Une téléréalité irakienne oblige des terroristes à affronter les familles de leurs victimes<!-- --> | Atlantico.fr
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Un attentat à la voiture piégée à Bagdad.
Un attentat à la voiture piégée à Bagdad.
©Reuters

Face-à-face

Un programme de télévision, orchestré par les autorités et les forces anti-terroristes, vise à humilier les terroristes de l'Etat islamique, reconnus coupables, et détenus dans les prisons irakiennes. Le principe : ramener ces djihadistes sur les lieux des attentats et les confronter aux familles de victimes.

L'Etat islamique poursuit sa progression en Irak. La région d'al-Anbar, la plus grande du pays, serait contrôlée à 85 % par l'organisation. Au total, ce serait un tiers du territoire irakien qui serait aux mains des djihadistes. Face aux attentats à la voiture piégée qui sont le lot quotidien de la population et face aux difficultés éprouvées par l'armée gouvernementale dépassée par cette progression, les autorités misent sur la propagande médiatique anti-islamiste pour rassembler la population autour d'un ennemi, l'Etat islamique.

Depuis neuf mois, le programme phare de la télévision publique irakienne, Al Iraqiya, s'intitule "In the grip of the law" (Aux prises avec la loi). Le concept : confronter des terroristes reconnus coupables avec les familles des victimes des attentats qu'ils ont commis. Chaque vendredi, l'émission de téléréalité rassemble près de 9 millions de téléspectateurs.

Les prisonniers appartiennent pour la plupart à l'Etat islamique. Lors du tournage du programme, sous escorte policière importante, les hommes, récemment capturés et aux mains de la justice, sont habillés de combinaisons jaunes fluo et enchaînés. Ils sont amenés sur les lieux où ils ont commis des attentats où on leur pose des questions. Le présentateur, Ahmed Hassan, leur montre alors des séquences où les terroristes peuvent voir les dommages occasionnés par les bombes qu'ils ont déposées. Puis des éléments de preuve, comme des empreintes digitales ou des échantillons d'ADN, sont apportés pour démontrer leur culpabilité.

"Grâce aux vidéosurveillances, nous montrons comment l'accusé a garé la voiture, comment il l'a fait exploser et comment il tue... Nous montrons à notre public les images, avec la preuve solide qui ne  peut laisser aucun doute sur le fait que cette personne est un criminel et doit payer pour ses crimes", se justifie dans la presse Ahmed Hassan.

Après avoir remis dans leur contexte les évènements, la production met en scène la rencontre entre les prisonniers et les familles des victimes, voire des victimes rescapées. Face à des hommes, muets, souvent en larme, les insultes fusent. "S'il n'y avait pas tous ces gens autour, je te boufferais vivant, tu es un lâche, tu as détruit nos vies...  Tu as détruit le peu que nous possédions, tu es un bâtard, un bâtard ... notre famille, nos enfants, nos amis sont tous morts," hurle un homme au criminel dans une séquence traduite par France 24

La production l'assure, tous les participants au show ont reconnu leur crime, supprimant le risque de montrer à l'image un innocent. Un argument nuancé par Amnesty International qui explique que "beaucoup d'accusés de terrorisme ont été reconnus coupables et condamnés à de longues peines de prison, voire à la mort, selon des aveux réalisés sous la torture".

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