Ni économique, ni écologique et même dangereux pour la santé… Le triple scandale des lampes à économie d’énergie<!-- --> | Atlantico.fr
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Les ampoules basse consommation ont remplacé en 2013 les ampoules à incandescences sous l'effet de la loi.
Les ampoules basse consommation ont remplacé en 2013 les ampoules à incandescences sous l'effet de la loi.
©Pixabay

Triumvirat

Imposées par la loi, les lampes à économie d'énergie étaient supposées réduire la facture énergétique des Français et protéger l'environnement. Force est de constater aujourd'hui que le contrat n'est pas rempli, et que même la santé des enfants peut en être affectée.

Jean-Pierre Cesarini

Jean-Pierre Cesarini

Jean-Pierre Cesarini est médecin photobiologiste, et cancérologue.

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Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme est professeur émérite à l'Université de Paris XII, il a fait ses études à HEC, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université de Paris, à l'Université Harvard, ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politique de Paris. 

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Atlantico : Les ampoules basse consommation ont remplacé en 2013 les ampoules à incandescences sous l'effet de la loi. Que sait-on maintenant de leur impact sur l'environnement ? Ce dernier y a-t-il gagné ?

Rémy Prud'homme : Aucune analyse précise te sérieuse n'a a ma connaissance été menée sur un éventuel effet bénéfique au niveau environnemental. Je serais curieux de voir comment de telles études pourraient être menées, d'ailleurs. Je me contente de faire preuve de bon sens. N'importe qui rapproche sa main d'une ampoule traditionnelle se rend compte qu'elle émet de la chaleur.

En réalité la part de lumière émise est minime : 5%, contre 95 % de chaleur. Les ampoules nouvelle génération consomment moins d'énergie, certes, mais rejettent aussi moins de chaleur, ce qui mécaniquement a une incidence sur la consommation d'énergie : plus de gaz, plus de fuel, donc plus de CO2 dans l'atmosphère. Alors que l'électricité, elle, étant de source nucléaire, ne pollue pas. A défaut de preuves existantes, c'est à partir de ces observations que l'on peut déduire que l'imposition par la loi de lampes basse consommation augmente l'émission de CO2.

Jean-Pierre Cesarini : Il existe trois types de lampes à basse consommations :

  • les halogènes, qui contiennent des substances extraites du sol et qui posent un problème de récupération de matériel ;
  • les lampes à fluorescence, qui elles aussi posent un problème environnemental. Pour transférer la lumière, il faut des poudres tirées du sol à l'intérieur du verre. Tant que la lampe fonctionne, aucun problème ne se pose, par contre la récupération n'est pas gagnée ;
  • les LED, qui sont différentes, mais qui posent aussi des problèmes de récupération. On n'est pas certain que la dispersion des matériaux qui les composent, qui sont des métaux rares, soit neutre.

Les ampoules basse consommation sont censées durer plus longtemps que les ampoules traditionnelles. Les Français s'y retrouvent-ils au moins au niveau économique ?

Rémy Prud'homme : Les Français ont dû changer des centaines de millions d'ampoules, et ont donc opéré un investissement considérable. On leur a fait croire qu'ils consommeraient moins d'électricité, et que les ampoules dureraient plus longtemps, c’est-à-dire 50 ans contre 5 ou 10 ans. Et à peine 5 ans après, ils se retrouvent sur le point d'être contraints de changer pour des LED. Il y a donc escroquerie, d'autant que la différence de prix d'achat avec les ampoules traditionnelles étant considérable, les consommateurs n'auraient jamais eu de retour sur investissement.

Et il serait faux de penser que cette dépense obligatoire crée des emplois, car si elle n'existait pas, les Français auraient dépensé leur argent ailleurs. Ceux qui y gagnent, ce sont les fabricants de lampes, qui sont majoritairement chinois.

Qu'en est-il de la teneur en mercure des lampes à basse consommation ? Celle-ci constitue-t-elle une menace pour notre santé ?

Jean-Pierre Cesarini : Le mercure est présent dans les lampes à fluorescence et dans les lampes halogènes, qui fonctionnent selon un principe similaire : une décharge qui se trouve être du mercure, à laquelle sont ajoutées des substances qui changent la température de couleur. On sait que le mercure est extrait des sols, mais on ignore ce qu'il devient une fois qu'il est relâché dans la nature, lorsque l'ampoule se casse.

Les ampoules à basse consommation sont décriées par certains parce qu'elles émettent des UV. Est-ce véritablement une menace ?

Jean-Pierre Cesarini : Les ampoules traditionnelles n'émettent pas d'UV, car la température du filament de tungstène n'est pas assez élevée pour en produire en grande quantité, et de toute façon l'enveloppe de verre protège. Les nouvelles ampoules, par définition, sont conçues sur l'émission d'ultraviolets. Dans les halogènes, la température atteinte est telle qu'une enveloppe de de quartz est nécessaire, mais ce dernier, qui est un verre ultra pur, laisse passer les UV. Ensuite les UV sont arrêtés par l'enveloppe de verre, mais un continuum persiste tout de même. D'autre part, le champ magnétique créé par la décharge créant la lumière est négligeable. Les lampes fluorescentes exigent quant à elles que l'on ne se rapproche pas trop longuement à moins de 20 centimètres.

Les LED ne présentent pas non plus de risques en termes d'émissions électromagnétiques. En revanche, elles peuvent être dangereuses au niveau oculaire, car pour un rendement lumineux maximum, les techniciens ont poussé vers le bleu et le blanc très brillant. Contrairement aux sources halogènes ou fluorescentes, les LED ont un pic de lumière très prononcé. Les phares à LED sont particulièrement éblouissants, par exemple, car la lumière est concentrée sur une faible longueur d'onde.

A l'arrivée des LED sur le marché, j'ai dénoncé un certain nombre de risques : il ne faut pas les regarder fixement, surtout lorsqu'on est en bas âge. Sur le long terme, la rétine peut être endommagée. Le cristallin des enfants est particulièrement transparent, et laisse très facilement passer tout ce qui est blanc ou bleu. C'est pourquoi il est recommandé de ne pas intégrer de LED dans les jouets ou dans les espaces accueillant des enfants. C'est seulement à partir de 7 ou 8 ans que le cristallin fonctionnant, des pigments d'usure se forment, et arrêtent les UV.

Les champs électromagnétiques autour des lampes peuvent-ils être cancérigènes ?

Jean-Pierre Cesarini : Pas du tout. C'est une vieille peur agitée par des gourous qui veulent protéger mais ne connaissent pas la biologie des rayonnements électromagnétiques, qui n'ont pas été classés comme cancérigènes. S'il y avait un risque, ce serait de 1 sur 1000 par rapport à l'ultraviolet.

Propos recueilis par Gilles Boutin

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