Michèle Alliot-Marie : "La glissade totalitaire de la gauche est entamée"<!-- --> | Atlantico.fr
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Michèle Alliot-Marie
Michèle Alliot-Marie
©Reuters

Bonnes feuilles

Après avoir détenu tous les pouvoirs, la gauche vient d'être sanctionnée en prenant un sérieux revers électoral aux municipales et aux européennes. Dans ce livre polémique, Michèle Alliot-Marie fait éclater la vérité sur la tentation totalitaire de la gauche. Extrait de "La tentation totalitaire de la gauche", publié chez Plon (2/2).

Michèle  Alliot-Marie

Michèle Alliot-Marie

Membre des gouvernements Jacques Chirac puis Édouard Balladur, elle a consécutivement la charge de quatre ministères : la Défense, l'Intérieur, la Justice et les Affaires étrangères de 2002 à 2011.

Elle est tête de liste pour la circonscription Sud-Ouest pour les élections européennes de 2014.

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La grogne qui monte

François Hollande voulait « réenchanter le rêve français », mais les Français ne rêvent plus. Ils en veulent à celui qui leur a promis la lune. Le candidat Hollande a fait rêver les Français, le président Hollande leur fait vivre un cauchemar.

Nos concitoyens s’exaspèrent d’une situation où dogmatisme, ignorance des réalités d’un monde en pleine mutation et incapacité de décider placent leur pays dans une voie qui, jour après jour, se révèle une impasse. Ils enragent de voir l’incompétence, l’amateurisme le disputer aux querelles d’ambitions et aux déclarations contradictoires.

Cette prise de conscience se traduit dans les études d’opinions, dans les sondages et, plus concrètement, dans les résultats des élections locales et des législatives partielles. Tous traduisent désappointement, désillusion.

La réalité ne se laisse pas facilement enfermer, même par les vendeurs d’illusions. Les chiffres ne sont pas tous manipulables.

Des voix extérieures et autorisées élèvent de plus en plus haut les mises en garde. La grogne s’exprime. Le cercle des mécontents se rapproche du coeur de la toile. L’inquiétude gagne.

La montée des inquiétudes à gauche

Elle gagne d’abord les ministres et leur entourage. Depuis des mois, la majorité parlementaire s’inquiète. Les conseillers dans les cabinets, dont le sort professionnel est lié à celui du gouvernement, prennent leurs distances, sinon à l’égard de leur patron, du moins envers les autres ministres qu’ils rendent responsables de la situation. Le « c’est pas moi c’est l’autre » devient une règle de gouvernance.

La fermeté et l’optimisme de façade s’effritent de plus en plus facilement dans les dîners en ville, et même à l’égard de la presse, à condition que ce soit « en off », bien entendu.

Cette inquiétude gagne, au-delà des allées du pouvoir, ceux qui partagent l’adhésion à la mouvance socialiste. La déception est chez eux bien présente, même si l’idéologie, le dogmatisme et l’esprit de revanche l’emportent encore bien souvent.

S’ils s’affichent toujours socialistes, certains n’hésitent plus à manifester le regret d’avoir choisi François Hollande lors des primaires de 2011. Ils l’expriment entre eux mais désormais aussi devant des témoins extérieurs. Invitée travaillent dans la communication où les socialistes sont bien implantés, j’ai été frappée d’entendre plusieurs d’entre eux, discutant en ma présence, déclarer : « On a eu tort de voter pour lui à la primaire. »

De plus en plus, députés, sénateurs et ministres mais aussi maires, élus locaux, hauts fonctionnaires nommés à des postes enviables, et également adhérents et sympathisants du PS s’interrogent, et parfois à voix haute : « Comment empêcher la débâcle aux prochaines élections générales ? Comment conserver le pouvoir si difficilement acquis ? Quels barrages mettre en place pour nous éviter d’être balayés ? »

Ces questions hantent les allées du pouvoir, mais pas seulement elles.

C’est l’ensemble de la gauche, si régulièrement frustrée du pouvoir et de son aura, qui se les pose.

Le changement de Premier ministre n’a pas, contrairement à l’attente de l’Elysée, changé la donne, bien au contraire. La gauche du parti ne se reconnaît pas dans le positionnement affiché par Manuel Valls. Nombre de députés craignent que leur électorat ne se sente trahi idéologiquement, sans pour autant espérer que le vote de droite se retourne en leur faveur.

Cette crainte est largement partagée par les conseillers ministériels. L’affirmation présidentielle, relayée dans le discours de politique générale, que la politique menée sera poursuiviemalgré le désaveu des municipales puis des européennes ne rassure ni à droite ni à gauche.

Le casting gouvernemental, entre reconduction des sortants dans les principaux ministères et « ratatouille sans saveur et sans odeur » des nouveaux secrétaires d’Etat, pour reprendre l’expression d’un membre de cabinet ministériel (cité par Le Parisien, 10 avril 2014), renforce les inquiétudes de la gauche.

Elles débouchent sur une interrogation majeure, même si celle-ci n’est pas exprimée aussi clairement : « Comment empêcher l’opposition de revenir aux postes de décision, comment utiliser les moyens dont nous disposons aujourd’hui pour garder le pouvoir ? »

Derrière les discours émollients du chef de l’Etat, essayant de désamorcer les critiques les plus violentes, la réalité quotidienne est celle du durcissement des bases idéologiques et du verrouillage. Il faut garder à tout prix la maîtrise de la machine de l’Etat. Il faut minimiser l’expression publique de la contestation. Il faut enrayer la marche, semble-t-il inexorable, vers la défaite électorale, même si l’on doit pour cela oublier les règles de la démocratie.

Là pointe la tentation totalitaire de la gauche. Et ce n’est pas la première fois, ni en France ni à l’étranger.

La tentation totalitaire

Le pourquoi est facile à cerner. Tout pouvoir a l’envie de durer : c’est vrai pour la gauche comme pour la droite. Et ce n’est pas uniquement, comme le prétendent les dénigreurs de la vie politique, pour jouir des avantages matériels qui y sont liés.

Je veux bien croire, même si je ne partage pas leurs orientations, à la sincérité de ceux qui s’estiment les meilleurs pour régler les problèmes du pays, améliorer la situation des citoyens, faire avancer le progrès et la paix. Ceux-là existent dans tous les camps. Conviction et mégalomanie sont également présentes, et peut-être nécessaires, chez tout homme et toute femme qui s’engagent dans le dur métier politique...

Le problème réside dans le comment.

Le gouvernement et sa majorité de gauche ne peuvent accepter l’idée de l’échec, et encore moins ses conséquences. Ils nient l’importance, et même l’existence d’une contestation. Il faut camoufler ce qui signerait les renoncements, erreurs, mensonges.

Faute de certitude sur les résultats de la politique menée, et encore plus sur les délais nécessaires à l’obtention des améliorations promises, la tentation est grande de verrouiller le système décisionnel, d’empêcher l’expression des doutes, des critiques, des oppositions, des remises enquestion. C’est le temps du déni. C’est le temps du verrouillage. Tout ce que la nébuleuse socialiste compte de politiques, artistes, journalistes, magistrats se ligue pour justifier l’injustifiable, pour démentir l’échec incontestable, pour empêcher que le doute pénètre l’esprit des électeurs.

Chacun se replie sur le dogme, y puise le bien-fondé de son engagement et de sa place actuelle. Et où il y a dogme, il y a, à l’égard de toute contestation, l’accusation d’hérésie, l’anathème, la volonté d’élimination de celui qui pense différemment.

L’opposant devient ennemi, le passé doit être balayé, le retour en arrière empêché. La marche de la revanche vers la glissade totalitaire est entamée.

Pour sécuriser l’avenir et tenter de rester au pouvoir, les socialistes s’attaquent aux institutions, au découpage électoral, aux modalités d’élections sous prétexte de parité, d’équilibre, de justice, tout en légiférant dans le seul objectif de rendre la victoire électorale de la droite plus difficile... voire matériellement impossible, s’ils le peuvent !

Il n’y a jamais eu autant de réformes en même temps dans ces domaines, et encore moins dans un tel silence de plomb complice de la part d’une presse qui se serait révoltée si la droite en avait fait ne serait-ce que la moitié.

Pourtant, aux yeux des socialistes et de leurs alliés, tout avait si bien commencé...

Extrait de "La tentation totalitaire de la gauche", de Michèle Alliot-Marie, publié chez Plon, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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