Pourquoi le gouvernement n'a pas le début d'une piste sur les drones qui survolent impunément nos centrales nucléaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis le 5 octobre des drones survolent régulièrement des centrales nucléaires un peu partout en France.
Depuis le 5 octobre des drones survolent régulièrement des centrales nucléaires un peu partout en France.
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A qui la faute ?

Les survols de centrales nucléaires un peu partout en France par des drones sont devenus légion tout au long du mois d'octobre, et rien ne dit qu'ils s'arrêteront. L'identité de leurs pilotes à distance reste une énigme pour les autorités.

Michel Nesterenko

Michel Nesterenko

Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

Spécialiste du cyberterrorisme et de la sécurité aérienne. Après une carrière passée dans plusieurs grandes entreprises du transport aérien, il devient consultant et expert dans le domaine des infrastructures et de la sécurité.

 

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Atlantico : Depuis le 5 octobre des drones survolent régulièrement des centrales nucléaires un peu partout en France.  Dernières en date, celles de Golfech et Penly dans la nuit du jeudi 30 au vendredi 31 octobre. Concrètement, qu’est-il possible de faire avec ces drones, et a-t-on raison de s’en inquiéter ?

Michel Nesterenko : Bien sur qu'il faille s'inquiéter de tout comportement faisant courir un risque aux biens ou aux personnes. De même que si nous voyions un enfant de 7 ans au volant d'une grosse voiture. De quel risque parlon- nous vraiment dans le cas présent ? Le drone est un objet qui le plus souvent ne pèse que quelques kilos, sauf certains drones militaires, ce qui n'est pas le cas ici. Ce drone ne peut emporter que des petites charges d'un kilo ou deux tout au plus, souvent bien moins. Il s'agit ni plus ni moins d'un avion modèle réduit dont il en existe des centaines en France, téléguidés la plupart du temps par de jeunes ados, et achetés dans une grande surface.

Lire également : Vous ne le savez peut-être pas encore mais les drones font d’ores et déjà partie de nos vies et voilà (tout) ce que ça change

Le drone lui même ne fera aucun dommage au Bunker en béton qui protège les installations sensibles de la centrale. Suite aux attentats du 11 septembre 2001 à New York, des études très poussées ont été menées pour évaluer le risque d'un avion s'écrasant sur une centrale nucléaire. Pour avoir un effet perceptible il faudrait un Boeing B747 lourdement modifié pour être rempli de plusieurs tonnes d'explosifs et de carburant et tombant en piqué sur la zone la plus sensible. Nous n'en sommes pas là avec les drones. Le risque d'explosion d'une centrale nucléaire est donc quasi inexistant, n'en déplaise à certains experts qui cherchent à faire peur au peuple; peut-être pour détourner l'attention sur d'autres évènements d'actualité ? Les Centrales nucléaires, ont de multiples systèmes de sécurité industrielle et de sureté redondants des plus efficaces. 

Ces faits se sont répétés à divers endroits en France sur tout le mois d’octobre, ce qui laisse à penser que c’est le résultat d’une action concertée entre personnes éloignées géographiquement. Comment se fait-il que le gouvernement n’ait aucune piste sur ces survols, pas le début d’un indice ?

Le gouvernement français dispose de services de renseignements de la plus grande efficacité, même si la coordination des forces de Police et de Gendarmerie sur le terrain laisse parfois à désirer eu égard aux libertés constitutionnelles du citoyen, comme ce fut le cas pour Mohamed Merah.  Si il n'existe pas d'information relatives aux drones, comme indiqué par le Ministère de l'Intérieur, c'est que vraisemblablement il ne s'agit pas d'une menace terroriste crédible. Les professionnels du terrorisme savent bien, qu'avec un drone, il ne peut pas s'agir d'une menace suivie d'effets crédibles. 

Il peut donc s'agir tout simplement d'un groupe d'ados se coordonnant via les réseaux sociaux. Au départ il ce devait être le jeune voisin d'une centrale qui a trouvé excitant de survoler un lieu interdit avec son petit drone téléguidé. Puis le battage médiatique auquel s'additionne l'incapacité des pouvoirs publics à réagir a transformé le petit jeu en exploit national. C'est Fantastique, "on parle de nous" se disent les jeunes pilotes.D’après la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), il serait formellement interdit de tirer sur tout objet volant à plus d’un mètre du sol, que celui-ci soit manœuvré par un pilote ou non (voir ici). Face à ces drones et à leurs éventuelles améliorations, la loi est-elle devenue obsolète ? Comment la faire évoluer ?

Les Chasseurs en période d'ouverture s'adonnent régulièrement au plaisir de tirer sur des objets volants (tir aux pigeons d'argile) à plus d'un mètre du sol. Et pourtant la Chasse n'est pas interdite. Bien sûr il ne faudrait pas que tous les chasseurs de France et de Navarre se mettent, demain, a tirer sur tous les avions de modélisme et autres drones des ados. 

La solution, simple, immédiate et bon marché, contre les drones est d'habiliter les gardes des centrales nucléaires à abattre, dans le périmètre de la centrale, tout objet volant, sans être humain à bord, avec un fusil ou une carabine de chasse, achetée chez l'armurier du coin. Peut être leur serat-il nécessaire d'obtenir, préalablement, un permis de chasse ? Le petit jeu, si jeux il y à, cessera vite car un avion de modélisme ou drone télécommandé coûte cher pour un ado, qui devra expliquer à son père comment il a perdu son avion. Les experts de la Gendarmerie et de la Police auront alors tout loisir d'analyser les preuves et de trouver les coupables.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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