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OGM : vingt ans de turpitudes françaises
©Reuters

Beaucoup de bruit pour rien ?

Une tribune sur les les PGM (plantes génétiquement modifiées), qui, au final, ont été massivement adoptées dans le monde sans avoir suscité le moindre problème sanitaire scientifiquement validé.

Gérard Kafadaroff

Gérard Kafadaroff

Gérard Kafadaroff, Ingénieur agronome, fondateur de l’AFBV (Association française de biotechnologies végétales), dernier ouvrage «OGM : la peur française de linnovation» Editions Baudelaire 2013.

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Philippe Joudrier

Philippe Joudrier

Philippe Joudrier, ex-Directeur de recherche à l’INRA et ex- président du Comité d’experts en biotechnologie de l’AFSSA, dernier ouvrage «OGM : Pas de quoi avoir peur !» Le Publieur 2010

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Marcel  Kuntz

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz, Directeur de recherche au CNRS, dernier ouvrage «OGM, la question politique» Presse universitaires de Grenoble 2014

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Jean-Paul Oury

Jean-Paul Oury, Docteur en histoire des sciences et technologies, auteur de La querelle des OGM (PUF)

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Depuis 20 ans, les OGM, plus précisément les PGM (plantes génétiquement modifiées), ont été massivement adoptées dans le monde sans avoir suscité le moindre problème sanitaire scientifiquement validé. Cela n’empêche pas les fausses informations, cent fois réfutées, d’être recyclées ad nauseam, y compris à la télévision de «service public». Des images de tumeurs chez des rats de laboratoire ayant consommé un OGM ont été diffusées en s’abstenant de montrer celles des rats témoins n’en ayant pas consommé et développant ces mêmes tumeurs.

La manipulation de l’image par les militants anti-OGM n’a pas de limite.

 De 1996 à 2014 les surfaces cumulées de PGM dans le monde représentent 1,7 milliard d’hectares, soit 60 fois la surface agricole française. En 2014, 18 millions d’agriculteurs dans 28 pays développés ou en développement ont adopté les semences GM, soit 36 fois le nombre d’agriculteurs français.

Que se passait-il en France pendant ce temps ?
En 1996 le gouvernement voulait convaincre les autres pays européens d’adopter la culture des PGM. En 2008 la France est devenue le leader des pays anti-OGM !

Y a-t-il eu un seul problème environnemental en Europe ? Non. Le seul trait autorisé (résistance à des insectes ravageurs du maïs) mais interdit en France, réduit l’usage d’insecticides et va dans le sens du plan Ecophyto de réduction des pesticides.
Une réduction de 500 000 tonnes de pesticides dans le monde en 19 ans d’utilisation de PGM, soit 8 années de consommation française !

Nicolas Sarkozy vient de dénoncer le deal politicien qui doit mener à la fermeture de la centrale de Fessenheim. L’ancien Président serait plus crédible s’il n’avait pas lui-même, en préalable au Grenelle de l’environnement, avalisé les tractations politiques avec les écologistes ayant abouti à l’interdiction de toute culture de PGM en France depuis 2008.


Deux décennies de polémiques, de débats sans fin des responsables français et européens, d’arrangements politiciens, d’empilement de règlementations, jusqu’à l’intervention du Conseil d’Etat et de la Cour de justice de l’UE, pour in fine voir la France s’aligner sur la désinformation et les shows médiatiques des lanceurs de fausses alertes ou des adeptes de la violence (destructions d’expérimentations scientifiques publiques et privées).

Les agriculteurs français sont pénalisés. Il n’y a plus d’expérimentation de PGM au champ. La recherche publique a abandonné toute création variétale utilisant la transgénèse (technologie permettant la création des PGM). La recherche privée se délocalise dans les pays ouverts à l’innovation.
La récente déclaration de François Hollande en faveur de la reprise de la recherche sonne faux…

Le gouvernement veut promouvoir l’«agro-écologie» et s’oppose aux PGM alors que certaines  pourraient contribuer au développement de techniques agronomiques moins gourmandes en intrants chimiques, moins émettrices de CO2 (séquestration de carbone dans le sol notamment), plus respectueuses des écosystèmes agricoles, bénéfiques pour la fertilité et la protection des sols.

Des maïs GM  tolérants à la sécheresse ont été cultivés aux Etats-Unis sur 275 000 hectares en 2014.  Quel sort la France leur réserve-t-elle ?

Les PGM commercialisées dans le monde participent, à l’évidence, au développement d’une agriculture durable, c’est-à-dire plus productive, respectueuse de l’environnement et profitable sur le plan social et sanitaire (par exemple, réduction des contaminants biologiques comme les mycotoxines cancérigènes ou préventions de graves carences nutritionnelles).
La France, précautionneuse, se prive des bénéfices offerts par les biotechnologies innovantes.

Dernier avatar politicien : des décisions, plutôt des reniements, donnent aujourd’hui à chaque Etat membre la possibilité d’interdire, sans réelle justification, les PGM autorisées dans l’UE. Elles vont à l’encontre de la politique agricole commune et menacent d’institutionnaliser le rejet des innovations futures, même évaluées positivement par les instances scientifiques.

Laissons la conclusion à Elisabeth Badinter (avril 2009) :
«Quand, tout àla fois, on rejette le savoir, on ne veut plus prendre aucun risque et que lon sen remet àla bonne vieille mère Nature, on contribue àla mort de notre civilisation. La régression est peut-être plus grave quon ne limagine».

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