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François Bayrou, leader du MoDem.
François Bayrou, leader du MoDem.
©Reuters

Quand le centre penche à droite

EXCLUSIF - Alors que les militants de l'UDI votent jusqu'à ce jeudi 16 octobre pour élire leur président, le centre apparaît divisé en deux, selon un sondage Ifop pour Atlantico. D'un côté l'UDI, dont les sympathisants entendent rester au centre-droit et participer à une primaire avec l'UMP pour désigner le candidat à la prochaine présidentielle, et de l'autre le MoDem, partisan d'une indépendance totale.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Alors que 15 % des Français estimaient se situer au centre en septembre 2010, ils ne sont plus que 12 % quatre ans après. Comment analyser cette tendance à la baisse ? Pourquoi les Français se détournent progressivement du centre ?

Jérôme Fourquet : On est aux alentours de 15 % sur la période comprise entre septembre 2006 et septembre 2010, c’est-à-dire de la pré-présidentielle avec la dynamique de François Bayrou et le début quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le premier décrochage intervient en octobre 2012. Si on est actuellement à 12 % il y a encore toutefois un espace politique. Pour l’expliquer il y a d’une part les vicissitudes, les difficultés et les différentes évolutions concernant la trajectoire de François Bayrou qui est moins audible, mais aussi le fait que Jean-Louis Borloo soit pour l’instant hors course. Le centre n’apparaît plus comme étant un courant incarné par une personnalité. On voit que la bataille pour la présidence de l’UDI ne passionne pas les foules et les leaders sont assez peu visibles. Autrement dit, c’est donc à la fois lié à la question du leadership mais aussi aux discours portés par les dirigeants. En 2007 François Bayrou est le premier à parler de la dette puis en 2012 il parle en premier du made in France. Le centre se fait alors entendre et porte des différences. Aujourd’hui on a le sentiment que le centre est atone. O l’a vu aux dernières européennes : alors que ce scrutin est traditionnellement plutôt faste pour les centristes, ces derniers ont eu cette fois du mal à organiser le débat et faire des propositions.

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Si 36 % des sympathisants UDI s’estiment à droite, seulement 8 % des sympathisants MoDem disent la même chose. En quoi peut-on dire qu’il y a des différences notables entre les deux partis centristes qui ont pourtant présenté des listes communes lors des dernières européennes ? Alors que 86 % des sympathisants du MoDem se disent au centre mais seulement 58 % des sympathisants UDI en quoi peut-on aussi dire qu’ils ont une conception différente de ce qu’est le centre ?

Le centre est en mal de leader identifié mais aussi d’une structure qui permettrait de rassembler les centristes. Depuis l’explosion de l’UDF et la création de l’UMP mais aussi en raison du parcours de François Bayrou il est difficile de se repérer. Il existe donc deux formations et deux familles politiques qui ont des électorats différents.  Même s’ils font liste commune lors des européennes et que les deux électorats partagent le même avis sur l’Europe il y a pourtant des différences claires. A l’UDI il y a autant de centristes qu’au MoDem mais le centre de gravité de l’UDI est clairement le centre-droit.

Comment expliquer que le centre compte globalement moins d’actifs que les personnes votant à gauche et à droite ?

Il faut bien faire la distinction entre l’électorat du MoDem et celui de l’UDI. Sociologiquement parlement les gens qui se placent au centre sont assez peu typés car cela agrège des gens du MoDem plus actifs et ceux de l’UDI plus inactifs et plus retraités. Au final cela donne un profil dans la moyenne. La ligne de frontière est donc nette en termes générationnel et en termes de positionnement sur l’échelle gauche-droite : l’électorat MoDem est plus jeune et plus au centre tandis que celui de l’UDI est plus âgé et plus à droite. Ce sont les deux visages du centre.

Si 7 % des personnes habitant dans le Nord-Est de la France disent être au centre, 15 % résidant en revanche dans le Sud-Est déclarent l’être. Comment expliquer ces disparités locales importantes que l’on retrouve seulement à droite ?

Les disparités régionales sont en effet assez marquées. Au Nord-Est on est sur des zones où les élus locaux centristes sont peu présents et ce n’est pas une terre d’élection centriste. Dans le Sud Est on retrouve une partie du centre-droit qui correspond à l’ancien Parti républicain, la droite non gaulliste, qui était historiquement implanté notamment en PACA.  Ce sont des électeurs qui votent donc plus UDI que MoDem.

Autre enseignement intéressant de ce sondage, seulement 40 % des sympathisants de l’UDI estiment que le parti devrait présenter son propre candidat à l’élection présidentielle de 2017, contre 66 % pour le MoDem et 57 % pour le FN. De la même manière, 60 % des sympathisants UDI estiment que leur parti devrait participer à une primaire pour désigner un candidat commun avec l’UMP. En quoi peut-on dire que les sympathisants de l’UDI ne croient finalement pas aux chances présidentielles de leurs responsables et sont prêts à se rallier à la bannière UMP ?

D’abord rappelons qu’une majorité de Français souhaitent que l’UDI soit autonome. Les gens du MoDem sont cohérents : ils se placent au centre et veulent un candidat autonome. Du côté de l’UDI les sympathisants disent qu’il faudrait que le parti participe à une primaire avec l’UMP. Ils sont donc différents de ceux du MoDem car majoritairement ils se sentent dans une configuration d’alliance dans la tradition historique de centre-droit. En 2011 Jean-Louis Borloo avait choisi de rallier Nicolas Sarkozy. Cela s’explique à la fois par tradition et par réalisme politique mais aussi par le fait qu’une majorité de ses électeurs se sentent de droite. Il y a donc le fait qu’il n’y ait pas de candidat qui émerge mais aussi la menace frontiste qui pèse aujourd’hui et pèsera encore plus demain. Les sympathisants UDI jouent sur ce fait et disent que si leur parti présente un candidat celui de droite sera affaibli et tout sera alors possible avec le FN.

Les sympathisants UDI ont des positions différentes de celles défendues par les quatre candidats à la présidence du parti car ils sont d’emblée dans une perspective d’alliance avec l’UMP à la présidentielle d’où un décalage. Il est toutefois impossible pour les dirigeants de l’UDI qui se présentent à cette élection de dire qu’ils vont s’allie ou fusionner. Dernier facteur, la perspective que le candidat incontournable de la droite ne soit pas forcément Nicolas Sarkozy. En effet si jamais c’est Alain Juppé le maire de Bordeaux est compatible avec le centre-droit et c’est peut-être ce que l’électorat UDI appelle de ses vœux.

Qui sont ces Français qui se déclarent "ni à gauche ni à droite" et où se situent-ils alors qu’ils sont biens plus nombreux à se classer dans cette catégorie ?

Il peut avoir dans cette catégorie des gens qui sont peu politisés et qui refusent de choisir et on peut aussi avoir les ninistes c’est-à-dire ni à droite ni à gauche qui sont très représentés dans l’électorat du FN. Le FN compte un quart de gens de gens qui se disent à droite, 42 % très à droite et 28 % ni à gauche ni à droite. Ce sont des gens qui sont en rupture.  On peut globalement analyser cette catégorie comme un signe de dépolitisation ou comme un signal négatif à l’égard de la politique. Soit ils rejettent le système, soit comme certains écolos ils estiment que les enjeux sont ailleurs.

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