Jouyet gate : la droite résistera-t-elle à la tentation de le doubler d’un Fillon gate ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Pierre Jouyet.
Jean-Pierre Jouyet.
©Reuters

Hommes à abattre

Deux journalistes du Monde racontent dans le livre "Sarko s'est tuer" que l'ex-Premier ministre a sollicité le bras droit de Hollande pour que l'Elysée accélère les procédures judiciaires visant Sarkozy. François Fillon porte plainte en diffamation.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Une bombe à fragmentation a explosé en fin de semaine dernière avec la publication dans "l’Obs" des bonnes feuilles du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, "Sarko s’est tuer". Cet engin littéraire peut, à terme, provoquer de nombreuses victimes ; il peut aussi faire long faire long feu, mais quel que soit le bilan final, il laissera des traces dans son sillage.

Pour l’heure, "l’accident" a fait un blessé grave en la personne du secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Celui qui a (trop) parlé et dont les propos ont été enregistrés par ses interlocuteurs qui affirment avoir agi avec son autorisation est aujourd’hui accusé de mensonge et est devenu l’homme à abattre pour la Droite. Et pourtant, ce n’était pas lui qui était visé initialement par la bombe mais François Fillon, l’ancien Premier ministre qui serait intervenu auprès de Jean-Pierre Jouyet pour demander que l'exécutif fasse accélérer les procédures judiciaires concernant Nicolas Sarkozy afin d’empêcher son retour sur la scène politique. D’après les propos prêtés à Jean-Pierre Jouyet, François Fillon aurait voulu "qu’on le tape et vite". Après les premiers démentis et dénégations des intéressés, dans le camp sarkozyste des voix se sont élevées pour "taper" Fillon cette fois et les observateurs ont commencé à scruter le calendrier des ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy afin de vérifier si les "demandes" de Fillon avaient été exaucées. Quant à l’ancien Premier ministre, qui se dit victime d’un complot, il s’est vu contraint de téléphoner à Nicolas Sarkozy, lequel reste silencieux pour l’instant.

Mais hier matin, son fidèle Henri Guaino tonnait : "Affaire d’Etat !" sur I-télé-Europe 1. C’est que dans cette ambiance électrique , les auteurs du livre avaient ravivé la polémique en révélant qu’ils sont en possession de l’enregistrement des propos de M.Jouyet. Dès lors, l’affaire qui devait plomber François Fillon est devenue plus qu’embarrassante pour le secrétaire général de l’Elysée, qui est le plus proche conseiller de François Hollande et un de ses meilleurs amis. Difficile pour l’intéressé de continuer de nier ; il a été obligé de rectifier le tir et de reconnaître dans la journée d’hier qu’il avait bel et bien évoqué le fameux déjeuner du 24 juin avec les deux journalistes et qu’il leur a parlé des sujets évoqués avec François Fillon, à savoir Bygmalion ainsi que l’amende infligée à Nicolas Sarkozy (et payée par l’UMP), à la suite du rejet de ses comptes de campagne (François Fillon nie la teneur de cette conversation).

Cet aveu a aussitôt été suivi d’un appel à la démission lancé par  Bruno Le Maire, l’un des candidats à la présidence de l’UMP, au Grand Jury RTL-LCI. Quant à François Fillon, appuyé par le troisième convive du fameux déjeuner, il se montre inflexible et a accusé son ancien ministre (Jean-Pierre Jouyet en l’occurrence), de "mensonge" sur le plateau du 20H de TF1 hier soir. Dans la foulée, il porte plainte en diffamation contre Jean-Pierre Jouyet, rappelant qu’il n’a jamais "été associé à une affaire en trente ans de vie politique" et que "s'immiscer dans la Justice est contraire à mes principes". François Fillon se dit "outré et dégoûté" et précise que "Nicolas Sarkozy n'est pas un ennemi". Les choses en sont là. Sont-elles tenables ?

Pour Jean-Pierre Jouyet, la pression est à son comble. Va-t-il résister à la tempête ? Son départ de l’Elysée handicaperait encore un peu plus François Hollande, car cet homme de gauche modéré, qui a été ministre d’ouverture au nom de ses convictions européennes, est un personnage clef de l’Elysée. En revanche, l’appel à la démission du secrétaire général de l’Elysée met tout le monde d’accord à Droite et évite pour l’instant l’ouverture d’un nouveau front interne entre sarkozystes et fillonistes. Pour l’heure, cette affaire a tout de même provoqué des dégâts dans le camp Fillon. Elle a saboté l’écho que le candidat aux primaires espérait recueillir de ses propositions pour une nouvelle politique de l’immigration, publiées en fin de semaine. La page politique du week-end a elle été occupée par le discours de Nicolas Sarkozy sur la République. Or chacun sait que les relations sont plus que tendues entre l’ancien Président et l’ancien Premier ministre. Mais ils ont partie liée pour empêcher l’ascension d’une nouvelle génération (notamment incarnée par Bruno Le Maire dans la course à la présidence du parti) au sein de l’UMP, voire pour freiner les ambitions d’Alain Juppé qui culmine dans les sondages. Tout cela n’a qu’un temps. L’élection du président de l’UMP a lieu dans trois semaines. Après, les hostilités pourront recommencer. Comme d’habitude !

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