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Naissance d'une petite sœur pour le prince George : royale ou pas, pourquoi la vie d'un cadet ne ressemble pas à celle de son aîné
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Vie de famille

Kate Middleton a accouché samedi 2 mai d'une fille petite fille. Rebelles et déterminés, les cadets bénéficient aussi d'une éducation plus souple que les aînés. Car la place dans la famille n'est pas sans conséquences sur le caractère et l'éducation de l'enfant.

Stéphane Clerget

Stéphane Clerget

Stéphane Clerget est médecin pédopsychiatre. Il partage son activité entre les consultations et la recherche clinique. Ses champs d’étude concernent notamment l’adolescence, les troubles émotionnels et les questions d’identité. Il a mis en place à l’hôpital l’une des premières consultations d’aide à la parentalité. Il est l'auteur de Nos garçons en danger (Flammarion) et Les vampires psychiques (Fayard).

Les vampires psychiques de Stéphane Clerget

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Atlantico : Le cadet se définit notamment par rapport à son aîné et doit trouver une place dans la famille. Dans quelle mesure cela influence-t-il son caractère ?

Stéphane Clerget : La difficulté pour le cadet, c'est que d'une certaine manière, tous les possibles ne sont plus ouverts. On va forcément le comparer à l'aîné : soit il cherche à être comme lui et doit, dans ce cas, être meilleur, soit se différencie. Les attentes parentales, en général différentes de celles de l'aîné, influencent le caractère du cadet. Il faut aussi compter avec la volonté qu'un enfant à de se différencier du reste de la famille.

>> Lire également le A-Book aux éditions Atlantico : Psychogénéalogie Partie 1 : L'impact sur ma vie de ma place dans la famille

Les choses ont changé par rapport aux familles traditionnelles. Autrefois les cadets n'avaient pas les mêmes droits que leurs aînés, qui étaient beaucoup plus investis : ce sont eux c'est eux qui héritaient du travail du père, a fortiori quand il s'agissait d'un garçon.

Le cadet profite aussi du fait que les parents ont plus d'expérience. Il y a moins d'angoisse à la naissance d'un cadet, la mère vit mieux sa grossesse. De manière générale, la pression familiale n'est plus aussi importante que lors de la naissance du premier enfant. La mère en profite donc plus, et par ricochet, le père également. Au total, le climat d'accueil est souvent plus serein.

Les cadets ne sont-ils pas plus rebelles que les aînés ?

C'est assez vrai. Le cadet doit aussi imposer sa place par rapport à l'aîné pour pouvoir grandir. L'aîné ne l'accueille pas toujours bien. S'il est jaloux, l'aîné essayera soit de rabaisser le cadet, soit de prendre le pouvoir sur lui en s'occupant beaucoup – c'est plus le cas des aînées filles, qui maternent le cadet. Le deuxième enfant, en conséquence, doit se laisser moins faire.

On considère que le cadet est aussi plus rebelle parce qu'avec son frère ou sa soeur, ils peuvent faire front tous les deux à leurs parents. Il se sent alors plus fort par rapport aux parents.

En quoi cela influence-t-il leur développement futur ?

Les cadets sont moins coincés dans un rôle, il y a moins de projection sur eux, sauf si le sexe est différent de l'aîné. Par conséquent, ils ont plus de liberté et font des choix plus personnels. En général, les parents ont beaucoup d'attentes et projettent en quelque sorte leurs désirs frustrés sur les enfants. Avec l'aîné, les désirs sont assez conformistes.

Avec le deuxième en revanche, les parents s'accordent plus de liberté. Les cadets ont donc plus de liberté à être ce qu'ils souhaitent être. Comme ils font davantage leur choix, ils sont forcément plus déterminés. Si on veut être comédien ou artiste, c'est plus facile d'être cadet ! Les parents acceptent plus facilement que leur cadet exerce un métier artistique lorsque l'aîné est sur les rails en matière de scolarité et va embrasser une carrière plus bourgeoise.

Mais on ne peut vraiment parler du syndrome du cadet qu'au moment où les deux enfants sont du même sexe.

Quelle est l'éducation des cadets ?

L'éducation est souvent plus souple, moins rigide, moins exigeante. Evidemment, cela varie selon les familles et selon le sexe. La situation est différente si l'aîné est une fille et le second un garçon, ou l'inverse, ou si les deux enfants sont du même sexe.

Dans une famille traditionnelle quand le garçon occupe une place considérée comme plus importante. Si l'aînée est une fille, le garçon, le second, aura plus de pression. Evidemment c'est de moins en moins vrai aujourd'hui. Mais lorsque les deux enfants sont du même sexe, la pression est moins nette.

Quel rapport aux autres le cadet entretient-il ? N'est-il pas souvent d'une nature plus sociable que les aînés ?

Oui c'est le cas, puisque le cadet a eu d'emblée l'obligation de partager. L'aîné a eu les parents pour lui seul, tandis que les cadets doivent les partager. Le partage avec la fratrie est un premier pas pour s'éloigner des parents et ensuite calquer sur les amis le lien de fraternité. Les cadets ont donc un peu plus d'habitus social.

Que devient la place du cadet quand le troisième enfant arrive ?

Lorsque le troisième arrive tôt, la tendance est à l'isolement du cadet parce que les alliances créées dans une fratrie sont souvent deux contre un. Or, quand l'aîné est jaloux du cadet, il va adorer le troisième. Le cadet se trouve du coup un peu isolé, et c'est cela que l'on appelle la souffrance de l'enfant du milieu qui se sent exclu, mis à l'écart, surtout que les parents qui avant soutenaient le cadet, n'en ont plus que pour le petit dernier.

Cette situation peut alors favoriser des positions marginales par rapport au reste de la famille. C'est vrai qu'éventuellement aller dans l'armée peut apparaître aujourd'hui comme une démarche plus marginale, ou le reflet du besoin de se trouver une nouvelle famille.

Quand le troisième arrive très tard, le problème se pose moins. Mais lorsque la différence d'âge est importante entre aîné et cadet, il arrive que les deux derniers soient très liés.

Lorsque les cadets deviennent à leur tour parents, quelle conception de la famille projettent-ils sur leur foyer ?

En général, il est assez rare qu'ils s'arrêtent à un enfant ! Mais à la fois, ils sont souvent effectivement sensibles au ressenti de leurs propres enfants, des questions de place, dans la mesure où ils ont vécu des choses singulières. C'est cependant bien sûr c'est le cas de l'ensemble des parents, indépendamment de la place dans leur famille. Reste que les cadets sont particulièrement sensibles aux relations fraternelles de leurs parents.

Au total, les cadets sont souvent ceux qui font les choix les plus personnels et sont moins dans la reprise des attentes familiales. Ils ouvrent du coup parfois la famille à des univers différents.

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