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L’effondrement financier de la Russie va contaminer l’Europe.
L’effondrement financier de la Russie va contaminer l’Europe.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

En deux jours, la monnaie russe a perdu 30% de sa valeur. Les Russes font la queue aux guichets de banques pour acheter du dollar et transférer leurs avoirs à l’étranger. Les prix à la consommation ont commencé à grimper et l’économie toute entière risque une récession de 5% en 2015. La crise Russe va contaminer l’Europe toute entière.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La brutalité de l’effondrement financier de la Russie a semé un début de panique partout dans le monde. Le rouble a baissé de 30% en deux jours, presque autant que lors du grand krach de 1998.

Les valeurs boursières se sont écroulées et les moscovites se bousculent aux guichets des banques pour récupérer leurs avoirs et essayer de les changer en euros ou en dollars. Les banques ont plafonné les retraits à 2000 roubles. Cette classe moyenne russe a déjà senti l’augmentation des prix des produits de consommation importés de l’étranger.

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Chez les milliardaires russes, on essaie de partir. Mais ceux qui ont investi dans les valeurs russes ont perdus plus de 10 milliards en 24 heures. Rien ne permet de penser que la descente aux enfers soit terminée. Cette crise monétaire n’est que la partie visible d’une crise économique extrêmement grave qui s’abat sur la Russie.

La Russie a des réserves de changes, la Russie est assez peu endettée mais les banques et les entreprises vont avoir du mal à rembourser leur endettement privé à l’international, qui est très important. Les échéances de fin décembre 2014 et fin décembre 2015 seront difficiles à couvrir. Il y a donc peu de risque de faillite de l’État russe. En revanche, il existe beaucoup de risques de faillites d’entreprises ou de banques et ces risques sont systémiques.

En peu de temps, la Russie a cumulé les dysfonctionnements qui ont complètement bouleversé son équilibre.

Tout d’abord, la Russie, comme beaucoup de pays émergents, a vu depuis la crise de 2009 son activité économique décliner. Plus de la moitié de son PIB étant alimentée par la vente de son pétrole et de son gaz, cette activité a été touchée par le ralentissement de la demande. Puis, par la baisse vertigineuse des prix du pétrole. Le baril est passé de 140 dollars en 2008 à moins de 55 aujourd’hui.

Cette baisse, qui offre une opportunité de redressement aux pays consommateurs, représente une catastrophe pour la Russie. Si la Russie ne vend plus de pétrole et plus de gaz, la Russie perd l’essentiel de sa rente et donc de ses recettes.

Ensuite, 2ème série de facteurs, la crise en Ukraine a cassé la confiance internationale dans la stabilité du système russe. Les occidentaux ont mis en place une stratégie d’embargo sur les exportations en Russie, qui vise à asphyxier la population pour faire plier le régime. D’un côté les recettes ont fondu, de l’autre les produits importés sont devenus rares et chers.

Enfin, si l’occident a coupé les ponts avec la Russie, le pays n’a pas trouvé à l’est des fournisseurs de remplacement. Résultat, la combinaison de tous ces facteurs a créé une situation en Russie qui risque de devenir très douloureuse pour les populations. D’où l’effondrement de la monnaie, qui mesure la perte de confiance totale dans l’avenir.

Le plus grave, c’est qu’il va y avoir des dégâts collatéraux. La crise Russe risque de contaminer les pays émergents comme la Chine et le Brésil. Mais aussi les pays occidentaux européens dont l’Allemagne, qui était un très gros fournisseur du marché russe. L’économie allemande est en panne. Or, l’Europe a besoin de cette locomotive. Sont contaminées également quelques grandes entreprises européennes qui possèdent des créances sur la Russie et les banques très installées à l’est, comme la Société Générale.

Le problème, c’est que tout le monde parait désarmé face à ce déséquilibre. La Russie parait impuissante à freiner l’hémorragie du rouble. La hausse très brutale et très importante des taux d’intérêt par la banque centrale n’a eu aucun effet positif. Au contraire. La flambée des taux a précipité les détenteurs de capitaux dans la panique.

La banque centrale et l’État russe pourraient puiser dans les réserves de changes. L’État pourrait, de façon autoritaire, restreindre les mouvements de capitaux mais au risque de figer une situation.

La seule solution intelligente est évidemment politique. Elle devrait consister à négocier la fin des sanctions économiques. Ce qui voudrait dire pour les Russes d’abandonner leur position hégémonique en Ukraine.

La négociation sera difficile. Vladimir Poutine ne peut pas abandonner ses ambitions sur l’Ukraine. Il espère que l’Europe abandonnera les sanctions économiques qui gênent autant les économies européennes que l’économie Russe. Il y a donc une partie de bras de fer engagée dont l’issue est très incertaine.

Tout dépend combien de temps l’Allemagne peut supporter les risques de récession. Tout dépend combien de temps le peuple russe acceptera les privations et les restrictions.

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