Changement de nom du FN : 63% des électeurs de Marine Le Pen en 2012 y sont indifférents<!-- --> | Atlantico.fr
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Le congrès du FN aura lieu ce week-end.
Le congrès du FN aura lieu ce week-end.
©Reuters

Bye Bye Jean-Marie

Le congrès du FN aura lieu ce week-end. Malgré les remous suscités par le changement de nom du parti, 60% des sympathisants et 63% des électeurs de Marine Le Pen y sont indifférents. Et fait marquant, la jeune garde est parmi celle qui est la plus attachée au nom, contredisant ainsi les déclarations de l'entourage de Marine Le Pen qui pensait qu'un changement de nom "pouvait attendre".

 Ifop

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Comment expliquer que seuls 40 % des sympathisants et 37% des électeurs de Marine Le Pen à la présidentielle de 2012 considèrent qu'un changement de nom du Front National est un enjeux important ?

Jérôme Fourquet : Les réponses observée à l'occasion de cette première question apporte bien l'enseignement selon lequel le sujet du changement de nom n'en est pas un pour une nette majorité de l'électorat frontiste.

En effet, 60% d'entre-eux sont indifférents à ce changement de nom, et la même proportion des électeurs sont soit en faveur soit opposés à ce changement de nom. Le fait de vouloir conserver le nom actuel du parti peut révéler à la fois un attachement ancien et affectif, concernant la vieille garde du parti, ou témoigner aussi d'un état d'esprit très militant, pour un parti auquel ils ont consacré du temps, de l'énergie et pour certains d'entre-eux de l'argent.

L'électeur de base, lui, ne considère pas que ce soit un sujet à part entière. Il n'est ni hostile, ni néanmoins favorable à un changement de nom.

Que peut-on dire du positionnement de ceux qui sont soit en faveur soit en opposition à un changement de nom ? De quelles attitudes traduisent ces positionnements respectifs ?

Les opposants à ce changement de nom sont principalement représentés par les supporters de la vieille garde de Jean-Marie Le Pen. On voit bien les enjeux qu'il y a derrière cette question-là, d'autant que le père a déjà montré les dents en affirmant son opposition à ce changement de nom, qu'il y mettait un point d'honneur. 

Mais les raisons stratégiques sont aussi présentes. Quand Jean-Marie Le Pen évoque le mal que se donnent les entreprises pour se forger une marque renommée et reconnue, et qu'il est suicidaire et contreproductif de vouloir ensuite en changer. Derrière cette démarcation autour du changement de nom, il y a également une question de ligne politique. Changer de nom, pourrait symboliquement signifier que l'offre politique serait susceptible de changer. 

Chez les personnes favorables, depuis 2010, certains positionnements ont évolué. L'étape ultime représentée par ce changement de nom acterait cet aggiornamento autour du Rassemblement Bleu Marine, qui est davantage un sas pour accueillir tous ceux qui ne se reconnaîtraient pas pleinement dans la marque FN.

Dans la deuxième question posée aux électeurs du premier tour de Marine Le Pen, lors de la présidentielle de 2012, il apparaît que ce sont les catégories les plus jeunes qui sont le plus attachées au sigle du FN. Comment expliquer ce surprenant résultat ?

Ces éléments de réponse prouvent bien que les électeurs de Marine Le Pen y sont attachés, mais pas majoritaires. Ensuite, le fait que Marine Le Pen incarne désormais le Front national pousse certains sympathisants à considérer que la dynastie Le Pen est respectée, et que donc le sigle FN importe moins. Que le changer ne reviendrait pas symboliquement à porter atteinte à ses valeurs. Or c'est évidemment un moyen pour Marine Le Pen de s'affranchir de l'héritage de son père.

Ce qui est également intéressant, c'est de voir que contrairement à ce qu'on aurait pu penser, ce sont les électeurs frontistes les plus jeunes qui sont attachés à la marque. Logiquement, ils auraient pu être davantage sensibles au Rassemblement Bleu Marine, car moins habitués à la marque du Front national et de Jean-Marie Le Pen. Or ce n'est pas le cas. Un des éléments qui permettrait de l'expliquer, c'est peut-être que l'électorat le plus jeune serait adepte d'une ligne radicale et énergique, associée au terme "Front".Les organisations de jeunesse des partis sont traditionnellement plus ancrées et radicales que les autres formations internes aux partis. 

Certaines personnalités autour de Marine Le Pen s'expriment sur le caractère non urgent du changement de nom, et sont confiants sur le fait que cela viendra avec le renouvellement des générations. Mais ce n'est pas si évident.

Qu'est-ce que ce sondage laisse présager pour le Congrès du Front national qui se déroulera ce week-end ?

C'est un bon exercice pour les journalistes et les commentateurs, car il montre bien qu'il faut rester attentif au fait que les sujets de congrès intéressent avant tout les observateurs de la vie politique, beaucoup moins les électeurs.

En d'autres termes, ce que montrent ces chiffres, c'est que bien qu'il agite les esprits à l'Etat Major du FN et dans les cercles journalistiques, le changement de nom du parti extrémiste est clairement un sujet secondaire pour l'électorat frontiste. Il sera intéressant de voir si cette question sera toujours abordée lors du congrès du Front national ce week-end.

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