Qui finance qui à l’UMP et qui est le mieux placé dans la course aux fonds ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le financement de la droite a subi de nombreux changements avec la sélection du candidat par le biais de primaires.
Le financement de la droite a subi de nombreux changements avec la sélection du candidat par le biais de primaires.
©Reuters

Course de fonds

Le financement de la droite a subi de nombreux changements avec la sélection du candidat par le biais de primaires. Et si tous les candidats briguent le soutien des grands patrons, des expatriés ou des fortunes françaises, les petites souscriptions ont pris une place essentielle pour l'UMP depuis le "sarkhoton".

Carine Bécard

Carine Bécard

Carine Bécard est journaliste politique à France Inter.

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Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Dans le but de relancer le "premier cercle", club auxquels appartenaient les donateurs les plus généreux de l'UMP, ces derniers ont été conviés lundi 4 mai au siège de l'UMP pour une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Les membres du premier cercle sont-ils toujours acquis à Nicolas Sarkozy comme ce fut le cas par le passé, ou la donne a-t-elle changé ?

Carine Bécard :Les grands donateurs sont aujourd'hui surtout acquis à la droite, qui incarne aujourd'hui le changement. Ils suivront donc le candidat qui pourra faire gagner le camp pour ensuite exprimer leurs idées.

Mais Nicolas Sarkozy a beaucoup déçu parmi le monde de l'entreprise et plus globalement des entrepreneurs. Il est par exemple intéressant de discuter avec Charles Beigbeder qui certes est un proche de Jean-François Copé, et donc pas un sarkozyste pur, mais qui explique clairement que les cinq années que l'ancien président a passé à l'Élysée ont été vaines pour les entreprises. Le lien entre les deux n'est donc aujourd'hui pas des plus simple, en tous cas il est abimé.

Le financement du parti a en revanche changé depuis le "sarkhoton". Si les cadres du partis ont donné plusieurs milliers d'euros, ce qui est toujours bon à prendre, l'UMP a pris conscience du potentiel que les petit donateurs pouvaient représenter. Frédéric Péchenard, directeur général du parti, l'explique d'ailleurs ouvertement. Les souscriptions de 10, 20, 30 euros, parfois réalisées plusieurs fois dans l'année, représentent des sommes dont le parti ne peut pas se passer aujourd'hui.

Nicolas Sarkozy compte donc aujourd'hui davantage sur eux que sur ses très gros soutiens alors que pour la présidentielle de 2007, il est vrai qu'on le voyait surtout aux côtés de personnes influentes, des grands patrons et des grandes fortunes. Cela ne veut pas dire pour autant que cela ne peut pas changer. Mais aujourd'hui, certains patrons préfèrent le programme économique de François Hollande : les cartes sont rebattues.

Jacques Chirac pouvait bénéficier du soutien de nombreuses fortunes, lesquelles ont ensuite appuyé Nicolas Sarkozy par exemple. Qui ces derniers suivent-ils désormais ?

Carine Bécard :On n'a pas le sentiment que les réseaux chiraquiens soient aujourd'hui au service d'Alain Juppé : il n'aurait peut-être pas eu besoin d'organiser dans le cas inverse de soirées de récoltes de fonds en Amérique du Nord. Ce qui est intéressant, c'est qu'Alain Juppé est l'homme de Bordeaux, et qu'à travers sa ville, connue pour le vin, ainsi qu'à travers ses différents mandats au Quai d'Orsay, il a pu rencontrer des gens fortunés du monde entier. Quand il va à l'étranger comme c'est le cas actuellement, il peut jouir d'une bonne notoriété qui lui permette à la fois de récolter des fonds, mais qu'il a également une notoriété à l'étranger, auprès des expatriés alors qu'il fait l'effort de se déplacer. C'est également l'occasion de jouir d'une bonne couverture médiatique à peu de frais, et de faire concurrence à Nicolas Sarkozy qui donne de multiples conférences à l'étranger : Alain Juppé montre par-là qu'il n'est pas le seul à jouir d'une certaine notoriété.

Qu'en est-il de François Fillon, qui a commencé la course aux fonds de longue date ? 

Bruno Jeudy : Ce que l'on observe, c'est qu'alors que François Fillon avait il y a un ou deux ans encore les faveurs des grands patrons, que ce soit avec Marc Ladreit de Lacharrière, ou encore d'Anne Méaux qui détient un carnet d'adresse important auprès des patrons du Cac 40, il est aujourd'hui contesté par Alain Minc qui constitue un allié important d'Alain Juppé auprès de ces derniers. Il lui apporte à la fois ses réseaux et son aide, et s'applique sans doute en coulisse à lisser son programme jugé étatiste. Il peut aussi positiver son positionnement libéral sans doute plus marqué qu'on le dit. 

François Fillon s'active en revanche en coulisse pour profiter du soutien des réseaux chiraquiens. Le match est aujourd'hui installé entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Et Bruno Lemaire, qui incarne le "renouveau" de la droite ?

Bruno Jeudy : Plusieurs hommes d'affaire l'aident déjà : il apparaît comme le quadra d'avenir de la droite. Il peut aussi bénéficier des réseaux chiraquiens. François Pinaut a par exemple longtemps été aux côtés de Jacques Chirac. Il y a ensuite les réseaux traditionnels dans le patronat français qui a beaucoup aidé les chiraquiens, lesquels sont aujourd'hui tentés par Alain Juppé ou Bruno Lemaire. Bernard Arnault prend soin quant à lui de ne pas se prononcer.

Carine Bécard : Il est sans doute très soutenu par les militants liés au nouveau souffle qu'il souhaite donner. Ce ne sont pas forcément des grands patrons ou des personnalités influentes, mais plutôt les sympathisants qui ont un sentiment de défiance vis-à-vis des politiques et qui croient en lui car il a la volonté de faire de la politique différemment. Il dit avoir des fonds, d'ailleurs c'est la première possibilité qui est proposée aux visiteurs sur son site. Un bon entourage de fidèles est parfois tout aussi important que des grands donateurs.

Dans ces conditions, qui est le mieux positionné pour la course aux fonds ?

Bruno Jeudy : Si Nicolas Sarkozy peut profiter de son statut de président du parti de droite, François Fillon a quand même commencé il y a longtemps : on peut imaginer qu'à travers sa structure de Force Républicaine, il a pu réussir à récolter des fonds. Bruno Lemaire quant à lui a pu prendre de l'avance. Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand sont dans une situation plus difficile, très bas dans les sondages, et ils s'y prennent tard. Mais celui qui gagnera la primaire de 2016 gagnera par là le statut de favori, et donc attirera à lui les grands donateurs aussi.

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