Et vous pensiez connaître les couleurs depuis votre 1ère année de maternelle, sauf que non… La preuve en images

Spécialiste des couleurs et des sciences visuelles à l'Institut de technologie de Rochester, Mark Fairchild pense que même les physiciens se trompent quand ils affirment avec certitude que la couleur résulte seulement d'un spectre lumineux.

"L'explication que j'apporte généralement à cela est la suivante : je peux prendre chaque longueur d'onde du spectre et lui donner l'apparence de presque n'importe quelle couleur", commente Fairchild sur le site américain NPS.

"Je peux par exemple modifier la couleur grâce à laquelle est éclairée cette pomme rouge pour la rendre verte ou bleue, et même lui donner une couleur encore plus différente", affirme-t-il. "Le rouge n'est pas une propriété de la pomme, il s'agit d'une propriété quand elle est combinée à un éclairage particulier, et à l'observateur qui pose ses propres yeux dessus", poursuit-il.

Pour Fairchild, ces trois éléments sont cruciaux pour définir le rouge, comme n'importe quelle autre couleur. "Il faut que quelqu'un regarde cette pomme pour que toutes les informations soient réunies afin de produire la perception de la couleur." 

Même parmi les personnes dotées d'une vision normale des couleurs, Fairchild affirme que "certaines différences significatives de perception" sont toujours présentes. L'oeil humain comporte trois types de cellules coniques (rouges, vertes et bleues) répondant aux différentes variations de la lumière. Mais les cellules coniques rouges peuvent par exemple varier d'un individu à l'autre, et ainsi changer la perception des couleurs. Avec l'âge, le cristallin de l'oeil humain a tendance à jaunir : "Un peu comme si vous regardiez à travers un filtre jaune, ou une plaque de verre teintée de jaune", commente Fairchild.

Dans les faits, 8% des hommes sont diagnostiqués daltoniens : ils peuvent voir les couleurs mais peinent par exemple à distinguer le rouge du vert. Il peut leur manquer certains types de cellules coniques, et celles-ci peuvent également ne pas fonctionner normalement. "Les gens vivent tranquillement leur existence sans s'en rendre compte, pensant simplement qu'ils perçoivent les couleurs moins bien que leurs proches", précise Fairchild.

"La région de notre oeil et de notre cerveau qui nous permet de voir les couleurs n'est pas assez sensible pour percevoir la lumière (…) pour cela nous utilisons notre système de vision nocturne, et celui-ci ne distingue pas les couleurs", observe quant à lui David Brainard, scientifique à l'Université de Pennsylvanie.  

Les spécialistes se sont longtemps interrogés sur le nombre de couleurs que peut voir l'œil humain. En se basant sur notre capacité à distinguer différentes nuances de couleurs, Brainard avance le chiffre de plusieurs millions !

"S'agit-il de 5 millions ? De 10 millions ? Ou simplement 1 million ? Je ne peux pas répondre. Je dirais peut-être 100 millions (...) ce chiffre n'est certainement pas infini (…) il ne s'agit d'ailleurs pas de la seule question qui demeure sans réponse à propos des couleurs. C'est une question de perception, et le fait de vouloir comprendre les couleurs nous mène à des questions directement philosophiques", assure-t-il.

"Chaque individu fonctionne grâce à un cerveau qui lui est propre et selon son expérience personnelle. Ce qui vous semble jaune peut ainsi me sembler bleu, et ce que je ressens avec les couleurs pourrait être semblable à votre ressenti sonore", conclut-il, avant de dériver vers une discussion trop "philosophique". 

Si les gens apprennent le nom des couleurs dans un langage commun et peuvent en discuter des heures sans penser être en désaccord, ce qui se passe dans leurs cerveaux respectifs peut en effet être très différent.