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Plan de rigueur : 
la stratégie Sarkozy
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Dans les coulisses de l'Assemblée

Alors que l'Assemblée nationale discute du plan de rigueur, Nicolas Sarkozy a profité d'un déjeuner pour expliquer aux parlementaires sa vision politique de sortie de crise.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ah ! L’ivresse des sommets ! Quel délice de pouvoir commenter les tourments et les déchirements de ce bas monde depuis les cimes de la fonction présidentielle ! Mercredi, le temps d’un déjeuner à l’Élysée, Nicolas Sarkozy a entrainé les députés UMP vers les hauteurs, les arrachant un bref moment du chaudron où ils étaient en train de se débattre à l’Assemblée, entre adoption de nouvelles taxes, hausses de TVA et autres suppressions d’avantages fiscaux imposées par le plan de rigueur, pardon la Loi de Finances rectificative. Parce que la rigueur, leur a une nouvelle fois rappelé le Chef de l’État c’est tout autre chose : la rigueur passe par une baisse des salaires de fonctionnaires et la réduction du montant des retraites. La vraie rigueur provoquerait une récession. « On ne parle pas de rigueur » a asséné le Chef de l’État qui couve le triple A de la France comme on prend soin d’un objet précieux fragile et ne veut pas accroitre la méfiance des marchés.

La préservation de ce triple A passe-t-elle obligatoirement par l’inscription de la Règle d’Or dans la Constitution ? Ce serait mieux mais ce n’est pas un dogme, a concédé le Chef de l’État qui se donne jusqu’à fin septembre pour décider s’il va ou non convoquer le Congrès à Versailles pour constitutionnaliser la limitation des déficits publics. A l’heure qu’il est, il ne croit plus guère à un consensus droite-gauche, mais il fait encore semblant. Comme il a chargé François Fillon de mener des consultations pour sonder les récalcitrants, il sera bien temps à l’issue de ces rencontres de tirer les conclusions de ces échanges.

D’ici là, la majorité continuera de pointer l’irresponsabilité de la gauche qui ne veut pas faire ce cadeau à Nicolas Sarkozy qui pourrait s’enorgueillir de sa victoire, avant la présidentielle. Toutefois l’exercice a ses limites, car on ne peut pas à la fois assurer que la France est l’un des pays les plus sûrs sur le plan financier et brandir le chiffon rouge de la mauvaise note !

Avec ou sans règle d’or, il y a l’impératif de la réduction des déficits publics (pas plus de 5,7% en 2011 !), et sur ce point il se montrera intraitable. Les moyens d’y parvenir ? Après s’être brûlé les doigts avec la polémique sur la TVA des parcs à thème, Nicolas Sarkozy a préféré ne pas entrer dans les détails : il a évité de revenir sur les sujets qui ont enflammé la majorité et l’hémicycle du Palais Bourbon, à savoir l’amendement sur la suppression de l’ubuesque bénéfice mondial consolidé (BMC), qui privera quelques grands groupes, dont Vivendi de substantielles économies d’impôts (mesure adoptée en dépit de la réticence du gouvernement ), ou encore la taxation de l’hôtellerie de luxe qui fait déjà hurler la profession. « L’hôtellerie ou autre chose», il faut atteindre l’objectif.

Et Nicolas Sarkozy a aussi le sien, se faire réélire l’an prochain. « Une élection, c’est difficile, c’est un miracle entre la réflexion et le désir (des électeurs…) ; une réélection c’est aussi difficile car elle ne se joue pas sur les mêmes désirs, les mêmes stratégies… le moment venu, celui qui sera candidat doit, pour passer présenter quelques projets en nombre limité, mais extrêmement significatifs », a-t-il théorisé. Et la crise économique nourrit la réflexion de celui qui préside cette année le G20 (dont le sommet se tiendra à Cannes en novembre prochain). Il a réservé la primeur de quelques propositions qu’il mettra sur la table : la refondation du capitalisme, l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, une réforme du FMI. Dans l’assistance certains élus y ont aussi décelé une ébauche des thèmes de sa future campagne électorale. Ce discours spectral a ravi une partie de l’assistance ; les yeux brillants, certains ont loué la hauteur de vue de Nicolas Sarkozy et souligné «la différence de pointure» avec François Hollande dont le discours n’a pas enflammé les bancs de l’Assemblée. D’autres, plus terre à terre ont fait observer que «l’on élit un président de la République, pas un Ministre des Affaires Etrangères».

L’histoire ne dit pas si c’est pour mieux méditer le propos présidentiel que les députés ont soudain accéléré le rythme des débats ; mais toujours est-il que Christian Jacob, le président du groupe UMP a réuni ses troupes pendant quelques minutes après les questions d’actualité pour leur faire passer le message suivant : « On accélère et on vote » ! Il n’y a pas eu la moindre contestation. Alors que les débats auraient pu s’éterniser jusqu’à une heure avancée de la nuit, le plan d’aide à la Grèce et la première partie du plan de rigueur ont été adoptés en moins de deux heures. De toute façon la crise n’est pas finie et il y aura d’autres plans, donc d’autres débats…

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