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Ces micro-bulles pourraient sauver la planète
©Reuters

Salut, ça bulle ?

De petites bulles réutilisables dont le rôle serait de piéger le CO2 afin de rendre l'air plus pur : voilà l'invention réalisée par une équipe de scientifiques américains appartenant au laboratoire national de Lawrence Livermore (Californie). De minuscules alliées qui pourraient devenir très importantes dans la lutte contre la pollution de l'air.

Joshuah  Stolaroff

Joshuah Stolaroff

Joshuah Stolaroff est chercheur en sciences environnementales au sein du Laboratoire national de Lawrence Livermore.

Il a notamment travaillé sur la mise au point de nano-bulles permettant d'emprisonner le CO2.

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Atlantico : Des chercheurs du Laboratoire national de Lawrence Livermore, aux Etats-Unis, travaillent sur un projet de nano-bulles qui absorberaient le dioxyde de carbone rejeté dans l’atmosphère. A quoi ressemblent-elles et de quoi sont-elles faites ?

Joshuah Stolaroff : Les coquilles de ces capsules sont faites de silicone, similaire au plastique utilisé pour fabriquer les ustensiles que vous trouvez dans les cuisines. Le « cœur » des capsules est composé d’un mélange d’eau, de carbonate de sodium (aussi appelé « cristaux de soude ») et du hydrogénocarbonate de sodium (aussi appelé « bicarbonate de sodium »). Elles sont créées grâce à un appareil microfluidique.

Cet appareil mélange ces trois éléments - la coquille (lorsqu’elle est encore à l’état liquide), le cœur de la bulle et un liquide porteur (principalement de l’eau) - de façon à produire une double bulle : une goute du cœur de la bulle est prisonnier à l’intérieur de la coquille et flotte sur le liquide porteur. Nous utilisons ensuite des ultraviolets pour solidifier la coquille, ce qui nous donne des capsules. Elles mesurent environ un demi-millimètre de diamètre.

Comment ces capsules arrivent-elles à piéger le CO2 ?

Ces capsules sont conçues pour être utilisées dans un processus dit de captage et de stockage du dioxyde de carbone (Carbon Capture and Storage, CCS).

Aujourd’hui, le CO2 est « capturé » au niveau des cheminées des grosses installations industrielles ou des centrales énergétiques, puis compressé à l’état liquide et injecté en sous-sol, dans des formations géologiques appropriées, où il sera piégé pour des milliers d’années. Beaucoup de chercheurs ont étudié et développé des techniques de CCS ces vingt dernières années. Le plus compliqué est de « purifier » le CO2, en le délestant des fumées de l’installation industrielle, où il est mélangé avec le nitrogène de l’air, pour lui redonner sa forme pure, nécessaire pour le compresser à l’état liquide.

Nos capsules sont l’une des techniques qui peuvent être utilisées pour capturer le CO2 des gaz d’échappement et le stocker sous sa forme pure. Cela est possible car le CO2 traverse facilement les coquilles des captures et réagit avec la solution de carbonate de sodium présente dans le cœur, alors que le nitrogène n’est pas absorbé par ce cœur. Ensuite, quand les capsules sont chauffées, elles peuvent relâcher le CO2.

Ces capsules sont donc réutilisables ? Comment est-il possible d’en extraire le CO2 ?

Les capsules relâchent le CO2 lorsqu’elles sont chauffées à environ 100 degrés Celsius, et peuvent ensuite être réutilisées pour en capturer à nous. Puisque le CO2 relâché est pur, il peut être liquéfié et injecté en sous-sol.

Ces capsules peuvent-elles être déployées à grande échelle, ou leur coût est-il trop élevé ? Seraient-elles utiles pour lutter contre la pollution de l’air ?

Oui, elles ont été conçues pour être utilisées dans beaucoup de centrales énergétiques. Le CCS n’aura un impact sur le climat que s’il est utilisé à grande échelle de par le monde. La capture et le stockage du carbone est un moyen pour nous de continuer à utiliser les centrales à énergies fossiles que nous avons déjà sans affecter le climat. De nouvelles technologies, comme nos capsules, permettent au CCS d’être moins onéreux. Néanmoins, il faudra une plus forte implication des gouvernements et un durcissement des réglementations pour inciter les opérateurs énergétiques à adopter cette technologie.

Ces capsules sont-elles une avancée majeure en termes de lutte contre le changement climatique ?

Les micro-capsules sont une technologie de capture du carbone plus sûre et moins énergivore que les méthodes actuelles. Mais n’oublions pas que la capture du carbone n’est qu’une seule des diverses stratégies qu’il nous faut mettre en œuvre pour lutter contre le changement climatique.

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