Geoffroy Didier : "La République est accueillante, mais ses valeurs et son mode de vie ne se négocient pas." <!-- --> | Atlantico.fr
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Geoffroy Didier, cofondateur de la Droite forte
Geoffroy Didier, cofondateur de la Droite forte
©Wikimédia

Grand entretien

Si Nicolas Sarkozy affirme regretter le débat sur l'identité nationale mené lors de son quinquennat, la question de l'intégration/l'assimilation et des valeurs françaises qui s'y rattachent reste toujours d'actualité.

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier est député au Parlement européen et directeur de la communication de la campagne de Valérie Pécresse.


 

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Atlantico : Nicolas Sarkozy s'est confessé mardi 7 avril : "quand j'étais président de la République, je n'aurais pas dû parler d'identité nationale mais dire que je voulais défendre les valeurs de la République". Quelle différence sémantique établissez-vous entre les deux expressions ?

Geoffroy Didier : Aucune véritablement. Si le débat sur l'identité nationale a, il est vrai, été improvisé et donc facilement caricaturé entre 2007 et 2012, son principe était en réalité précurseur. L'avoir associé exclusivement à la question migratoire était une erreur. Le sentiment d'appartenance à une nation n'est pas seulement le résultat d'une immigration réussie, mais aussi d'une éducation, d'une transmission d'une culture et de valeurs et du respect de lois et de leur autorité. Il est temps que les responsables politiques regardent la France en face: beaucoup d'immigrés devenus Français ou Français depuis une, deux ou trois générations ne se sentent toujours pas chez eux en France. Et beaucoup de Français depuis toujours ne se sentent plus chez eux dans notre pays. Qu'est-ce qu'aujourd'hui être français? Telle est la question que se pose chacun d'entre nous et à laquelle chaque responsable politique doit présenter sa solution. L'identité sera bel et bien au coeur du débat présidentiel de 2017.

En tenant ces propos, quelle est la stratégie politique de l'ancien président de la République ?

Faire triompher la Republique, une, indivisible et laïque à un moment où certains ont décidé de la défier, portant des desseins communautaristes et n'hésitant pas à instrumentaliser des religions à des fins politiques. La République est accueillante, mais ses valeurs et son mode de vie ne se négocient pas. La France est vivante et en mutation permanente, mais je refuse que ses valeurs puissent être vécues à la carte. C'est la raison pour laquelle nous avons eu raison, par exemple, d'interdire le port de la burqa dans l'espace public. Et je n'oublie pas que ceux qui nous donnent aujourd'hui de grandes leçons de République, Francois Hollande et ses amis socialistes, étaient contre cette loi, tout comme celle qui assène des discours prétendument patriotes: Madame Le Pen. Oui, le Front National a refusé l'interdiction par la loi de la burqa en France. Quelle crédibilité a Madame Le Pen aujourd'hui aux yeux de tous ceux qui, comme moi, veulent préserver notre mode de vie? Son patriotisme à elle est de pacotille.

Quel rapport de force installe Nicolas Sarkozy avec Alain Juppé ?

J'ai du respect pour Alain Juppé qui est une référence de la vie politique. Mais je suis opposé à son diagnostic selon lequel la France serait "une identité heureuse". Le bonheur collectif ne se décrète pas, il se conquiert. Et c'est même un combat permanent. Chacun sent bien aujourd'hui que le défi de la France n'est pas celui d'une identité heureuse mais bien d'une identité retrouvée et assumée.

Que peut-on en déduire des liens idéologiques de Nicolas Sarkozy avec Patrick Buisson aujourd'hui ?

La question n'est pas celle des hommes tout comme il ne s'agit pas de céder à quelque idéologie car toute idéologie emprisonne. Avec puis sans Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy saisit le réel et mesure la colère. Je suis totalement sarkozyste lorsqu'au meeting de novembre dernier à Paris, Nicolas Sarkozy parle pour la première fois d'un nouveau modèle: celui de l'assimilation. Notre modèle d'intégration a échoué. Il n'était pas suffisamment exigeant. Une personne qui vient en France, en respecte les lois et les valeurs doit pouvoir accéder à la citoyenneté française sans rejeter ni oublier ses racines. Mais devenir membre de notre communauté nationale, c'est hériter de la France tout entière, de son passé, de son histoire, de son patrimoine, de ses églises qui font sa culture, de ses gloires et de ses déboires. Chaque étranger qui s'installe en France doit pouvoir devenir un jour membre de l'Académie française mais il lui faudra préalablement faire sienne cette vérité de Romain Gary: "je n'ai pas une seule goutte de sang français et pourtant la France coule dans mes veines".

Aborder en France la question de l'identité nationale sans complexe et en évitant l'indignation est-il un vœu pieux ?

Non, et c'est même précisément mon objectif. On peut tout dire mais il faut le dire bien. On peut être ferme sans outrance. Mais ne nous trompons pas : le refus de l'amalgame n'est pas un objectif en soi, mais une manière d'agir. L'objectif, c'est la République. L'immense majorité des musulmans de France vivent leur foi dans le respect de la République. Et la meilleure manière de lutter contre les amalgames et de les protéger est d'imposer la République sur chacune des parcelles de notre territoire. Et qu'enfin, les discours se transforment en actes...

Propos recueillis par Rachel Binhas

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