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La photo qui montre comment Hollande voit la France
©Reuters

Le choc d'une image

Tout cliché validé et diffusé par les services de l'Elysée a valeur de symbole. Celui-ci a été dument mis-en-scène et réfléchi.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Pour ses trois ans (à l'Elysée) François Hollande avait décidé de se rendre au Conseil Economique et Social. Là il avait choisi de dialoguer avec huit jeunes. Pas n'importe lesquels. Aucun jeune en effet, ne traîne par hasard au Conseil Economique et Social. Il y a des endroits plus fun et plus ludiques. Pourtant, il y avait bien huit jeunes autour de Hollande.

Huit jeunes désignés après une sérieuse et difficile sélection. Huit jeunes qui auparavant avaient reçu la visite des communicants de l'Elysée chargés de s'assurer qu'ils étaient bien sous tous rapports. Huit jeunes dont les personnalités et les profils avaient été attentivement scrutés par les services de sécurité. Ne dialogue pas qui veut avec le chef de l'Etat. On avait donc vérifié que parmi eux il n'y avait ni apprentis djihadistes, ni énergumènes frontistes ni excités mélanchonistes.

C'est normal, banal et classique. Pas de quoi fouetter un chat. Les huit jeunes donc ont été déclaré bons pour représenter la France jeune. Sur une des photos diffusées par les services de la Présidence on voit une jeune fille noire strictement voilée. Une sur huit! C'est beaucoup non? Le hasard n'étant pour rien dans ce choix, on peut s'interroger sur la façon dont Hollande voit la France et telle qu'il veut qu'on la voit.

Une sur huit ! Au nom de cette arithmétique là on aurait pu prendre un (une) jeune handicapé(e) : il y en a en France beaucoup plus que de filles voilées. Faisant fi de toute arithmétique, un jeune juif en kippa aurait pu également faire l'affaire puisque le combat contre l'antisémitisme est, paraît-il, une grande cause nationale. Eh bien non ! On a voulu montrer le voile sans doute pour faire un petit coucou aux "jeunes de banlieue" si injustement stigmatisés.

Mais aujourd'hui dans le village global où nous sommes un message ne connait pas de frontières. Il parvient via internet aux filles d'Afghanistan, du Pakistan, d'Arabie Saoudite et de tant d'autres pays où elles sont fouettées, lapidées, mises à mort précisément parce qu'elles refusent de porter le voile. Ce sont elles que François Hollande insulte. La même image se diffuse dans toute la France, à Evreux, Bourges, Angers, Bergerac, Hénin-Beaumont et irrite des braves gens qui ne veulent pas être confondus avec Trappes, Stains, la Courneuve et Vaulx en Velin. A eux aussi Hollande fait du mal.

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