L'électricité trop bon marché pour les Français ? Quand EDF oublie qu'ils ne la paient pas uniquement via leur facture<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français paient leur électricité trop peu chère au goût d'EDF.
Les Français paient leur électricité trop peu chère au goût d'EDF.
©Reuters

Sous tension

Le prix de l'électricité ne cesse d'augmenter : coût des infrastructures, de la distribution et autres investissements... et les Français paient la note. Pourtant l'ancien PDG d'EDF Pierre Gadonneix estime dans une interview accordée au Journal du dimanche que "l'électricité a trop baissé pendant quinze ans".

Nicolas Mouchnino

Nicolas Mouchnino

Chargé de mission UFC-Que Choisir - Expertise dans le domaine de l'énergie et de l'environnement.
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Atlantico : Les Français paient leur électricité trop peu chère au goût d'EDF qui déplore un manque de fonds pour financer la modernisation des infrastructures. Les montants supportés par les Français pour leur électricité se résument-ils à ce dont ils s'acquittent quand ils paient leur facture ? Qui a financé le développement des infrastructures d'EDF ?

Nicolas Mouchnino: Il faut compter les investissements sur la sécurité et le renouvellement, une cure de jouvence des centrales, nucléaires et plus classiques, ainsi que les investissements sur les réseaux. En effet on a constaté une baisse de qualité ces dernières années. Les investissements concernent aussi les énergies renouvelables. Ces trois faisceaux font monter le prix de l'électricité : cure de jouvence des transports et des réseaux de distribution.

Pour l'essentiel l'investissement a été effectué par les consommateurs. Ce sont les contribuables, et la loi est très claire à ce sujet, qui sont censés couvrir les coûts du producteur d'électricité. Concernant le nucléaire, l'essentiel des investissements ont été financés par le consommateur via l'endettement d'EDF.

A quelle hauteur la France s'est-elle endettée pour ses infrastructures électriques ? Cette dette est-elle couverte à ce jour ?

Il faudrait additionner les investissements sur les modes de production et les réseaux. Le parc nucléaire est quasiment amorti aujourd'hui. C'est là tout le débat. Dans le tarif d'électricité, une partie est consacrée à l'accès à l'énergie nucléaire. Ce tarif est fixé par l'Etat, et permet de financer le parc nucléaire historique. Il n'est pas supposé financer les nouvelles centrales nucléaires censées arriver sur le marché, comme le nouvel EPR en cours de construction par exemple.

Comparer le prix de l'électricité en France à nos voisins européens a-t-il un sens ? Ce que les Français ont payé est-il vraiment en deçà de ce que payent leurs voisins européens ?

Pour UFC que choisir, ça n'a pas de sens. Aujourd'hui, on n'a pas le même outil de production que nos voisins européens. Sur l'électricité on estime qu'aujourd'hui au regard des moyens de production, la possibilité de concurrence est inexistante et on le constate depuis l'ouverture du marché. Au lieu d'avoir une baisse des prix du marché, on subit une augmentation régulière. Finalement, on se retrouve dans des situations où chaque Etat a mené sa politique comme bon lui semblait et l'ouverture à la concurrence fait qu'on a une tendance à l'harmonisation vers le haut pour les consommateurs français.

Le prix devrait évoluer, des investissements sont faits pour mener à bien les réparations classiques de maintenance et faire face aux problématiques de sécurité soulevés par l'évolution de la réglemenattion. Le tarif de l'Accès régulé à l'électricité nuclaire historique (ARENH) va devoir évoluer car un certain nombre d'investissements sont essentiels.

L'ARENH prend en compte le nucléaire, le coût de l'approvisionnement complémentaire, les coûts de transports et de production de l'électricité et les coûts de commercialisation. On constate un manque de transparence sur la question de fixation des tarifs d'électricité, sur les données qu'on prend en compte pour établir ces tarifs. De plus, rien n'encadre l'évolution des coûts d'EDF. UFC souhaite qu'on fixe une tendance à l'évolution des tarifs. Le dernier rapport de la Cour des comptes a montré que certaines rémunérations ont évolué plus rapidement que la moyenne des salariés français. Chaque année quand on fixe les tarifs réglementés, on fait un chèque en blanc à EDF. Toute la difficulté est de dire si l'évolution de ces coûts est justifiée. Il existe un outil que l'Etat n'a pas utilisé depuis 2008, qui est le contrat de service public entre l'Etat et EDF. celui-ci fixe l'évolution des coûts et permet de donner un objectif. C'est cela que regrette UFC. Un nouveau décret va sortir avec une nouvelle formule sans ce contrat de service public qui permet de lisser dans le temps les évolutions tarifaires.

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