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Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de la police ?
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Bad boys

Après les affaires Neyret à Lyon et du Carlton de Lille, impliquant des hauts gradés français, l'image du milieu policier est bien amochée...

Bruno Beschizza

Bruno Beschizza

Bruno Beschizza est conseiller régional d'Île-de-France, élu en mars 2010 en Seine-Saint-Denis et Secrétaire National de l'UMP à l'emploi des forces de sécurité.

Avant 2010, il était commandant fonctionnel de Police, secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers.

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Atlantico : En quoi les affaires Neyret et du Carlton entachent-elles l'image du monde policier  ?

Bruno Beschizza : J’y ajoute également l’affaire "Squarcini - Péchenard", soit un total de trois affaires mettant en cause la police... Il est toutefois primordial de ne pas faire d’amalgame, sachant qu'elles sont de nature très différentes.

En ce qui concerne l'affaire de stupéfiants de Lyon, l'antidote contre la corruption au niveau local prévu par la police judiciaire, soit la mobilité de ses cadres, n'a pas été utilisé. Les chefs de la police judiciaire sont normalement mutés tous les 2 ou 3 ans, ce qui n’a pas été le cas à Lyon. Michel Neyret est un grand flic, si bien que personne ne voulait le voir s'en aller.

Je souhaiterais ajouter que Michel Neyret est actuellement suspendu et non pas révoqué. Il n’est mis qu’en examen. Si la justice le reconnaît coupable, il faudra le sanctionner pénalement et administrativement. Je rappelle qu’en France, il n’y a qu’un seul statut de mise en examen. Le fait d'être policier n’autorise pas à un régime spécial, où il serait question d'être mis « plus en examen » qu'un autre. Je rappelle que Jean-Michel Baylet, qui a été invité sur tous les plateaux TV pendant les primaires, est lui aussi mis en examen.

En ce qui concerne l’affaire de Lille, il s’agit d’un cocktail plus compliqué. Elle est à rapprocher de l’affaire Péchenard - Squarcini, dans le cadre de laquelle, François Hollande a ré-inventé la lettre de cachet : il a demandé la démission de Squarcini, en raison de sa mise en examen. Après cette « exécution avant jugement », selon Claude Guéant, l’annonce par Jean-Noël Guérini de son retour à ses fonctions laisse place à un silence assourdissant. A Lille, c’est l’arroseur arrosé, avec Jean-Christophe Lagarde qui est connu pour avoir de vraies relations avec des grands pontes socialistes.

Existe-il de nouveaux comportements déviants de la part des policiers ?

Il ne faut pas oublier que la police est l’un des corps les plus encadrés. Un triple contrôle est exercé par l’inspection générale de la police nationale, par les juges et par la hiérarchie.

Tous les ans, dans la police nationale (140 000 policiers), plus de 130 révocations et plus de 3 000 sanctions sont prononcées. Il existe un problème de communication de la part du ministère, qui devrait relayer ces chiffres. Il serait intéressant de comparer ces chiffres avec ceux des autres ministères. Il me semble par ailleurs que le ministère de l’Intérieur, à lui seul, sanctionne autant que l’ensemble des autres ministères. Nous sommes loin du cliché d’une omerta, où il n’y aurait pas de sanctions. Le système de contrôle fonctionne bien. Malheureusement, il existe des cas dans lesquels des policiers franchissent la ligne. Il faut alors les sanctionner, mais sans jeter l’opprobre sur tous les policiers.

Michel Neyret a été un grand flic de la police d’hier. Avec ces méthodes passées, régnait une sorte d’hypocrisie à la française, consistant à ne pas se poser la question quant à la provenance des renseignements fournis. Mais pour avoir ces informations, il faut avoir des indics, et il est rare de les débusquer dans un couvent !

Pendant très longtemps, les méthodes étaient incertaines, notamment en matière de rémunération des indics. Aujourd’hui, il y a des textes, comme la loi Perben, qui reconnaissent le statut de l’informateur. Les méthodes développées sont également plus modernes, tels que les fichiers ou les empreintes génétiques. Avec les progrès scientifiques, la culture de l’aveu, tout doucement mais sûrement, a disparu au profit de la culture de la preuve.

L'exercice du métier de policier, de par la proximité qu'il impose avec le banditisme, implique-t-il une connivence qui conduit à franchir la ligne jaune ?

Je reste convaincue que 99% des policiers grands ou petits ne franchissent jamais cette ligne.

Les policiers sont des hommes et des femmes comme les autres avec les mêmes référents moraux, la même éthique, mais ils n’ont pas un métier comme les autres
. La journée, ils parlent à des prostitués et des dealers, mais le soir ils rentrent et font faire leurs devoirs à leurs enfants. Je ne crois pas en ce déterminisme. Le contact avec des voyous n’implique pas forcément de perméabilité. Ceux qui franchissent la ligne sont des exceptions, et celles-ci sont sanctionnées.

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