Pourquoi les G20 sont condamnés après le fiasco australien<!-- --> | Atlantico.fr
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Le dernier G20 qui s’est tenu en Australie a débouché sur un fiasco.
Le dernier G20 qui s’est tenu en Australie a débouché sur un fiasco.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Le dernier G20 qui s’est tenu en Australie a débouché sur un fiasco. Il n’en est rien ressorti d’opérationnel pour les peuples et beaucoup de chefs d’États estiment désormais qu’il est temps d’en modifier les ambitions et les moyens.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le communiqué final du dernier G20 est un modèle de langue de bois à la sauce technocratique, destiné à ne choquer personne mais à ne rien faire évoluer pour régler les problèmes qui déséquilibrent les économies mondiales. Beaucoup n’ont pas attendu la fin du repas officiel pour s’impatienter, à commencer par Vladimir Poutine qui est purement et simplement parti en cours de route.

Selon ce communiqué, les membres du G20 se sont mis d’accord sur les grandes lignes d’une politique économique commune. Sur la croissance, trop faible et trop stable, il faut pousser les réformes structurelles notamment dans la zone euro. Cela, tout le monde le savait.

Selon le communiqué, il faut investir massivement dans les équipements collectifs : l’Afrique n’attend que cela. Sur la finance, les banques doivent être plus règlementées : les américains qui les arrosent en permanence crient le plus fort et veulent des réformes pour les autres. Sur la fiscalité, il faudra lutter contre l’évasion fiscale et l’optimisation : ben voyons. Sur l’énergie ce dont on a besoin c’est de stabilité et sur le climat, il va falloir renforcer les moyens.

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Les "y’a qu'à" et les "faut qu'on" ont fait le service minimum. Ce qui est inquiétant dans ces relations internationales c’est que les chefs d’État fonctionnent encore comme au siècle dernier. Exactement comme Éric Zemmour, le chantre de ceux qui ont peur de tout. Ils ne tiennent pas compte des mutations et des changements.

Les G20 sont des organisations informelles issues des anciens G7. Créé en 1974, le G7 regroupait les 7 pays les plus riches du monde. Depuis que la Russie et la Chine ont compris que l’économie de marché était plus efficace que l’économie centralisée ; depuis que les pays développés se sont aperçus que leurs matières premières valaient de l’or, ils sont devenus émergents. Les G7 sont devenu les G20, le groupe des 20 pays les plus riches du monde.

Ce groupe-là se réunit tous les ans dans un des pays membres mais n’a aucune administration, ni bureau d’analyse. Seulement un ou deux sherpas par délégation. C’est sans doute une des organisations internationales qui coûte le moins cher en termes de fonctionnement. C’était plutôt une bonne idée. L’idée, c’est que ce groupe se comporte un peu comme le conseil d’administration de la planète. C’est un lieu d’échange d’idées, on compare les approches, on évite les conflits économiques.

Depuis l’an 2000, il s’est passé des évènements et des mutations considérables.

Les progrès technologiques de l’internet ont transformé la planète en un village. Les populations sont plus vite au courant des changements que les chefs d’États eux-mêmes. Le monde s’est globalisé, les frontières ont disparu et la concurrence s’est imposée comme principe de base d’une organisation de la production de richesse et de la distribution. L’innovation dans tous les domaines a servi de moteur à la croissance. Des progrès considérables ont été faits, près d’un milliard d’hommes et de femmes sont sortis de la misère grâce aux échanges.
L’espérance de vie a augmenté de 30 ans en moins d’un siècle, la mortalité infantile a reculé partout dans le monde.


Cette mutation gigantesque a entrainé la perte d’influence des États-nations et a réveillé l’agressivité des laissés-pour-compte de la croissance. Lesquels ont été récupérés par les religieux radicaux.Il existe aujourd’hui une course de vitesse engagée entre le progrès économique, sa diffusion, et le terrorisme religieux.

Trois conséquences : les États ayant moins d’influence, le G20 ne peut plus jouer ce rôle de conseil d’administration de la planète. Ses décisions se perdent dans le flou et dans le vide.

Les entreprises et les grandes multinationales ont plus d’influence que les gouvernements. Microsoft et Google font plus dans le monde pour lutter contre l’illettrisme ou le sida qu’aucune autre institution n’a été capable de faire.
Les ONG, financées par les grandes entreprises, font plus que les gouvernements sur le terrain.

Dans ces conditions, le rôle des chefs d’États et de gouvernements n’est surement pas de décider d’une politique économique. Cela fait très longtemps que les États ne créent plus de richesse. Ceux qui créent de la richesse sont dans les entreprises, les petites et les plus grosses.

Le rôle des chefs d’États et de gouvernements n’est pas de gausser sur la pertinence de telle ou telle monnaie. La monnaie n’est rien d’autre que la contrevaleur d’une économie réelle et jamais aucune monnaie n’a créé de la richesse. La monnaie est un jeu à somme nulle. Ce qui est gagné par les uns fini toujours par être perdu par les autres. L’économie réelle est un jeu à somme non nulle où tous les acteurs doivent être gagnants pour se partager la richesse.

Le rôle des chefs d’États et de gouvernements n’est pas de gérer les économies comme le croyait Keynes. Le rôle des chefs d’États et de gouvernements dans des économies ouvertes est de réguler les échanges internationaux, de préparer les écosystèmes. Il devrait être de réveiller l’OMC avant qu’elle ne sombre sous le poids des lobbies, secouer le FMI pour qu’il soit le réassureur en dernier ressort des risques ce qu'il ne fait pas.

Quand on lit le dernier communiqué du G20, on est loin de cet embryon de gouvernement mondial auquel les fondateurs rêvaient. 

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