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Le bel été touristique que la baisse de l’euro promet à la France
©Reuters

C'est avéré au Japon

En quatre ans, le nombre de touristes au Japon a doublé, en partie grâce à un yen faible augmentant le pouvoir d'achat des visiteurs étrangers. Le "quantitative easing" mené par la BCE rend également - en principe - le tourisme en Europe, et donc en France, plus attractif pour les bourses étrangères.

Joseph Ngijol

Joseph Ngijol

Joseph Ngijol est maître de conférence à la Sorbonne Nouvelle (Paris-3). Il est spécialiste de l'économie du tourisme.

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Atlantico : La politique de relance au Japon, qui a entraîné un yen faible, est un facteur explicatif du doublement du nombre de touristes dans ce pays entre 2011 et 2014. Alors que l'Europe se lance dans le "quantitative easing" avec un euro se dépréciant, peut-on avoir des résultats allant dans le même sens pour la France, un marché pourtant mature dans le domaine du tourisme ?

Joseph Ngijol : Si l'on considère le nombre de visiteurs qui viendront en France, l'impact sera sans doute assez modéré. Et cela pour une raison simple : la France reçoit chaque année entre 80 et 85 millions de visiteurs étrangers, mais 80% d'entre-eux proviennent de l'Union européenne, et donc seulement 20% viennent hors de cette aire géographique. La population qui peut donc se retrouver affectée positivement par une baisse de l'euro est donc assez faible. Bien sûr, cela pourrait inciter des touristes comme les Chinois, qui représentent 5% des visiteurs en France, à venir dans notre pays car ce sont eux qui ont notamment fait décoller le tourisme au Japon. mais il ne faut pas oublier la question de la distance : en effet, un Chinois est parfois plus près géographiquement du Japon que d'autres destinations internes à la Chine. Ce n'est évidemment pas le cas avec la France... On peut donc pour cette population envisager une hausse, mais pas une explosion. Une hausse de 15% me semble envisageable. 

Par contre ce qui va vraiment changer, ce n'est pas tant le nombre de touristes arrivant en France, mais le pouvoir d'achat, et donc le montant des dépenses qu'ils feront sur place. Le vrai changement se situe là.

Justement, quelles nouvelles pratiques de dépenses un euro faible va-t-il entraîner sur les touristes ? Quels sont les secteurs dans le domaine du tourisme qui vont le plus en profiter ?

La baisse de l'euro va incontestablement générer un effet de richesse immédiat pour les touristes en provenance d'un pays qui n'appartient pas à la zone euro. Cette aubaine va sans doute inciter les touristes à prolonger leur séjour, à se laisser plus facilement tenter par les dépenses qu'ils feront une fois sur place... Cela va donc profiter à certains secteurs bien définis : les structures hôtelières, le secteur de la restauration, voire – si l'on considère que cela va profiter aux touristes chinois – le luxe. Il y a en effet une vraie tendance de "shopping tourism" qui se développe chez cette population, et qui va profiter pleinement de la baisse de l'euro.

Les bénéfices que cela va apporter dans le secteur du tourisme français seront-ils répartis équitablement sur le terrioire ?

Non. Considérant que cela va surtout profiter aux touristes venant de pays extérieurs à l'Europe, ce sont donc les zones dans lesquelles ils se rendaient déjà qui vont le plus profiter de la situation. C'est à dire, clairement, Paris et l'Ile-de-France, la région Paca, et les stations de ski pour la période hivernale. Donc les régions qui étaient déjà les plus favorisées.

Plus généralement, quel diagnostic peut-on faire de la performance et de l'attractivité de la France considérant l'influence économique qu'aura la baisse de l'euro ? Qu'est-ce que cela nous apprend d'un secteur qui représente environ 7,5% du PIB national ?

Même si la France va profiter de cette aubaine, il ne faudra pas que la situation occulte une question de fond : pourquoi la France, qui est la première destination touristique mondiale, n'arrive par contre pas en tête pour le "panier moyen" dépensé par un touriste. En effet, nous ne sommes que les troisièmes dans le domaine, et nous sommes talonnés par l'Italie et même... par la Chine. La France n'a pourtant pas de problème d'infrastructures, et son patrimoine riche lui garantit un flux de touristes qui restera toujours très impoirtant. Mais il y a une tendance à se reposer sur des acquis. Par exemple, malgré un boom annoncé depuis longtemps, et déjà en cours aujourd'hui, très peu de structures sont par exemple équipées efficacement pour accueillir les touristes chinois. Il y a un vrai travail à faire, et il ne faudrait pas que l'embellie à venir le fasse oublier, dans une logique d'amélioration sur le long terme.

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