Relance monétaire : pendant que Mario Draghi radote, la Chine passe aux choses sérieuses <!-- --> | Atlantico.fr
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Mario Draghi intervenait une nouvelle fois en ce 21 novembre afin de tenter de rassurer les acteurs économiques sur la situation actuelle.
Mario Draghi intervenait une nouvelle fois en ce 21 novembre afin de tenter de rassurer les acteurs économiques sur la situation actuelle.
©Reuters

Pauvre, pauvre Europe

Alors que la Banque centrale européenne a établit le bon diagnostic quant au problème de la croissance atone de la zone euro, l'action politique pour favoriser la demande fait toujours défaut. Pendant ce temps, la Chine, également victime d'une demande intérieure moins importante, a décidé de de réagir sans parole ni détour.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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A la Banque centrale européenne, le jours, les mois, les années se suivent et se ressemblent. C’est ainsi que Mario Draghi intervenait une nouvelle fois en ce 21 novembre afin de tenter de rassurer les acteurs économiques sur la situation actuelle.

Car si le marasme européen est bien confirmé par le Président de la BCE "En réalité, les dernières estimations des indices flash de directeurs d’achats (PMI) publiées hier suggèrent qu’une plus forte reprise n’est pas à l’ordre du jour, avec des nouvelles commandes en baisse pour la première fois depuis juillet 2013".

Ce qu’annonce Mario Draghi par ces mots feutrés n’est rien d’autre que la menace de plus en plus probable d’une troisième récession en zone euro, comme le démontre le graphique ci-dessous retraçant l’évolution conjointe des PMI (indices de directeurs d’achats)  et de la croissance européenne :

Source Markit : 

Dans un éclair de lucidité, Mario Draghi indique que le contexte de quasi déflation que connait la zone euro aujourd’hui est bien la conséquence d’une manque de demande. "La demande sous-jacente joue également un rôle". Ou encore “En fait, les statistiques nous donnent des signes clairs  que la faible demande contribue à une faible capacité des entreprises d’augmenter leurs prix".

En résumé, la zone euro est proche de la récession, la déflation est aux portes du continent, et la cause en est la faible demande européenne. Une demande qui, comme le dit justement Mario Draghi (mais de façon détournée) est de la responsabilité de la Banque centrale européenne : "Mais il est également clair que, comme la politique monétaire agit du côté de la demande, que les autres réformes doivent l’assister dans ce processus, ou au moins ne pas aller à son encontre".Le puzzle est parfaitement clair, il est alors assez logique de considérer que la BCE se doit d’intervenir dès maintenant. Mais non. Seulement des mots.

Mario Draghi indique alors "Nous allons faire ce que nous devons faire pour relever les anticipations aussi vite que possible, comme notre mandat de stabilité des prix nous l’impose".Le ton a l’air grave, mais les européens commencent à s’habituer aux grandes déclarations d’un banquier central qui se contente d’annonces non suivies d’effets.

La bonne nouvelle est que l’euro a fortement baissé suite au discours de Mario Draghi, passant de 1.254 USD avant son intervention à 1.238 USD en fin de journée. Les bourses européennes se sont également senties pousser des ailes, +2.67% à Paris, +3.88% à Milan, +3.05% à Madrid. Par contre du côté des taux d’intérêts, c’est à dire des anticipations d’inflation la journée a été catastrophique :

Source. Investing.com

En effet, les taux français à 10 ans viennent de tomber à leur plus bas historique (1.11%), traduisant un effondrement des anticipations de croissance et d’inflation de la part des investisseurs. L’enseignement est que du côté du marché obligataire, Mario Draghi n’est plus écouté. Ses "menaces" de mettre en place un véritable plan de relance digne de ce nom ne sont même plus entendues. C’est sa crédibilité qui est atteinte car les mots ne suffisent plus. Ce sont des actes qui sont attendus.

Mais pour les actes, il faut se tourner vers la Banque populaire de Chine. En effet, quelques instants après le discours de Mario Draghi, les autorités chinoises prenaient acte du ralentissement de leur demande intérieure, mais également du ralentissement économique mondial dont l’Europe est la première responsable. Ici, les mots n’ont pas eu tellement d’importance, les actions ont suffi. Une  baisse des taux de 6 à 5.6%, soit un mouvement de 0.4% a été décidé. Le risque que la croissance chinoise n’atteigne pas les 7.5% prévus aura suffi à faire réagir la PBOC. Grace à ce mouvement, la reprise chinoise est attendue pour le premier trimestre 2015. En Europe par contre, les espoirs sont moins nets.

A lire également, le nouveau livre de Nicolas Goetzmann :Sortir l'Europe de la crise : le modèle japonais, (Atlantico éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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