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La Rochelle : les candidats socialistes 
sous la surveillance des militants
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Petit week end entre amis

40 jours avant la tenue des primaires devant désigner le candidat socialiste à la présidentielle et un défi pour les postulants : se démarquer sans générer de conflits qui obèreraient les chances de victoire. Les militants veulent gagner en 2012 !

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour les socialistes le pari était risqué mais dans l’impossibilité de faire l’impasse sur l’Université d’été de la Rochelle, ils devaient à tout prix éviter que ce rendez-vous incontournable de fin d’été ne devienne un champ d’affrontements et de divisions à un mois et demi de la désignation du candidat PS à la présidentielle. 

Après d’innombrables réunions, palabres et conciliabules, il avait été décidé qu’il n’y aurait pas de débats entre les candidats au cours de ces trois journées. Ce qui n’a pas empêché les rivalités de s’exacerber en coulisses. Pourtant, une photo de famille finale (à laquelle était venu se joindre le radical de gauche Jean-Michel Baylet), a conclu ce rendez-vous, tel un couvercle posé sur une marmite qui commence à bouillir.

Chacun pour soi... mais sans pugilat

Désormais, c’est chacun pour soi mais... Mais dans le respect des convenances car militants présents à la Rochelle ont aussi fait passer leur message : ils veulent une victoire de la Gauche en 2012. Les candidats se rencontreront et se confronteront donc à l'occasion des débats télévisés laborieusement organisés.

Ce week-end, les cinq protagonistes ont mis à profit ce moment pour pousser leur avantage. Distancés dans les sondages, Manuel Valls et Arnaud Montebourg ont eu chacun « leur » table ronde et ont pu mettre ainsi en avant leur différence pour remédier à la crise. Un exercice délicat car on ne manque pas de leur faire remarquer qu’ils ont approuvé le Projet. Le député-maire d’Evry, un temps tenté par la Règle d’Or de Nicolas Sarkozy, insiste sur la nécessité de réduire les déficits publics (pas un sou de dépense supplémentaire martèle-t-il); quant à Arnaud Montebourg, il se fait le chantre de la dé-mondialisation, thème cher au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon

Ségolène Royal, déjà présidente de la République !

Ségolène Royal, très à l’aise dans cette ville qui est un peu son fief, a choisi d’ignorer les sondages. Un peu comme Jacques Chirac que tout le monde donnait perdant en 1995. Forte de son expérience de candidate de la « fois d’avant », elle a affiché une incroyable détermination et montré, devant un public acquis, qu’elle n’est pas « larguée » comme le prétendent avec insistance les sondages. Il fallait l’entendre se projeter dans l’avenir et déclarer à la tribune : « Quand je serai présidente de la République », comme si c’était une évidence ! Si les études d’opinion qui se suivent et se ressemblent depuis quelques semaines devaient s’avérer exactes, elle pèsera de toutes façons pour le deuxième tour de la primaire et c’était peut être aussi le but de sa démonstration de force.

Mais pour l’heure c’est François Hollande qui caracole en tête des sondages et l’homme qui a dirigé le PS de 1997 à 2008, connait par cœur le Parti et ses militants. Engagé dans la course depuis deux ans -pas toujours avec la détermination d’aller jusqu’au bout- il est devenu leader potentiel après "l’empêchement" de DSK. Ce spécialiste des campagnes électorales sait qu’à un moment il faut accélérer le tempo. C’est ce qu’il fait actuellement, non sans avoir commis quelques erreurs stratégiques - notamment en se qualifiant de candidat "normal". Avec une certaine lenteur, voire quelques hésitations, il se glisse dans la peau du « présidentiable ». Et c’est ce qui préoccupe Martine Aubry. L’ex-Première Secrétaire n’est entrée en lice qu’à la fin du mois de juin. Elle accuse dix points de retard sur son rival et pour l’heure, elle peine à combler son retard. Ce n’est rien de dire que ces deux là ne s’aiment pas : la maire de Lille reproche au président du Conseil général de la Corrèze d’avoir laissé un parti en piteux état en 2008. Mais sur le fond, ils ne sont pas très éloignés et prônent sensiblement les mêmes recettes pour combattre la crise, à commencer par un gouvernement économique européen, la taxation des plus riches, la suppression des niches fiscales inutiles, des mesures pour favoriser l’emploi à travers la formation et les investissements d’avenir. Recueillera-t-elle pour autant les fruits de l’énergie qu’elle a dépensée à la tête du PS en se posant en « Merkel de Gauche »? La question reste pour l’instant sans réponse. 

Tout va dépendre de sa campagne interne. Et on ne répètera jamais assez pour les « profanes » que tous les électeurs peuvent voter à condition de signer un engagement en faveur « des valeurs de gauche » et de verser la modique somme d'un euro. Quelle sera la taille du corps électoral qui, le 9 et le 16 octobre désignera celui qui affrontera Nicolas Sarkozy au printemps prochain ? Les observateurs tablent sur un million de votants. L’exercice est inédit. Difficile pour les électeurs qui se déplaceront de choisir entre des personnalités qui revendiquent un même projet, même s’ils cherchent à s’en démarquer sur certains points. Jean-Christophe Cambadélis a déclaré que ce ne seront pas des primaires de «chochotte». Mais les candidats à l’investiture qui ont le spectre de la défaite au dessus de leurs têtes, savent que le pugilat est proscrit car le moindre écart sera relevé et exploité par la Droite. A la Rochelle, on leur a indiqué ce qu’il ne faut pas faire... Mais pas comment faire !

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