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Port du voile à l'université : ce que perd la République à combattre obstinément tous les signes religieux extérieurs
©Reuters

Laïcité

Depuis 1905, on est passé progressivement d'une laïcité d'équilibre à une laïcité agressive. Il en résulte le retour d'un combat qui ne devrait pas avoir lieu contre tous les signes religieux extérieurs qu'il est possible d'encadrer.

Philippe  Levillain

Philippe Levillain

Philippe Levillain est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris X-Nanterre, membre du Comité pontifical des Sciences.

 

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Je ne suis pas contre le port du voile à l'université car l'université républicaine doit permettre l'expression des libertés. La laïcité stipule la cohabitation des convictions et définit les limites de leur expression. Concernant le voile, il faut bien voir que pour les jeunes femmes qui le portent, c'est une façon d'obtenir la liberté d'acquérir des enseignements et des aptitudes. Le voile, loin d'être toujours une contrainte, permet l'émancipation des jeunes femmes en milieu musulman. Il faut dire que c'est paradoxal puisque ce signe extérieur de contrainte qui irrite dans le vent est une forme d'adaptation à une règle qui leur permet de satisfaire leur entrée dans la modernité. Naturellement, il est clair que le sens de son appartenance religieuse ne doit pas déranger les autres convictions, lesquelles ont aussi droit à la liberté d'expression dans les limites fixées par la loi et le conseil d'Etat. Ainsi, la croix, la kipa permettent d'être soi-même sans offenser.

Il faut dire qu'au départ, la loi de 1905 voulait surtout écarter la possibilité d'une tutelle du catholicisme sur la République. La Laïcité renvoyait à la notion de neutralité, et à ce que l'on peut appeler le droit de croire ou de ne pas croire qui a d'ailleurs été accepté par l'Eglise catholique en 1965. On est passé progressivement d'une laïcité d'équilibre à une laïcité agressive. Il en résulte le retour d'un combat qui ne devrait pas avoir lieu contre tous les signes religieux extérieurs qu'il est possible d'encadrer.

Le risque est donc que l'on aille vers les sectes. La crainte qu'il y a en ce moment en France est la montée de l'islam. La réponse de la République ne doit pas être la maîtrise de l'univers musulman en France. Interdire un culte est très difficile, cela peut même relever de la persécution. La vocation de la République est l'ordre et pas la persécution.

C'est un débat qui mine la question des valeurs républicaines. Celles-ci ne sont pas négatives mais positives. Elles consistent à apprendre et à faire apprendre ce qu'est la liberté et la coexistence. L'islam en France en tant que religion pratiquée fait partie dorénavant des religions monothéistes qui doivent être considérées. Et la loi est faite pour encadrer. L'interdiction non contrôlée du voile, entraînerait une conséquence juridique extrêmement difficile, embarrassante pour la République et ferait un tumulte dans la société française et dont elle n'a pas besoin. Il faut s'inspirer du modèle libéral anglais ou allemand. 

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