Décembre 2014 ainsi que « Le smart power au secours de la puissance américaine », rapport de recherche du CF2R, Paris, Avril 2015.

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Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico : La Russie est-elle paranoïaque lorsqu’elle affirme être la cible première du scandale de corruption concernant la FIFA?

Olivier Guilmain : Dans ses toutes dernières déclarations, Vladimir Poutine a rappelé que Sepp Blatter, qui vient d’être réélu vendredi à la présidence de la FIFA, avait été la cible de pressions répétées visant à retirer l’organisation de la Coupe du monde 2018 confiée par la FIFA à la Russie, en décembre 2010. Les allégations de Poutine ne sont pas dénuées de fondement puisque, par exemple, l’actuel président ukrainien Piotr Porochenko  avait déclaré, en mars 2015, être en faveur du boycott de la tenue de la Coupe du monde de football 2018 en Russie tant que se poursuivra le conflit dans l’est de l'Ukraine.
Il est par ailleurs tout aussi avéré que le vice-premier ministre britannique Nick Clegg avait suggéré, en juillet 2014, de priver Moscou du droit d'accueillir cet événement si la politique menée par le président Vladimir Poutine restait inchangée à l’égard de l’Ukraine : « vous ne pouvez pas avoir ce jeu magnifique entaché par l'horrible agression de la Russie contre la frontière ukrainienne », avait précisément déclaré  Clegg dans le Sunday Times. Enfin, le député du Bundestag Michael Fuchs, du parti d’Angela Merkel  estimait quant à lui que l'Allemagne et la France pourraient accueillir les matchs du Mondial en lieu et place de la Russie.
Poutine n’est donc certainement pas paranoïaque quant il s’étonne aussi que les Etats-Unis recourent une fois de plus à l’application extensive du droit américain à l’extérieur des Etats-Unis pour lancer des poursuites à l’encontre de personnes en dehors du territoire américain et demander leur extradition. Ceci en vertu d’accusations portant sur des pots-de-vin versés à ces fonctionnaires de la Fifa en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions de football organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.
Selon Poutine ceci s’inscrit dans une manœuvre globale de déstabilisation de Président Blatter, lequel reste fermement favorable à l’organisation de la coupe du monde de 2018 en Russie.
Précisons aussi que les Etats-Unis étaient candidats à la Coupe du monde de 2022 et ils avaient été défaits en 2010 avec l’attribution par la FIFA de l’événement au profit du Qatar.

Alexandre Del Valle : Concernant ce scandale entre la FIFA et la Russie, je n’ai d’éléments précis pour répondre à cette question à ce jour. C’est trop frais. Un minimum de recul est nécessaire. Cet évènement est si récent qu’il m’est difficile de formuler un avis clair sur le sujet.

Dans quelle mesure le président russe a-t-il raison d'être vigilant concernant ce type d'attaques relevant du "soft power" ? Quels sont les exemples d'actions dissimulées ?

Olivier Guilmain : Il est clair que de manière générale le soft power[1] occidental (en gros, les moyens et techniques non militaires ou qui ne résultent pas d’une guerre économique agressive mis en œuvre pour séduire ou influencer les acteurs nationaux ou internationaux) est très agressif actuellement vis à-vis de la Russie.

Et le ton monte logiquement en Russie, où l’on ne manque pas de critiquer ouvertement la rhétorique vindicative de Washington et de ses alliés européens, ni d’imputer à la Maison Blanche la volonté de réduite la zone d’influence russe, voire de vouloir déstabiliser la Russie économiquement et politiquement, notamment à travers de nouvelles « révolutions de couleurs» dans on pré carré ou par des tentatives de coups d’Etats (regime change), comme tout récemment en Macédoine qui est un bon exemple d’action dissimulée américaine, avec une tentative de coup d’état finalement démasquée et avortée au début du mois de mai 2015.

Pour rappel, dans l'interprétation officielle russe, la notion de soft power telle que mise en œuvre, notamment par les Etats-Unis, recouvre un vaste éventail de mesures gouvernementales destinées à exercer de l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats via des acteurs variés, comme des ONG, par exemple. Et au regard du traitement médiatique occidental de la crise ukrainienne qui a suivi le coup d’état de février 2014 à Kiev, présenté comme une révolution à l’Ouest, Poutine  a certainement raison de dénoncer la propagande insensée qui veut faire croire que Moscou est l’agresseur de l’Ukraine, alors que le Kremlin a toujours déclaré que seule une solution politique et opportunément la transformation fédérale de ce pays était la meilleure issue pour mettre fin au conflit et à la guerre civile qui ravage l’est et le sud de l’Ukraine.

Alexandre Del Valle : L’une des affaires emblématiques en la matière est celle qui a été montée est l’affaire des couveuses au Koweït en octobre 1990. Pour motiver l’ONU d’avaliser l’opération  en Irak au titre du Chapitre 7 de la Chartre des Nations unies, le gouvernement américain, avec le Koweït, ont monté une opération de grande envergure de manipulation. On a fait tourner des scènes dans un studio de télévision avec des scènes et un récit victimaire. Une femme, soit disant infirmière koweitienne, a été montrée, et elle devait expliquer avoir vu des soldats irakiens tués des bébés en couveuse. Elle expliquait que ces évènements lui avait fait penser à son petit neveu, ajoutant aussi que ces soldats irakiens avaient violé, vidé les magasins de nourriture et de médicaments… Toute une « story telling » avait été créé. Les médias parlaient de « l’infirmière Nayriah ».  On l’a fait témoigner au Congrès des Etats Unis et devant les dirigeants politiques. Cette intervention a été particulièrement reprise par l’ONU notamment. Il s’agissait en réalité de la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington. Ils ont du faire très vite à l’époque. Elle était sur place ce qui a facilité les choses. Après avoir été entrainé, elle a récité son discours.  

Il y a également l’épisode Irak 2 et le fameux exemple de février 2003. Colin Powell avait brandi ce qu’il affirmait être une capsule d’anthrax devant le Conseil de sécurité des Nations unies afin d’expliquer que des armes de destruction massive se trouvaient très certainement en Irak et qu’une intervention était nécessaire. Aujourd’hui, on sait qu’il ne s’agissait pas d’une capsule d’anthrax. Autre intox : il s’agissait de faire croire que l’Irak de Saddam Hussein était l’allié d’Al-Qaïda ce qui est totalement faux, les deux étaient ennemis. L’intervention en 2003 a bien eu lieu, sans l’accord de l’ONU d’ailleurs.

D'un point de vue global, quelle est le niveau d'influence de ce pouvoir "discret", dissimulé au plus grand nombre ? Que sait-on du poids de la communication par exemple ?

Olivier Guilmain : Depuis les années Reagan (1980-1988), les Etats-Unis ont cherché à remplacer la politique des coups d’états menée par la CIA (de la fin des années 1940 au tout début des années 1980) par une politique plus sexy, acceptable par l’ensemble ou presque de la communauté internationale.
C’est ainsi que des ONG américaines comme la NED (National endowment for democracy) ont été financées généreusement par des fonds publics débloqués annuellement par le Congrès sur proposition du Président des Etats-Unis pour diffuser les valeurs américaines dans le monde et en particulier pour promouvoir la démocratie.

Dans de très nombreux pays, ces (fausses) ONG ont joué un rôle très important en vue de la préparation et de l’organisation concrète d’un changement de régime ou de gouvernement, de la Serbie (2000) à la Géorgie (2004), à l’Egypte (2011) en n’oubliant pas l’Ukraine (2014), etc. Ceci sous le couvert de manifestations pacifiques qui de par leur ampleur ne laissent souvent aux dirigeants honnis que le choix de quitter leurs fonctions, voir de prendre la fuite à l’étranger.

Sur la communication. L’affaire des couveuses koweitiennes, est une opération de manipulation, montée de toutes pièces par les Etats-Unis pour vendre la guerre du Golfe (Desert Storm) à l’opinion publique américaine, au Congrès et à l’opinion publique mondiale, en 1990. C’est l’agence Hill & Knowlton, avec la complicité de membres de l’administration américaine, qui avait réussi à manipuler Amnesty International qui publia un rapport resté célèbre, en décembre 1990 dans lequel l’association mettait au crédit de l’armée irakienne la mort de plus de 300 bébés prématurés dont les incubateurs auraient été débranchés volontairement par des soldats irakiens. La rumeur de ces atrocités devint une évidence avec l’audition hyper-médiatisée devant une commission du Congrès des États-Unis d’un témoin direct, présentée comme Nayirah, une jeune infirmière de quinze ans qui témoignait les larmes aux yeux des atrocités précitées devant les médias du monde entier.
Ce faux témoignage mis en scène par l’agence de communication Rendon Group (chargée de superviser la communication du CIA et du Pentagone), a directement contribué à ce qu’elle soutienne l’action des puissances occidentales contre les armées de Saddam Hussein, diabolisé désormais comme, le « boucher de Bagdad », et d’ainsi faire basculer l’opinion publique réticente à engager des troupes américaines sur le terrain.
Or, la jeune fille était en réalité la fille de l’ambassadeur du Koweït à Wasington, Saud bin Nasir Al-Sabah.  Et il s’agissait de l’association Citizens for a Free Kuwait, organisée par le gouvernement du Koweït en exil qui avait commandé cette campagne de propagande à la compagnie de relations publiques Hill & Knowlton pour 10 millions de dollars….
Ce témoignage qui sera repris par l’ensemble des média et par le président américain George W. Bush à plusieurs reprises dans ses discours officiels, permettra d’emporter l’opinion publique ainsi que le vote du Sénat le 12 janvier 1991 pour permettre le déclenchement de la guerre.

Autre exemple édifiant de Soft Power : le cas des films hollywoodiens de science-fiction qui conviennent particulièrement à l’actualité de l’époque : peur et paranoïa forment le terreau de ces types de film typiques des années 50 et 60 pour monter en épingle le « danger communiste ». Invasion of the Body Snatchers, en 1956, du réalisateur Don Siegel, est l’exemple typique de cette technique d’influence des masses. La trame onirique est la métaphore de la peur du communisme, qui était une réalité dans les années 50.   The Woman on Pier 13, un film de 1949 de Robert Stevenson, est un autre exemple de cette psychose de l’époque qui n’est pas sans rappeler le traitement médiatique réservé aujourd’hui à la Russie de Poutine.

Alexandre Del Valle : En matière de propagande, on apprend que lorsqu’on fait un témoignage émouvant, très personnalisé cela compte bien plus que des chiffres et des tableaux. C’est le phénomène de la singularisation en marketing, les chaumières doivent pouvoir s’identifier à la personne. C’est pour cela que l’on a fait témoigner une personne racontant des atrocités.

Une agence de communication avait participé à la mise en scène dans le cadre de l’affaire des couveuses, il s’agissait de l’agence Hill & Knowlton. L’utilisation de cet type d’agences est fréquent. Pour la guerre du Kossovo et de Bosnie, entre 1992 et 1999, on est intervenus plusieurs fois contre les Serbes et pour déclencher la guerre du Kossovo, on a fait appel à une autre société, Ruder & Sinn qui a monté l’intox des charniers Raçak. En plein accords de Rambouillet avec l’Onu et les Albanais, les Américains ont montré un peu partout des corps mutilés etc. La décision a été prise que l’on ne pouvait pas continuer ainsi la négociation, et les bombardements ont été lancés. C’est cette même société, Ruder & Sinn qui avait contacté auparavant Médecins du monde et Médecins sans frontière en France et qui avait organisé une campagne massive d’affiches montrant un bosniaque prisonnier des camps serbes avec des miradors. L’homme était complètement abimé… En réalité il avait la tuberculose et se trouvait dans des camps de réfugiés de l’ONU. Pendant 10 ans cette société a travaillé avec les ennemis des serbes, comme certains kosovars, des croates, des américains etc.

Pour légitimer des actions, il faut des mobiles, une justification morale qui est parfois une intox. Malheureusement l’être humain n’apprécie pas qu’on lui annonce les réels buts, même si parfois ces objectifs sont acceptables. L’être humain aime entendre de belles histoires. Une partie peut être vraie, mais on va l’exagérer. C’est humain, mais malheureusement en politique c’est systématique. Le mensonge devient industriel. Diriger un pays sans mentir est impossible. Il faut agiter des arguments émotionnels. Des cellules de communication ne font que ça : inventer des « story telling ». Ceci est particulièrement juste dans le domaine de la guerre puisque combattre est mal perçu en démocratie. La guerre ne pouvant être menée au nom des intérêts géopolitiques concrets, il est préférable de l’engager au nom de belles idées d’ordre moral.

Quels sont les principaux acteurs et outils relatifs au soft power ?

Olivier Guilmain : Les instruments et acteurs du soft power sont variés. Mentionnons ici l’industrie du cinéma évoquée ci-dessus, les médias dans toutes leurs diversités, la diplomatie traditionnelle et la diplomatie économique, les ONG financées par des fonds publics, etc.

Pour ce qui concerne le Soft Power russe, on remarque depuis quelques années le développement continu d’une stratégie audiovisuelle et médiatique affirmée avec notamment la chaîne de télévision RT (autrefois Russia Today) diffusée en anglais, en arabe et en espagnol, avant la déclinaison française, d’ici la fin 2015 et aussi avec la diffusion dans 31 langues désormais du site informatif Sputnik qui a regroupé les plus grands agences russes d’information.

Ces deux médias proposent un reformatage (rebranding) de l’image de la Russie et popularisent la vision du monde d’un pays qui se veut moderne et qui prône le multilatéralisme, une approche non politiquement correcte des dossiers internationaux et, pour l’Europe en particulier, une offensive idéologique conservatrice et chrétienne axée contre le libéralisme moral européen jugé décadent (contre la culture gay, par exemple.)

La dernière loi « anti-ONG »  promulguée par Vladimir Poutine, le 23 mai dernier, permet à la Russie d'interdire des ONG étrangères installées dans le pays et de poursuivre leurs employés. Elle approfondit les lois « anti-ONG » déjà promulguées en 2012 et 2014.

Ce dernier un texte législatif est dénoncé sèchement par les défenseurs des droits de l'Homme qui permet aux autorités d'interdire les organisations étrangères installées en Russie considérées comme "indésirables" par l'État. 

Pour leur part, les Etats-Unis se sont dits profondément choqués par ce texte.   Or, ceci est curieux car, en réalité,  les députés russes, en 2012, avaient pris pour base une loi américaine analogue en vigueur depuis les années 1930, la loi Fara ! En 1938 les Etats-Unis avaient adopté une loi sur l'enregistrement des agents étrangers (Foreign Agents Registration Act, FARA) pour faire face à la propagande nazie. La loi visait à identifier les agents des demandeurs étrangers qui pourraient être impliqués dans des activités de sabotage ou dans la propagande étrangère. La loi américaine Fara concerne non seulement les ONG étrangères ayant une activité sur le territoire des Etats-Unis, mais aussi toute société de lobbying américaine ayant reçu une commande étrangère.

En 2007 la loi Fara a été amendée suite à la réorganisation du ministère de la Justice intervenue en 2006 du fait des conséquences pratiques du fameux « Patriot Act » de 2001 (la loi pour unir et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme»).

Dans quelle mesure cela s'applique en France et quels sont les principales forces ?

Olivier Guilmain : Depuis la fin du XIXe siècle, la France a joué du Soft Power culturel pour compenser ses faiblesses militaires. Aujourd’hui, à côté de la promotion de la francophonie (plus de 220 millions de personnes), le réseau des médias de masse (RFI, France 5 et France 24, la chaîne d’information en continu créée en 2006) a clairement pour ambition de diffuser la langue et la culture française dans le monde. Mais on est bien loin de la capacité d’influence des Etats-Unis avec son réseau formidable d’ONG disséminées partout dans le monde.

La France entend aussi jouer un rôle majeur via la diplomatie économique chère à Laurent Fabius depuis 2012. La priorité pour les diplomates français étant désormais l’économie pour redresser la balance commerciale déficitaire de la France.

Mais je dirais pour conclure que la France joue en ce moment le rôle un peu curieux de relais privilégié de la nouvelle stratégie américaine faite d’une combinaison au cas par cas du Soft Power et du Hard Power connue sous le vocable de Smart Power. Il s’agit pour Washington d’abandonner l’option guerrière unilatérale chère au premier mandat de George W. Bush dont les échecs furent retentissants (Afghanistan et Irak)  pour favoriser une option multilatéraliste lorsque la guerre apparaît nécessaire (le Hard Power.) Et ici, aux côté de Londres, Paris joue pleinement le jeu de Washington en acceptant d’être aux premières loges, voire à l’initiative de la guerre (Lybie, Mali) ou en prônant la guerre sans que ceci fut suivi d’effet (Syrie).

Alexandre Del Valle : Pourquoi tant de politiques travaillent avec des agences en communication ? Pourquoi de grands publicitaires sont constamment sollicités par des politiques ? Parce qu’ils savent créer du rêve. Dans une société hyper communicante. Il est extrêmement difficile pour les hommes politiques de s’en passer. Un ministre me disait : « On passe 70% de notre temps à gérer soit les intrigues politiciennes soit  la communication. Bien plus que notre sujet de travail, c’est la communication autour qui nous mobilise. »

Des lobbyistes aussi essayent parfois de convaincre des hommes politiques en créant des dossiers. C’est flagrant au Parlement européen, les hommes politiques sont très souvent victimes des lobbyistes qui leur font passer des dossiers. Cela marche dans les deux sens : parfois un gouvernement recrute un cabinet de communication et parfois c’est une agence de communication qui va influencer des politiques, plus ou moins à leur insu.



[1] Soft Power : Littéralement « la puissance douce ».

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