Alerte aux PFC : 200 scientifiques mettent en garde contre ces produits chimiques qui ont envahi notre quotidien <!-- --> | Atlantico.fr
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La protection des papiers dont ceux utilisés pour le conditionnement des aliments (emballages alimentaires) peut être toxique.
La protection des papiers dont ceux utilisés pour le conditionnement des aliments (emballages alimentaires) peut être toxique.
©Wikipédia commons

Effets toxiques

Si l'on sait depuis bien longtemps que les produits chimiques sont loin d'être nos amis, 200 scientifiques du monde entier viennent de nous le rappeler. Bien qu'on ait substitué à de nombreux produits des équivalents plus sûr, le problème perdure.

Jean-François Narbonne

Jean-François Narbonne

Jean-François Narbonne est l'un des experts de l'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, professeur de Toxicologie, expert pour l’affaire du Chlordécone.

Il est par ailleurs professeur à l'Université de Bordeaux 1 et docteur en nutrition.

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Atlantico : Un rapport parût dans "Environmental Health perspective" et signés par 200 scientifiques venant de 38 pays différents, met l'accent sur les dangers que peuvent représenter les produits chimiques, particulièrement, les polyfluoroalkyles et les perfluoroalkyles. Dans quels biens manufacturés trouve-t-on ces produits?

Jean-François Narbonne : Les composés perfluoroalkylés représentent une sous famille très large des PFC. Leurs utilisations domestiques sont diverses et variées. On les retrouve dans le traitement des surfaces (usages : détergents, traitements antiadhésifs), la protection des papiers dont ceux utilisés pour le conditionnement des aliments (emballages alimentaires), dans les imperméabilisants (vêtements, tapis, cuir, chaussures, ustensiles de cuisine), les antiadhésifs papiers (emballages alimentaires), les peintures, les détergents (nettoyants, shampoings), les pesticides et les insecticides et les revêtements de batteries de cuisines (ils y sont présent à 0,5%).

Ils sont aussi employés de façon plus spécialisée, comme dans les mousses anti-incendie, dans les agents tensio-actifs pour les puits de pétrole et les mines, les fluides hydrauliques dans l’aviation, les placages de métal (chrome), les semi-conducteurs, la photolithographie et les semi-conducteurs ou encore la photographie.

Dupont, fabricant de la marque Teflon, a aussitôt remplacé ces produits qu'il avait utilisés pendant 45 ans. Comment se fait-il que l'on ne découvre la dangerosité de ce produit qu'aujourd'hui?

Les PFOS sont d’excellents adhésifs que nous nous avons découvert avec le ruban Scotch et les joints Rubson ils sont aussi utilisés comme imperméabilisants dans les fibres (Goretex, la fibre Dupont) et dans les emballages alimentaires.

Il est totalement inexact de dire que l’on découvre leur toxicité aujourd’hui. Cela fait plus de 20 ans que l’on fait des recherches toxicologiques et d’exposition. Ils ont des caractères commun de toxicocinétique (accumulables) et de mécanisme d’action (perturbateurs endocriniens, pour les stéroïdes et la thyroxine). Ainsi certains composés perfluorés comme le PFOS et le PFOA sont rémanents dans l’environnement et peuvent s’accumuler chez l’animal et l’homme. Ils sont également les produits de dégradation ultimes de nombreux composés perfluorés dans l’environnement et dans les organismes vivants. Il en résulte une pollution généralisée de l’environnement (eau, sol, air) et une accumulation dans la chaine alimentaire. L’alimentation, notamment les produits de la mer, sont une source importante d’exposition aux composés perfluorés.

Les composés perfluorés sont des toxiques cumulatifs qui se lient aux protéines plasmatiques. Les demi-vies apparentes d’élimination du PFOS et du PFOA sont respectivement d’environ 5 ans et 4 ans en moyenne chez l’homme, et varient de quelques jours à quelques semaines chez l’animal. Après absorption, ils sont majoritairement retrouvés dans le foie, le sang et les reins.

On est avec le PFCs dans le même cas que les PBDE. Ces substances ont été utilisées plus récemment que les organochlorés mais en beaucoup plus faibles quantités. Ils ont été classée émergents. On s’est donc aperçu que leurs concentrations augmentaient dans les différents compartiments de l’environnement et on a commencé à prendre des mesures de restriction d’usage à partir des années 90. On a alors vu leurs concentrations redescendre en particulier les PFOS dont la teneur dans le lait humain à été divisée par 2 de 1995 à 2005. Même constat par exemple dans le foie des loutres de mer en Alaska. Dans le sang humain les PFCs sont 20 fois moins présents que les PCBs et du même ordre de grandeur que les PBDE. 

Ces produits chimiques sont donnés responsables de divers problèmes de santé. Quelles maladies peuvent être causées par l'utilisation de biens manufacturés fabriqués avec des polyfluoroalkyles ou des perfluoroalkyles?

Il n’y a aucune preuve montrant que dans la population générale ces produits induisent des maladies (en dehors d’expositions professionnelles). Ils sont simplement suspectés (comme tous les perturbateurs endocriniens) de faire partie des nombreuses substances PE naturelles ou de synthèses qui pourraient être liées à l’augmentation de nombreuses maladies au cours de la période 1985-2005. Leur toxicité a surtout été démontrée in vivo et in vitro chez l’animal. Les études de toxicité ont surtout été menées avec le PFOS et le PFOA. Les principaux effets toxiques rapportés chez l’animal ont été observés au niveau du foie, des fonctions de la reproduction et du développement, du système immunitaire et hormonal et du métabolisme lipidique. Le PFOS et le PFOA entrainent également des effets de type néoplasique, mais ne sont pas génotoxiques.

En France, l'exposition moyenne au PFOA chez la  population est tout à fait inférieure au niveau qui pourrait représenter un danger. Il n'y a donc, dans notre pays, aucun risque aujourd'hui.

Les groupes industriels contestent ce rapport. Selon eux, ces produits chimiques seraient bien moins dangereux que ceux qui pourraient les remplacer, ce que l'Environmental Protection Adgency a dailleurs confirmé. A quels problèmes pourrions nous être confrontés ? 

Devant la nécessité de baisser globalement l’exposition aux PE, continuer de baisser l’exposition aux PFCs est  un objectif de précaution. Mais, évidemment trouver des substances de substitution avec les mêmes caractéristiques techniques exceptionnelles que les PFCs tout en étant mais dangereuses va être très difficile car il faudra alors sortir des polyhalogénés et il n’y a pas à ma connaissance d’alternative crédible (comme d’ailleurs pour le BPA dans les boites de conserve).

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