Elections locales en Espagne : (très) courte victoire de la droite et atomisation du pouvoir<!-- --> | Atlantico.fr
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Pablo Iglesias (au centre), leader du parti Podemos.
Pablo Iglesias (au centre), leader du parti Podemos.
©Reuters

Victoire à la Pyrrhus

Les Espagnols votaient ce dimanche lors des régionales et des municipales. Le Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy reste le premier parti d'Espagne, mais ce scrutin marque la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la Transition démocratique (1975-1982). Selon les résultats portant sur 90% des voix, les deux partis qui dominent la vie politique, PP et Parti socialiste (PSOE), ne réuniraient que 52% des voix, contre 65% en 2011.

Juan Pedro  Quiñonero

Juan Pedro Quiñonero

Juan Pedro Quiñonero est journaliste. Il est correspondant en France du journal conservateur espagnol ABC.

Auteur d'une vingtaine de livres.

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Atlantico : Ce dimanche soir, après les premiers résultats partiels des élections régionales et municipales en Espagne, quel portrait dresser de la situation du pays ?

Juan-Pedro Quinonero : En quantité de voix, à presque minuit, la droite (le Parti Populaire, PP) est en train de gagner, d’environ 200.000 à 300.000 voix, par rapport à la gauche socialiste (le PSOE). Le vieux modèle d’opposition droite/gauche est toujours valable. Parallèlement, à Barcelone, il est quasiment sûr que la victoire sera remportée par la gauche de la gauche, les anciens du mouvement des Indignés menée par une femme, Ada Colau, qui a elle-même crée un parti qui n’a qu’une implantation dans la ville. C’est une belle victoire pour elle, mais réduite localement. A Madrid, à l’heure actuelle, la droite et Podemos (gauche de la gauche) sont presque à égalité, la situation est incertaine. Il y a là une très belle percée de Podemos et un coup de semonce très dur contre la droite, qui peut être détiendra toujours Madrid.

D’un point de vue global, on s’aperçoit que l’Espagne devient très difficile à gouverner. Il y a un Etat, la droite y est au pouvoir. Puis, il y a ces 17 autonomies régionales. Au Pays Basque et en Catalogne, les partis nationalistes gouvernent. En Andalousie, la gauche socialiste est en train de gagner. Apparemment, la droite gagnera aujourd’hui 11 ou 12 régions sur 13. Ce sera extrêmement compliqué à gérer, car si même la droite gagne, c’est de façon très juste. Elle devra donc gouverner avec le parti Ciudadanos, "Les citoyens", la droite modérée.

Au niveau européen, ce qui est important, au-delà de la percée de la gauche de la gauche, c’est que l’Espagne sera très difficile à gouverner. A Barcelone, par exemple, la deuxième ville, 7 partis sont présents avec une majorité de la gauche radicale.

Il y aura des élections législatives en fin d’année, et on verra bien ce que cela donnera. Pour l’instant la seule évidence, c’est ce caractère difficilement gouvernable du pays. Il y a une fragmentation globale de tous les partis politiques. Ce système peut sembler dur à comprendre pour les Français.

Les optimistes tablent sur des alliances. Elles sont inévitables dans les régions et les grandes villes, elles donneront lieu à un grand marchandage. Comment négocier ? Cela prendra des jours et des semaines, surtout à Madrid et à Barcelone. C’est une situation qu’on a déjà observé en Andalousie.

Dans les médias français il a beaucoup été question du parti Podemos. Celui-ci était souvent comparé à Syriza en Grèce, que pensez-vous de l'analogie ?

C’est du pipeau cela car les deux n’ont rien à voir. Au niveau global espagnol, Podemos est différent, il n’a pas de tradition communiste comme en Grèce, il est moins à gauche et n’a pas d’importance capitale. Au niveau municipal, le parti fait une belle percée à Madrid, mais c’est tout. Il n’y a pas une grande implantation de Podemos au niveau municipal. Ils sont très loin du pouvoir. En Andalousie ils ont essayé de négocier avec les socialistes, et ces derniers n’ont rien voulu savoir.

L’importance de Podemos dans la gouvernance de l’Espagne est quelque chose à voir dans les prochains mois. Pour l’instant, ils sont surtout dans les médias, mais n’ont pas une assise politique définitive.

Ce scrutin profitera-t-il aux nombreux indépendantistes catalans qui ne cessent de réclamer un référendum d'auto-détermination ?

Pendant les 5 derniers années, les sondages disaient qu’une majorité, courte mais réelle, des Catalans voulaient l’indépendance. Depuis quelques mois, la tendance s’est inversée. Le résultat des élections municipales pourrait avoir une importance dans le processus mais c’est difficile à savoir. Il y aura des élections régionales en Catalogne à la fin du mois de septembre, mais les élections actuelles ne donnent pas un message clair.

A Barcelone même, il y a trois partis nationalistes catalans présents, et ils sont minoritaires par rapport à l’équivalent barcelonais de Podemos. Il y a ensuite un parti de droite traditionnel, un parti de centre-droit, des socialistes, et ceux-ci sont contre l’indépendance. Il y a ensuite trois ou quatre d’extrême-gauche, dont les spectre peut aller de Syriza jusqu’à des thèses d’autonomie ouvrière. Bonjour les dégâts. La seule évidence c’est que les Catalans sont extrêmement divisés et la Catalogne est aussi divisée que l’Espagne.

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