Sida : les enfants toujours en première ligne<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
Sida : les enfants toujours en première ligne
©REUTERS/Stringer

Tribune

Si de réelles avancées ont été obtenues ces dernières années, la bataille contre le VIH/sida est encore loin d’être gagnée, notamment pour les enfants. L’année dernière, 210 000 nouvelles infections d’enfants ont été recensées à travers le continent africain. Un chiffre qui donne la mesure des défis qu’il reste à relever.

Dominique Ouattara

Dominique Ouattara

Dominique Ouattara est la Première Dame de Côte d'Ivoire. Elle a fondé en 1998 et préside la fondation Children of Africa qui met en oeuvre des projets médicaux et sociaux à destination des enfants du continent africain.

Voir la bio »

Certes, le nombre de contaminations a baissé de 43% sur les cinq dernières années (il était de 370'000 en 2009). La couverture des services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH a également progressé pour atteindre un niveau de 68 % en 2013, contre 56 % seulement en 2011. Mais ces bonnes nouvelles ne doivent pas nous conduire à baisser la garde face à la pandémie.

Car au-delà des chiffres et des avancées thérapeutiques, la réalité est particulièrement cruelle pour les enfants touchés directement ou indirectement par le VIH/Sida. Qu’ils soient eux-mêmes contaminés ou que la maladie touche un de leurs parents, ils se retrouvent dans une situation de fragilité extrême.

Les conditions de vie dramatiques de ces enfants, les poussent parfois jusqu’à la rue où ils deviennent totalement exclus des services de santé (tout comme de l’éducation) et où ils sont livrés à eux-mêmes, victimes silencieuses de toutes les exploitations.

La première urgence consiste à faire baisser encore et toujours le pourcentage de transmission de la mère à l’enfant. Les bonnes pratiques existent pour permettre de réduire quasiment à zéro ces risques d’infection. La prise régulière d’antirétroviraux par la mère pendant la grossesse et au cours de la période d’allaitement doit être systématique.

Trop de femmes en Afrique sont encore exclus des systèmes de santé. Prévenir la transmission mère-enfant est pourtant la clé dans la lutte contre le VIH/sida. Comme le rappelait récemment le directeur de l’Onusida, Michel Sidibé, « en investissant moins de 3 dollars par personne ayant le VIH, on peut éviter 28 millions de nouvelles infections avant 2030 et 21 millions de décès ».

Quand dans le même temps on sait que le coût global des traitements pour un enfant infecté par le virus est de l’ordre de 300'000 euros sur l’ensemble de sa vie, l’investissement pour mettre un terme à cette transmission mère-enfant au cours de la grossesse et des premiers mois de la vie semble dérisoire.

Dans ce cadre, le programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) mais également d'autres initiatives de soutien comme l’Organisation des Premières Dames d’Afrique contre le VIH/sida (OPDAS) dont la Côte-d'Ivoire est partie prenante, n'ont cesse de renforcer les moyens et les campagnes d'information sur le terrain pour sensibiliser à la fois les femmes vivant avec le VIH et leurs partenaires, les décideurs et les prestataires de santé, et éviter ainsi la prolifération et les nouvelles infections infantiles.

Car si la communauté scientifique n'est pas parvenue jusqu'à présent à mettre au point le vaccin qui permettra l'éradication de cette maladie, on sait que les médicaments disponibles, les antirétroviraux, s’ils sont administrés à temps, offrent aux personnes séropositives une espérance de vie égale ou proche de la moyenne.

Il est donc primordial que ce combat reste prioritaire aux yeux de tous et que nous mettions un terme définitif aux nouvelles contaminations chez les enfants. "Nous devons accélérer nos efforts pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030. Aucun investissement n’est plus rentable que celui qui va à la santé et au développement d’une nation", soulignait il y a peu Michel Sidibén.

Nous avons aujourd'hui les moyens et le devoir d'élargir l’accès des mères et des enfants au traitement antirétroviral et cela dans tous les pays identifiés comme prioritaires par les Nations unis. Le Plan mondial pour le sida a en effet recensé 22 pays prioritaires dont 21 en Afrique subsaharienne, et dans lesquels il est indispensable désormais de redoubler d'efforts si l'on veut réduire de manière significative le nombre d’enfants contaminés.

Les disparités et inégalités d'action entre pays restent flagrantes et nous imposent de renforcer les ripostes communautaires contre le virus afin de garantir aux mères et à leurs enfants un accès universel aux médicaments vitaux. En 2013, le Botswana et le Ghana étaient les seuls pays prioritaires à fournir un traitement à plus de 80 % des enfants vivant avec le VIH, alors que trois autres pays seulement avaient atteint un taux de couverture du traitement des enfants de moins de 15 ans de 40 % la même année.

Une plus grande coordination et coopération dans la mise en place des mécanismes d'évaluation des besoins et de soutien des programmes nationaux paraît donc nécessaire et cela dans tous les secteurs d'intervention stratégique, qu'il s'agisse de la prévention de la transmission mère-enfant, des soins pédiatriques pour les enfants infectés, de la protection, du soin et du soutien des enfants affectés et vulnérables, et de la prévention primaire.

"Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida", voilà la vision et les objectifs que défend l'ONUSIDA et en lesquels je crois. En tant qu'ambassadeur spécial de l’ONUSIDA pour accélérer l’accès au traitement pédiatrique du VIH/Sida.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !