J. Chartier : "Lorsque j'observe la ferveur des déplacements de François Fillon, je sais d'où viendra la surprise à droite en 2016" <!-- --> | Atlantico.fr
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Jérôme Chartier.
Jérôme Chartier.
©Reuters

Grand Entretien

Alors que le duel attendu pour les Primaires de 2016 est celui qui opposera Nicolas Sarkozy à Alain Juppé, François Fillon mise sur l'élaboration d'un programme pour "faire de la France la première puissance en Europe dans 10 ans". Si l'ancien Premier ministre peut se prévaloir d'une bonne opinion chez les Français, il peine encore à séduire au sein de la droite.

Jérôme Chartier

Jérôme Chartier

Jérôme Chartier est un homme politique français, actuel maire de Domont et député de la 7ème circonscription du Val d'Oise.

Il est notamment l'auteur d'un rapport sur la convergence fiscale franco-allemande. 

 

 

 

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Atlantico : François Fillon a misé sa stratégie en vue des primaires UMP sur la proposition et la mise en place d'un programme à partir de la structure Force républicaine. S'il séduit une partie des Français (30 points de côte d'avenir dans l'enquête TNS Soffres du 29 avril), son score demeure marginal au sein des électeurs UMP. Alors que vous proposez à la fois un programme et une vision, comment expliquez-vous que François Fillon peine à rassembler massivement ?

Jérôme Chartier : je ne pense pas un seul instant que Francois Fillon peine à rassembler. Je pense que le temps d'aujourd'hui n'est pas encore celui de la primaire et que ce n'est qu'à ce moment là que nous verrons qui est capable de rassembler la Droite et le centre. 

Le temps d'aujourd'hui est celui de la réflexion et des propositions. Or seul Francois Fillon a fait à ce jour le constat sans concession de nos erreurs et de nos échecs. Seul lui en a tiré une réflexion et des propositions s'appuyant sur une méthodologie nouvelle qui fait largement appel à la société civile, celle-ci même qui votera lors de la primaire. 

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J'observe que sa cote d'avenir ne cesse de progresser depuis janvier, ce qui confirme que les Français croient tous les jours un peu plus en cet homme d'Etat qui se présentera pour la première fois à la magistrature suprême, qui a un regard juste, des idées fortes, des propositions radicales et l'énergie comme la volonté pour les conduire à leur aboutissement.

Le duel semble déjà installé, celui qui est attendu opposera Alain Juppé à Nicolas Sarkozy. Bruno Lemaire, quant à lui, incarne le "challenger", le renouveau. Que reste-t-il à François Fillon dans cette configuration ?

Qui peut dire que le duel d'aujourd'hui sera celui de la primaire dans un an et demi ? Personne. 

Dans toutes les élections présidentielles, le scrutin a réservé des surprises. Qui attendait Jacques Chirac en 1995 ? Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002 ? François Hollande en 2011 ? Chaque élection présidentielle réserve son lot d'inattendu et celle-ci ne dérogera pas à la règle. 

Lorsque j'observe la ferveur des déplacements de François Fillon, je crois savoir d'où viendra la surprise. 

Que pensez-vous du nom Les Républicains pour l'UMP ? En quoi pourrait-il répondre aux attentes des électeurs de droite actuellement, et en quoi n'y répond-il pas ? 

A titre personnel, j'apprécie à chaque fois que l'on associe la valeur de République à l'engagement politique. Il s'agit pour moi d'un idéal, auquel chacun peut librement se référer. Je crois par ailleurs que l'attachement à la République est une attente forte de la part des Français et correspond à notre époque. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avions choisi de désigner voici deux ans la structure qui accompagne Francois Fillon dans la primaire a l'élection présidentielle "Force Républicaine".

Si ses propositions et sa méthode peuvent convaincre les cadres du parti, qu'en est-il des sympathisants ?

Lorsque François Fillon présente ses propositions, celles-ci reçoivent d'abord un accueil particulièrement ouvert de la part des professionnels du secteur qui se montrent séduits pas leur lien avec la vie réelle, leur originalité et leur radicalité. Elles donnent lieu également à des échanges nourris sur les réseaux sociaux et pas seulement de la part d'adhérents de l'UMP mais plus largement de personnes qui apprécient cette contribution pour le redressement du pays.  Je n'ai pas de doute qu'elles touchent dès aujourd'hui un plus large public encore auprès duquel elles rencontrent un écho certain et nourrissent une conviction, notamment auprès de celles et ceux qui se sentent concernés. Ainsi, j'ai été frappé par le nombre de commentaires positifs que nous avons reçu pour les propositions de François Fillon comme par exemple sur l'éducation de la part des enseignants comme des parents d'élèves. Et d'ailleurs, bon nombre de ceux qui réagissent ne pensaient pas forcément participer à la primaire et veulent désormais le faire par adhésion au projet de Francois Fillon. Elles sont aussi séduites par sa dimension d'homme d'état et sa capacité à privilégier toujours l'intérêt général. C'est un effet aui se confirme à chaque série de propositions nouvelles. Et cela ancre un peu plus encore ma conviction que François Fillon est l'homme de 2017 pour une France qui veut redevenir grande, libre et rassemblée.

Pour la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait misé sur des propositions fortes comme le "Ministère de l'immigration", ou encore le slogan "travailler plus pour gagner plus". François Hollande quant à lui s'est fait élire sur la taxe à 75%. Quelle proposition symbolique forte, marquante est la votre ?

François Fillon a fait de la valeur de liberté son credo absolu. Il a déduit de ses rencontres avec les Français depuis deux ans que nous avons laissé la France s'enfermer dans un carcan d'obligations, de contraintes, de soumissions et d'interdictions. Il veut relever le défi à travers ses propositions d'offrir davantage de liberté dans un projet d'une France grande et forte à dix ans. Concilier Liberté et responsabilité, voilà comment François Fillon décline ses propositions depuis ces deux dernières années. 

François Fillon dénonce souvent la mise en scène de la politique par les journalistes, comme il a pu le faire lors du supplément sur Canal+ récemment. Pour autant, est-il vraiment prêt à s'imposer l'idée de "fendre son armure" ? Et comment le faire tout en restant digne ?

On l'a vu depuis plusieurs mois, que ce soit à travers un portrait du Point, une interview dans le nouveau magazine Society, sa récente venue dans l'émission Top Gear ou au Supplément de Canal+, François Fillon est en train de fendre son armure mais sans jamais tomber dans l'excès puisqu'il conserve cette pudeur qui le caractérise. Il est lui, tout simplement, mais il accepte maintenant de se faire mieux connaître des français sur un plan personnel.

L'actualité récente montre un intérêt particulier des Français pour les questions d'immigration, de laïcité, de présence du religieux dans l'espace public… Paradoxalement, la droite ne semble pas se préoccuper de ces sujets. Comment l'expliquez-vous ?

Je n'ai pas le sentiment que la droite se retire de ces sujets. Bien au contraire, elle est en train d'ouvrir le débat là où le gouvernement dit qu'il n'y a pas de sujet. 

>> Lire également La méthode Fillon : ISF, 35h, quotas d'immigration etc... exploser les tabous français, quel potentiel électoral ?

Regardez les questions de la tenue vestimentaire dans les espaces publics, réussir un Islam de France, ou encore réguler les flux migratoires par une politique de fermeté associée au co-developpement : où est l'action de la gauche sur ces questions centrales ?

Ses réponses sont affligeantes et son échec depuis trois ans total.

La Droite elle ne cesse de livrer ce débat parce qu'il préoccupe grandement nos électeurs et il est d'ailleurs temps maintenant de confronter en interne nos idées.

Un sondage Ifop pour Atlantico révèle qu'un tiers des sympathisants UMP considèrent que le programme et les idées de Marine Le Pen sont différents de ceux de son père. Un Jean-Marie Le Pen absent du paysage politique pourrait-il ouvrir la voie à des alliances avec le Front national ? 

Reconnaissons alors que deux tiers des sympathisants estiment que le programme entre Marine et Jean-Marie Le Pen est le même ce qui reste considérable.

Globalement, comme le dit ce sondage, les français considèrent que le Front national a peut-être changé de figure tutélaire mais qu'il reste le parti populiste qu'il était, un parti où on est président de père en fille en attendant la petite-fille.

J'ajoute que voter Front National pour un électeur de droite est la certitude d'obtenir au final un élu de gauche. Est-ce vraiment le souhait de ces français qui votent à droite et qui peuvent être séduits par le miroir aux alouettes du FN ?

Propos recueillis par Alexis Franco

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