Fête des grands-mères : souhaitez-la même si vous faites partie de ceux qui s’achètent une bonne conscience en même temps que des fleurs<!-- --> | Atlantico.fr
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On se parle plus face à deux générations d'écart qu'avec nos parents.
On se parle plus face à deux générations d'écart qu'avec nos parents.
©Reuters

Bonne fête

La fête des grands-mères a lieu ce dimanche. Même si elle résulte d'une opération mercantile d'une grande marque de café, c'est une bonne occasion pour faire plaisir à nos aînés.

Serge Guérin

Serge Guérin

Serge Guérin est professeur au Groupe INSEEC, où il dirige le MSc Directeur des établissements de santé. Il est l’auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont La nouvelle société des seniors (Michalon 2011), La solidarité ça existe... et en plus ça rapporte ! (Michalon, 2013) et Silver Génération. 10 idées fausses à combattre sur les seniors (Michalon, 2015). Il vient de publier La guerre des générations aura-t-elle lieu? (Calmann-Levy, 2017).

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Atlantico : Lancée à l'origine par le "Café Grand-Mère" en 1987, la fête  des Grands-Mères a lieu ce dimanche 1er mars. Invitation à célébrer le lien maternel intergénérationnel, quels sont les aspects bénéfiques de cette fête ?

Serge Guérin : Si l’aspect opportuniste ne doit pas être ignoré, on peut penser que tout ce qui nous rappelle l’importance du lien intergénérationnel est bon à prendre. C’est aussi l’occasion d’évoquer les 15 millions de grands parents. Près de 9 millions de grand-mères et 6,2 millions de grands-pères. C’est la fête  des Grands-Mère, mais n’oublions pas les Grands-Pères !

C’est aussi l’occasion de casser les représentations : les femmes deviennent grand-mères à 54 ans en moyenne et les hommes grands-pères à 56 ans… On parle donc aussi de jeunes seniors, de la Génération Silver qui est loin de ressembler aux images surannées du « Café Grand-Mère »…

D'aucuns soulignent le caractère quelque peu "hypocrite" de cette fête, qui consisterait pour les plus jeunes à racheter leur culpabilité de ne pas avoir été assez présents auprès de leurs grands-parents le reste de l'année. Qu'en pensez-vous ?

Il est indéniable qu’une part importante des grands-mères souffre de solitude. Souvent en raison de l’éloignement géographique, des ruptures familiales ou de difficultés économiques. Pour autant, il ne me semble pas que les plus jeunes soient d’une part très sensibles à cette journée, ni qu’ils soient si indifférents à leur grands-parents. Bien au contraire : ce lien filial est un socle pour beaucoup d’enfants, mais aussi d’ados qui ont besoin d’échanger et de se confronter avec une autorité légitime, des adultes qui recherchent du soutien et ont besoin de lien avec leurs aînés.

Que ce soit fait pour de bonnes ou de mauvaises raisons, qu'est-ce que les marques d'attention des plus jeunes représentent pour les grands-parents ?

Pour les grands-parents, le plus souvent, la relation avec les petits enfants est d’abord un sujet de satisfaction et d’émotion. C’est un moment essentiel dans la relation à l’Autre, aux autres. Les petits-enfants font passerelles avec le monde. Pour les grands-parents, la relation avec les petits-enfants est à la fois plus ludique et moins contrainte qu’avec leurs enfants. Souvent, ils disent qu’avec les petits-enfants, il n’y a que les bons côtés de la parentalité. Mais ils disent aussi que s’ils ont décidé d’avoir des enfants, ils ne sont pas responsables des petits-enfants. Ils peuvent donc se sentir plus libres, parfois d’en préférer certains plutôt que d’autres, ou encore rappeler qu’ils ont d’autres activités et engagements. D’accord pour être la grand-mère mais uniquement sur rendez-vous !

Le lien entre les grands-parents et les petits-enfants est-il aussi distendu qu'on le dit ? Une fête des grands-mères est-elle vraiment utile, finalement ?

Bien sur il y a des familles où plus rien n’existe, des relations qui disparaissent. Mais globalement, c’est l’inverse qui se passe et les difficultés économiques comme les fragilités personnelles ont contribué à densifier les liens.  De même, contrairement au discours ambiant, je vois plutôt des relations fréquentes et apaisées entre les petits-enfants et les grands-parents que du conflit ou de l’indifférence. De ce point de vue, les moyens numériques ont plutôt rapproché les générations : il est plus simple d’envoyer un mail à l’heure que l’on veut et d’y répondre quand bon vous semble, d’échanger en direct via Face Book ou Skype, de passer un coup de fil de son portable, que d’envoyer une longue lettre en s’inquiétant de fautes d’orthographe….

Le lien filial qui nous unit à nos grands-parents est-il comparable à celui qui nous lie à nos parents ? Quels manques spécifiques le fait de couper les ponts avec les "anciens" entraîne-t-il ?

Le lien est différent. On peut se dire des choses plus facilement à deux générations d’écart qu’entre enfants et parents. Couper le lien avec les anciens, c’est nier nos racines, notre histoire, notre héritage…

C’est pour cela, par exemple, que je crois nécessaire d’imaginer le déploiement du Service Civique avec l’implication et l’accompagnement des plus âgés.

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