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Les universités d'été ? Ringardes !
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Politique

Après l'université d'été du PS achevée hier, place à celle de l'UMP ce vendredi. Mais à l'heure de Facebook ou Twitter, ces rituels politiques pourraient bien être dépassés...

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Quand les premières universités virent le jour, il y a quarantaine années, elles étaient alors réservées aux jeunes et ressemblaient à de jolies colonies de vacances. Elles offraient la possibilité aux adhérents de moins de moins de trente ans de se réunir pendant deux ou trois jours, faire la fête sans pour autant que leurs parents s’en offusquent. Elles étaient aussi une récompense pour les militants qui, durant l’année, collaient des affiches ou distribuaient des tracts. Ils avaient la possibilité de voir et d’entendre les élus nationaux à une époque où les moyens de communication étaient bien plus rares qu’aujourd’hui.

Au fil des années, la spontanéité des mouvements de jeune a cédé la place au professionnalisme des agences de communication. Les universités d’été attirent de moins en moins les jeunes car il y en a de moins en moins, pour des raisons purement démographiques mais aussi car la politique les rebute fortement. Heureusement, les anciens jeunes, par habitude et pour tenter de se prouver que les années n’ont pas prise sur eux, continuent à s’y rendre. Il y a bien souvent plus de journalistes, de techniciens, de collaborateurs d’élus que de militants dans les universités d’été.

A quoi sert une Université d'été ?

A quoi servent donc ces réunions ? Nul ne le sait réellement. Les élus s’y montrent sous leur meilleur angle, la peau brunie par le soleil d’été, l’allure faussement décontractée. Ils rodent leurs arguments de campagne, distillent les petites phrases, multiplient le « off » et tentent de créer de la connivence avec les journalistes afin d’améliorer leur taux de passage dans les grandes émissions télé et radio ou dans la presse. Ragots, rumeurs, images fabriquées et factices, tel est le quotidien de ces évènements. 

Les débats de fonds n’ont aucune importance ; ce qui compte ce sont les cinq secondes aux 20 heures. Certes, toute université a son programme, ses thèmes incontournables sur la fraternité, l’équité, le développement de la culture, la fiscalité… mais tout ceci n’est que de l’habillage. De toute façon, les élus, leurs collaborateurs et les anciens militants passent plus de temps au bar ou à la buvette que dans les salles de réunion.


Quand Twitter et Facebook ringardisent les universités...

Dans les faits, les universités d’été qui se sont muées en barnum politico-médiatique moulinent à vide. La formule est usée, voire éculée. Avec Internet, avec les réseaux sociaux, avec Twitter, la politique ne connait plus de trêve. Il n’y plus besoin de mettre une tribune sur un pré ou à proximité de la mer pour faire parler de soi et être considéré pendant quelques minutes comme jeune. Certes, la politique, c’est avant l’art du geste ; elle suppose des lieux de communion, des rendez-vous fixes mais quand ces réunions se transforment en terrains de combats de coqs, la question de leur rendement médiatique se pose avec acuité.

Pour approcher la réalité, pour toucher le plus grand nombre, pour lancer un message politique, les partis politiques doivent se réinventer et sans nul doute refonder le concept des universités d’été. Elles doivent retrouver leur véritable vocation, informer, former les futurs responsables politiques et non servir de marche pied à leurs aînés qui ont bien d’autres moyens pour prouver qu’ils sont « in ».

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